7 mars

Panégyrique de saint Thomas d’Aquin

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Saint Thomas fontaine de sapience
Adriaen Collaert (1570-1618), « Verheerlijking van de Heilige Thomas van Aquino » (Rijksmuseum Amsterdam)

Saint Thomas assurait avoir plus appris devant le crucifix que dans les livres. La croix qui domine la scène rappelle cette confidence, mais aussi le crucifix d’où saint Thomas reçut l’éloge divin : « Bene scripsisti de me, Thoma — Tu as bien écrit de moi, Thomas ».

Une plume à la main, tout prêt à écrire, le saint Docteur reçoit son inspiration du Saint-Esprit (Jn 14, 26). Tout en lui soufflant à l’oreille, la divine colombe semble attiser la flamme de son auréole, qui rayonne comme un soleil venant dissiper les ténèbres. C’est le propre de l’ange d’illuminer ses inférieurs en leur communiquant la vérité divine. Saint Thomas est précisément orné, en cette auréole, du titre de Docteur angélique et illustré par une grande paire d’ailes, semblables à celles des quatre anges situés autour, un attribut ordinairement lié à saint Vincent Ferrier.

7 janvier

Saint Thomas, modèle d’unité dans la vie

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par Joseph Le Rohellec C.S.Sp.

Spiritain (comme Mgr Lefebvre et le père Fahey), le père Joseph Le Rohellec (1883-1930) fut aussi, comme eux, élève du Séminaire français de Rome (Via Santa Chiara). Il y demeura ensuite, presque jus­qu’à sa mort, comme répétiteur de philosophie. Il est l’auteur de divers travaux philosophiques et théologiques, et prononça le 7 mars 1914 le bel éloge de saint Thomas d’Aquin que nous reproduisons ci-dessous. Il nous montre comment saint Thomas peut-être un modèle de vie pour tous les chrétiens (Le Sel de la terre).

ENTREPRENDRE L’ÉLOGE d’un homme peut être difficile pour deux raisons fort différentes : ou bien parce que le sujet est vite épuisé et qu’il y a peu de chose à dire, ou bien, au contraire, parce que le sujet est si vaste et si riche que l’on ne sait à quel point de vue s’arrêter pour le considérer.

Vous devinez que la difficulté d’un panégyrique de saint Thomas provient uniquement de la seconde raison. Le Docteur angélique peut être présenté comme modèle sous des aspects si différents que l’on est embarrassé dans le choix. Il peut être proposé comme un modèle de science, comme un exemple d’humilité et de simplicité, comme un exemple de pureté, comme un exemple de douceur, etc. Je m’arrêterai à un aspect qui embrasse d’un point de vue syn­thétique toute l’existence du saint Docteur ; je voudrais vous présenter saint Thomas comme un parfait modèle d’unité dans la vie.

Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet ; je me contenterai de l’effleurer, en m’inspirant de la doctrine de saint Thomas lui-même (I-II, q. 57, a. 2 ; I-II, q. 66, a. 5 ; II-II, q. 45, a. 1, 2, 3, 6).

4 août

Saint Dominique, serviteur de la vérité

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Discours prononcé par le R.P. Joseph de Tonquédec s.j. (1869-1962),
le 10 février 1922, dans l’église Saint-Thomas-d’Aquin, à Paris
à l’occasion du 7e centenaire de la mort de saint Dominique (6 août 1221)

Monseigneur,
Mes révérends pères,
Mes frères,

Dans mes plus lointains souvenirs d’enfance – semblable en cela, je pense, à tous les hommes élevés dans le catholicisme – je rencontre quantité d’images de saints. Parmi elles, il y en a une exceptionnellement fascinante. C’est une transparente figure de moine, un profil fin, un front pur sur lequel se lève une étoile, de belles mains longues et souples qui portent un lys ou un volume, à moins qu’elles ne se joignent pour la prière ; je ne sais quoi de virginal et d’austère émanant de toute la personne. Et je retrouve encore dans ces premiers souvenirs une autre image où le même personnage reparaît, mais couché cette fois, et comme endormi d’un sommeil extatique ; de ses entrailles sort un grand arbre dont les fleurs sont des saints encore : ascètes, docteurs, mystiques, prêcheurs, martyrs : fleurs uniformément blanches sous leur noire enveloppe, tout comme la fleur vivante qui est là sur le sol, et dont elles sont la progéniture. Ce moine au front radieux, c’est saint Dominique ; et le grand arbre qui monte de son sein et dont les plus jeunes branches s’en vont vers les inaccessibles hauteurs de l’avenir – car il n’a pas fini de pousser et de fleurir – c’est l’Ordre illustre dont Dominique fut la semence, il y a sept siècles révolus.

