En temps d’épidémie

Ce n’est pas la première fois que l’Église est affrontée à une épidémie. Le Saint-Esprit qui ne cesse de l’assister, lui a inspiré dans sa prière publique ce qu’il fallait demander au Ciel et ce qu’il fallait faire pour qu’elles cessent. Lisons et commentons les belles oraisons de la messe votive en temps d’épidémie. Voici la collecte :

O Dieu, qui ne souhaitez pas la mort des pécheurs mais leur pénitence : regardez avec bienveillance le peuple qui se tourne vers vous et, tandis qu’il montre sa dévotion, détournez de lui avec miséricorde les fléaux de votre colère. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

L’Église, comme la sainte Écriture, parle de la colère de Dieu pour désigner sa justice vindicative. C’est évidemment une expression imagée, car il n’y a aucun mouvement passionnel en Dieu. Elle indique que les maux qui nous affligent sont le châtiment du péché. Ils sont justes en tant que conséquences du péché. Pour y échapper, ce n’est donc pas la justice de Dieu qu’il faut implorer, mais sa miséricorde.

Rien n’est malheureusement plus étranger à notre monde moderne que cette notion de devoirs envers Dieu. Il ne pense qu’aux droits de l’homme. Pourtant, comment s’étonner que le monde soit puni, alors qu’il a rejeté Notre-Seigneur et sa sainte Mère ? Qu’il viole les lois élémentaires de la morale ? Que bien des hommes d’Église prêchent une nouvelle religion humaniste et écologique, au lieu d’exhorter les hommes à professer la foi catholique et à vivre en état de grâce ?

C’est la dévotion du peuple chrétien qui lui obtiendra la miséricorde divine. La dévotion, explique saint Thomas d’Aquin (II-II q. 82, a. 1), est un empressement de la volonté à se soumettre à Dieu en toutes choses. Elle est, en fait, synonyme de sainteté. A l’occasion de l’épreuve présente, Dieu veut que nous nous sanctifiions.

L’Église veille à ce que nous ne tombions pas dans le désespoir. Elle affirme que Dieu ne souhaite pas la mort des pécheurs mais leur pénitence. La secrète précise que la mort à redouter est surtout la perdition, la mort éternelle, bien plus terrible que la mort corporelle :

Que l’oblation de ce sacrifice, Seigneur, nous vienne en aide : qu’elle nous éloigne puissamment de toutes les erreurs et nous écarte de tout danger de perdition. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Avant la contagion des corps il y a celle des esprits et des cœurs. L’Église demande d’abord que la sainte messe nous éloigne puissamment des erreurs [1], car le mal commence par envahir l’esprit avant de descendre dans le cœur. La grande peste de notre époque est l’endoctrinement des enfants par l’école sans Dieu et celui des adultes par les médias menteurs.

Évidemment, seule la vraie messe est capable de nous éloigner des erreurs en nous plaçant dans un climat de vérité. Fuyons donc la nouvelle messe, « ce rite nouveau, qui favorise la confusion entre la messe catholique et la cène protestante […] cette messe équivoque, orientée vers la destruction de la messe », comme disait le père Calmel dans sa fameuse Déclaration sur la défense de la messe, il y a cinquante ans.

La collecte faisait appel à la miséricorde divine. La postcommunion reprend cet appel en recourant – en notre rite dominicain – à l’intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge – précision importante, car ce dogme est souvent nié aujourd’hui. Il s’agit de fléchir la colère de Dieu, mais aussi d’apaiser l’homme en le libérant de sa frayeur et en le rassurant par cette manifestation de la bonté divine.

Exaucez-nous, ô Dieu, notre salut : et par l’intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge et de tous les saints, faites que votre peuple soit libéré de la frayeur que lui inspire votre colère et qu’il se sente rassuré devant la générosité de votre miséricorde.

En résumé : nous avons péché, la punition est juste, convertissons-nous et la miséricorde infinie de Dieu viendra à notre secours.

Quelques conseils pratiques

Ne nous pas se laisser entraîner par le flot des informations, notamment venant d’internet. On y perd la paix intérieure. Soyons fidèles à notre devoir quotidien, et Dieu pourvoira à nos besoins.

Profitons de l’épreuve présente pour être plus fervents dans la prière et plus assidus à la lecture religieuse, source de paix.

Quand on ne peut assister à la messe le dimanche, il faut sanctifier autrement le jour du Seigneur. Aucune prière spéciale n’est exigée par l’Église. Tâchons de prier pendant un temps équivalent à la durée d’une messe lue (entre 30 et 40 minutes), par exemple en lisant les textes de la messe du jour, en méditant un chapelet, en faisant quelque lecture religieuse. Faisons une communion spirituelle.

La communion spirituelle, dit le concile de Trente, consiste à manger en désir le Pain céleste avec une foi vive qui agit par amour.

S’il est difficile de se confesser, on excitera dans son âme des actes de contrition parfaite, regrettant nos péchés pour les souffrances qu’ils ont causées à notre Sauveur. Le Chemin de la Croix est un grand moyen d’obtenir cette contrition parfaite. Il suffit de s’agenouiller à chaque station, puis se relever pour passer à la station suivante.

Vie familiale : avec la fermeture des écoles, les enfants sont revenus dans leur famille. Veillons avec sérieux à leur travail scolaire dans des horaires respectés. Que ce soit une occasion de renforcer les liens familiaux, d’apprendre à s’aimer davantage, de prier ensemble.

Sur notre site vous pouvez télécharger l’enregistrement de nos sermons.

[1]  — Erroribus en latin : ce mot peut signifier aussi les « égarements », c’est-à-dire les péchés. On trouve les deux traductions dans les missels des fidèles.