Martyrs de l’Ordre dominicain
Martyrs de l’Ordre dominicain
MESSE : lntret
Oraison : « Dieu, qui avez daigné féconder votre Église par le sang des bienheureux martyrs Jérôme, Valentin, François, Hyacinthe et leurs Compagnons, accordez avec bonté que nous soyons secourus par les prières et les mérites de ceux dont nous célébrons le triomphe ».
Ces glorieux martyrs nous transportent au Tonkin. Ils appartiennent à la Province des Philippines, cette Mère des saints. Originaires d’Espagne, missionnaires austères, fidèles à leur règle, même parmi les plus grandes difficultés, ils groupèrent autour d’eux, une fervente chrétienté. Les débuts sont du XVIIIe siècle, débuts d’apostolat et débuts de martyrs. Car les premiers Dominicains qui évangélisèrent le Tonkin au XVIIIe siècle, payèrent de leur sang le progrès de la foi.
Parmi les Frères Prêcheurs, missionnaires du Tonkin, François Gil de Federich et Matthieu Alonso Leziniana (tous les deux né en 1702) méritèrent les premiers de témoigner leur foi au Christ par leur propre sang. Partis de l’Espagne, leur pays natal, ils s’en furent ensemble aux Iles Philippines, et de là furent envoyés au Tonkin. A leur arrivée, méprisant le danger, ils s’employèrent à répandre la parole de vie et à étendre le royaume de Dieu. Jetés en prison par les infidèles, ils furent obligés d’interrompre quelque peu leur travail apostolique. Pour autant cependant que le permettaient leurs gardiens, ils administraient les sacrements, encourageaient les chrétiens à la vertu, consolaient les affligés. François enfin fut condamné à mort. Matthieu, bien que non compris dans l’arrêt de mort, demanda, comme adepte de la même foi, d’être associé à François et d’avoir comme lui la tête tranchée : ce qui lui fut accordé. Les deux martyrs, la croix entre les mains, furent conduits au lieu du supplice, confessèrent à nouveau la foi au Christ et exhortèrent les autres à lui demeurer fidèles ; ils eurent la tête tranchée le 22 janvier 1745.
Moins de trente ans après ce glorieux témoignage rendu à la foi, Hyacinthe Castañéda (né en 1743) et l’indigène Vincent Liem de la Paix (né en 1731), tous deux élèves des Frères Prêcheurs, remportèrent une nouvelle victoire sur les ennemis du Christ. Hyacinthe, après cinq ans de ministère apostolique au Tonkin, fut arrêté, privé de nourriture et de boisson pendant deux jours, et conduit au juge ; on l’enferma dans une cage de roseaux tellement étroite qu’il ne pouvait ni se tenir debout ni se coucher. Vincent, arrêté peu de temps après, fut enfermé dans une cage semblable. Hyacinthe fut condamné à mort. Vincent pouvait se dérober, car, d’après l’édit de persécution, les indigènes étaient exempts de la peine capitale. Il supplia, cependant, qu’on lui laissât partager le martyre de celui dont il avait partagé l’apostolat. Ainsi, ces intrépides confesseurs de la foi, unis par l’amitié en ce monde, ne furent pas séparés dans la mort. Ils donnèrent leur vie le 7 novembre 1773.
Ces prémices illustres des martyrs du Tonkin, offertes par le XVIIIe siècle au Christ, germèrent au siècle suivant, semence précieuse, en une abondante moisson. Parmi elles resplendissent, par la sainteté de leur vie autant que par leur dignité épiscopale, Jérôme Hermosilla (né en 1800) et Valentin Berrio Ochoa (né en 1827), Espagnols, vicaires apostoliques du Tonkin. Jérôme, après son entrée dans l’Ordre des Prêcheurs et son arrivée au Tonkin, travailla plus de trente ans dans cette vigne du Seigneur, avec une ardeur infatigable. Souvent recherché pour être mis à mort, il tomba aux mains des infidèles pour être emprisonné, lui et son fidèle serviteur et catéchiste Joseph Khang (né en 1832), indigène. Valentin, homme au cœur tout apostolique, malgré sa jeunesse, fut arrêté au même endroit, peu de jours après, avec Pierre Almato (né en 1830), prêtre enflammé du même zèle pour le salut des âmes. Tous, après une courageuse profession de foi devant les juges, obtinrent la palme du martyre par leur décapitation, en 1861.
En 1906, le Pape Pie X les mit au nombre des Bienheureux par le même décret que les premiers Martyrs du Tonkin déjà mentionnés.
Nous devons admirer ce courage invincible, courage de tous les instants, qui ne laisse aucun repos à la nature. Il faut pour vivre à pareille hauteur, au milieu des nécessités pénibles de la pauvre vie humaine, une foi profonde, une foi lumineuse et active. Il faut que Dieu soit vraiment le tout de l’âme, en pleine vérité, et non pas en belle formule. Il est plus facile, peut-être, de donner sa tête au bourreau, que de persévérer pendant de longues années dans des privations et des difficultés de toutes sortes. Mais Dieu est là, qui soutient ses serviteurs. Il est aussi avec nous, si nous savons l’entendre et le trouver, pour nous accompagner sur la route, rude quelquefois, qui conduit à lui.