Juil 5

Saint Vincent Ferrier, modèle pour temps de crise (P. Calmel)

En 1973, pour fortifier les fidèles catholiques face aux multiples scandales que leur inflige le pape Paul VI, le père Calmel évoque « ce frère prêcheur qui est, sans doute, de tous les saints, celui qui a travaillé le plus directement pour la papauté […] Vincent Ferrier » [1] .

Ange du jugement, légat a latere Christi, faisant déposer un pape après avoir usé à son égard d’une infinie patience, Vincent Ferrier est aussi et du même mouvement, le missionnaire intrépide et plein de bénignité, débordant de prodiges et de miracles, qui annoncent l’Évangile à l’immense foule du peuple chrétien. Il porte dans son cœur d’apôtre non seulement le pontife suprême, si énigmatique, si obstiné, si dur, mais encore tout l’ensemble du troupeau du Christ, la multitude de ce menu peuple désemparé, la turba magna ex omnibus tribubus et populis et linguis [2].

Vincent a compris que le souci majeur du vicaire du Christ n’est pas, et de loin s’en faut, de servir loyalement la sainte Église. Le pape fait passer avant tout la satisfaction de son obscure volonté de puissance. Mais si, au moins parmi les fidèles, le sens de la vie dans l’Église pouvait être réveillé, le souci de vivre en conformité avec les dogmes et les sacrements reçus de la tradition apostolique, si un souffle pur et véhément de conversion et de prière déferlait enfin sur cette chrétienté languissante et désolée, alors sans doute pourrait enfin venir un vicaire du Christ qui serait vraiment humble, aurait une conscience chrétienne de sa charge suréminente, se préoccuperait de la remplir au mieux dans l’esprit du Souverain Prêtre. Si le peuple chrétien retrouve une vie en accord avec la tradition apostolique, alors il deviendra impossible au vicaire de Jésus-Christ, quand il s’agira de maintenir et défendre cette tradition, de tomber dans certains égarements trop profonds, de se laisser aller à certaines complicités avec le mensonge. Il deviendra nécessaire que, sans tarder, un bon pape et peut-être un saint pape succède au pape mauvais ou égaré. […]

Plus nous avons besoin d’un saint pape, plus nous devons commencer par mettre notre vie, avec la grâce de Dieu et en tenant la tradition, dans le sillage des saints. Alors le Seigneur Jésus finira par accorder au troupeau le berger visible dont il se sera efforcé de se rendre digne. À l’insuffisance ou à la défection du chef n’ajoutons pas notre négligence particulière. Que la tradition apostolique soit au moins vivante au cœur des fidèles même si, pour le moment, elle est languissante dans le cœur et les décisions de celui qui est responsable au niveau de l’Église. Alors certainement le Seigneur nous fera miséricorde.

Encore faut-il pour cela que notre vie intérieure se réfère non au pape mais à Jésus-Christ. Notre vie intérieure qui inclut évidemment les vérités de la révélation au sujet du pape doit se référer purement au souverain prêtre, à notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ, pour arriver à surmonter les scandales qui viennent à l’Église par le pape. Telle est la leçon immortelle de saint Vincent Ferrier au temps apocalyptique de l’une des défaillances majeures du pontife romain.

[1]  — Roger-Thomas Calmel o.p., « De l’Église et du pape en tous les temps et en notre temps », dans Itinéraires n°173 (mai 1973), p. 22-41. Texte reproduit dans Le Sel de la terre 12 bis (numéro spécial sur le père Calmel), p. 179-181.

[2]  — La foule immense de toutes tribus, peuples et langues (Ap 5, 9).

Pour mieux connaître saint Vincent Ferrier :

— Le plus bref : Vie de saint Vincent Ferrier, en 4 pages
— Le plus complet : Vie de saint Vincent Ferrier par le père Fages (Chiré)
— Le plus populaire : Saint Vincent Ferrier par Henri Ghéon (DMM)
— Pour adolescents : Saint Vincent Ferrier, le prédicateur des temps derniers, par Véronique Duchâteau (Téqui)

De saint Vincent Ferrier :
— Traité de la vie spirituelle (DMM)
— Traité pour désaveugler les Juifs (Éditions du Sel)