Confesseur, de l’Ordre dominicain
Oraison : « Dieu, grandeur des humbles, qui avez donné le royaume des cieux au bienheureux Martin, votre Confesseur, accordez-nous par ses mérites et son intercession, d’imiter tellement son humilité sur la terre, que nous méritions d’être exaltés avec lui dans le ciel ».
Encore un très humble Frère Convers, né à Lima, au Pérou, où il passa toute sa vie, de l’an 1569 à l’an 1639.
Martin naquit à Lima dans l’Amérique du Sud, l’an de grâce 1569, de Jean de Porrès, qui était de sang noble, et d’Anna Vélasquez. Dès son plus jeune âge il donna, par la merveilleuse pureté de sa conduite, des signes de sa future sainteté. En effet, ses vertus de modestie, d’humilité et sa générosité envers les pauvres rendaient l’enfant admirable aux yeux de tous. Cependant il grandissait et, avec lui, grandissait continuellement sa compassion pour le prochain, pour les malades surtout. C’est pourquoi il s’appliqua de son mieux à l’étude de la chirurgie, afin de pouvoir, sans aucune rétribution, procurer la guérison ; et ce désir devait très souvent se réaliser. Afin que l’amour de Dieu se répandît toujours plus dans son cœur, il rejeta les honneurs et les plaisirs mondains, quitta la maison paternelle, et demanda instamment à entrer dans le Tiers-Ordre du saint Patriarche Dominique et à être compté parmi les familiers laïques. Son désir fut exaucé. Lorsqu’il eut, à la grande admiration de tous, achevé son noviciat et prononcé ses vœux solennels, qui pourrait dire avec quel zèle, quelle application il s’efforça de pratiquer et de rechercher les vertus de tous genres qui font le parfait religieux ? Il aimait tellement l’humilité, qu’il fit toujours ses délices d’accomplir les besognes les plus basses et les plus viles du couvent, de se désigner comme le plus grand pécheur et, s’agenouillant, de baiser les pieds de ceux qui ne craignaient pas de le charger de malédictions.
Bien qu’il fût très éloigné de toute faute volontaire, même légère, Martin ne cessa jamais de crucifier sa chair par des jeûnes continuels, se mettant cruellement en sang par des cilices et des chaînes de fer. Aussi peut-on affirmer en toute vérité qu’il porta dans son corps la mortification de Jésus. Il brûlait d’un tel amour pour le divin Rédempteur du salut des hommes qu’on le vit parfois, tandis qu’il priait devant l’image de Jésus crucifié, soulevé de terre, s’élever vers lui et appliquer ses lèvres à la plaie du côté, comme si le sang en jaillissait encore et qu’il voulût y étancher sa soif ardente. Rien d’étonnant donc si, enivré à la source éternelle du divin amour, il ne parlait que des choses célestes, dont il voulait enflammer très ardemment son cœur et celui des autres. Avide du martyre, il souhaitait de se rendre dans les empires du Japon et de la Chine afin de devenir, entre les mains hostiles des païens, la victime du Christ en versant son sang. Dans cet amour insatiable pour Dieu, il embrassait du reste tous les hommes de n’importe quelle condition, les malades surtout et plus particulièrement les mourants, à qui il prodiguait avec cœur services et consolations. Or, tandis qu’il donnait à sa patrie des preuves si admirables de sa charité, en ce même temps il s’enflamma d’un amour compatissant pour les malheureux captifs qui vivaient en Afrique et, par un prodige très extraordinaire, on le vit très souvent présent dans ce pays pour les réconforter, veiller sur leurs besoins et briser leurs chaînes. Il arriva que l’un de ces captifs, un Espagnol, avait, grâce au secours de Martin, recouvré la liberté à Alger ; il le vit peu de temps après à Lima et, poussé par un sentiment de gratitude, il le salua comme l’auteur insigne de sa libération ; malgré la résistance de Martin, il ne laissa pas de raconter à tous quel bienfait il avait reçu de lui.
Il était durement angoissé en voyant les petits enfants mulâtres et les orphelins plongés en toutes sortes de maux. Pour y remédier, il s’occupa de la fondation d’un collège, qui devint très célèbre, où on les élèverait dans la piété et les bonnes mœurs. Sa bonté s’étendait à ce point que les animaux eux-mêmes profitèrent souvent de ses secours et de ses soins. Cependant il plut à Dieu d’embellir par des dons miraculeux la charité suréminente de son serviteur. Aussi, éclairé par la lumière divine, il prédit l’avenir, connut les secrets des cœurs, découvrit et déjoua les artifices et les assauts du démon. Bien qu’il fût sans culture et sans instruction, il tranchait de telle sorte les plus graves débats théologiques que les hommes les plus doctes l’admiraient et déclaraient que sa science était puisée à une source céleste. En outre, Dieu le rendit digne de converser avec les habitants du ciel, de briller par de nombreux miracles, et enfin de savoir que le jour de l’éternelle récompense approchait, ce qu’il annonça clairement à plusieurs reprises. Vaincu par une longue maladie, il pria tous les religieux du couvent de l’entourer à son lit de mort, et il demanda pardon à tous des offenses dont il pouvait être coupable à leur égard. Puis, les yeux fixés sur le Crucifix qu’il tenait entre les mains, tandis que les assistants qui récitaient l’Évangile, arrivèrent aux mots : Le Verbe s’est fait chair, ayant posé la croix sur son cœur, le front serein, le visage joyeux, Martin rendit à Dieu son âme pure en 1639, le 5 novembre, dans sa soixante-dixième année.
Pendant sa vie et après sa mort, il fut glorifié par de nombreux miracles. Ceux-ci ayant été régulièrement reconnus et approuvés, le Souverain Pontife Grégoire XVI l’inscrivit, le 29 octobre 1837, au catalogue des bienheureux et concéda à l’Ordre entier des Prêcheurs et au diocèse de Lima la célébration, par l’office et la messe, de la fête du bienheureux Martin.
Loin de rétrécir le cœur, l’amour de Dieu, le vrai, le dilate sans bornes comme le cœur de Dieu lui-même. L’amour qui dessèche le cœur, n’est pas l’amour. Plus on s’approche de Dieu, plus on participe à son amour infini. C’est la loi, la pierre de touche du véritable amour.