9 avril

Le silence de Jésus dans sa passion

Nous publions ici un beau texte extrait du magnifique livre du père Thiriet (L’Évangile médité avec les Pères). C’est le chapitre 114 du tome 5. Il traite du silence de Jésus dans sa passion. Les réflexions, bien que brèves, sont très riches et nourrissantes. Voyez notamment les deux derniers titres (« silence plein de menaces » et « prophétie ») : dans le contexte actuel, où Dieu semble se taire et abandonner le monde à ses pauvres lumières et à ses propres misères, il y a là des choses qui donnent à penser… et encouragent à prier !

LE SILENCE DE JÉSUS EST VOULU

Dans cette Passion du Sauveur où il y a tant de choses étranges, il y a une chose plus étrange peut- être que toutes les autres : c’est le silence qu’y garde Jésus. A part quelques réponses brèves quand il est sommé par l’autorité religieuse ou administrative de dire qui il est, et dans lesquelles il se montre docteur, le Messie attendu, Fils de Dieu, Roi, Jésus garde un silence constant.

Il se tait devant Caïphe. Jésus se taisait, nous dit S. Matthieu (26, 63).
Il se tait devant Pilate. Celui-ci était convaincu de son innocence : il le provoquait à parler, persuadé que ses paroles détruiraient toutes les calomnies (Euthymius, in Marc) : et Jésus se taisait, de sorte que le gouverneur en était dans un grand étonnement (Mt 27, 14).
Il se tait devant Hérode, et s’attire par là le mépris d’Hérode.
Il se tait sous les moqueries et les mauvais traitements des valets.
Il se tait devant les dérisions des soldats.
Il se tait quand il est condamné à mort.

7 avril

La prière de Jésus au jardin de Gethsémani

par le frère Louis-Hyacinthe Petitot O.P.

Le père Louis-Hyacinthe Petitot O.P. (1870-1934) a publié plu­sieurs excellentes vies de saints (notamment : saint Dominique, sainte Jeanne d’Arc, sainte Bernadette). Cette étude est parue en 1930 aux Éditions du Cerf sous le titre : La Passion. I. L’Agonie, ou l’Oraison de Jésus au jardin de Gethsémani.

Prélude

1.  – L’agonie de Jésus est avant tout une prière

Les hommes en général retiennent facilement ce qui frappe leur imagination ou émeut leur sensibilité, mais ils oublient volontiers ce qui est un exemple et un enseignement utiles à leur perfection morale. Tous les esprits quelque peu cultivés savent que Jésus immédiatement avant la passion a traversé les angoisses de l’agonie au jardin de Gethsémani, mais combien peu ont soin de se rappeler qu’alors il a surtout beaucoup et inlassablement prié.

30 mars

« Dans un monde qui s’écroule »

Il y a 27 ans, l’éditorial du numéro 4 du Sel de la terre (printemps 1993, p. 2) évoquait déjà la crise mondiale qui s’annonçait. Il n’est pas inintéressant de relire ces lignes, toujours actuelles puisqu’elles nous indiquent les causes de la crise et la source où nous pouvons trouver les remèdes.

ON NOUS ANNONCE DE DIVERS CÔTÉS QUE LE MONDE VA CONNAÎTRE PROCHAINEMENT UNE GRAVE CRISE. Pour celui qui a un peu lu et médité l’Apocalypse, il n’y a pas lieu de s’étonner. Le monde a abandonné Dieu, Dieu va laisser le monde se débrouiller tout seul…

Pie XII disait que notre monde était à refaire jusque dans ses fondations [1]. Si le monde s’écroule devant nous, il faut que nous soyons capables de lui proposer des fondations solides pour se relever. Autrement dit, il est capital de réfléchir sérieusement sur les principes de l’ordre temporel et de l’ordre surnaturel. On ne relève pas un bâtiment qui menace ruine en ravalant sa façade.

5 juillet

Saint Vincent Ferrier, modèle pour temps de crise (P. Calmel)

En 1973, pour fortifier les fidèles catholiques face aux multiples scandales que leur inflige le pape Paul VI, le père Calmel évoque « ce frère prêcheur qui est, sans doute, de tous les saints, celui qui a travaillé le plus directement pour la papauté […] Vincent Ferrier » [1] .

Ange du jugement, légat a latere Christi, faisant déposer un pape après avoir usé à son égard d’une infinie patience, Vincent Ferrier est aussi et du même mouvement, le missionnaire intrépide et plein de bénignité, débordant de prodiges et de miracles, qui annoncent l’Évangile à l’immense foule du peuple chrétien. Il porte dans son cœur d’apôtre non seulement le pontife suprême, si énigmatique, si obstiné, si dur, mais encore tout l’ensemble du troupeau du Christ, la multitude de ce menu peuple désemparé, la turba magna ex omnibus tribubus et populis et linguis [2].