Vierge et martyre
MESSE : Me exspectaverunt
Oraison : « Dieu tout-puissant, éternel, qui choisissez ce qui est faible dans le monde pour confondre ce qui est fort, accordez-nous avec bonté que, en célébrant la solennité de la bienheureuse Agnès, votre vierge et martyre, nous ressentions les bienfaits de sa protection. »
Agnès repose à l’opposé de Sébastien, sur la Voie Nomentane. Ce n’était qu’une enfant de treize ans. Mais le Christ a besoin de tous les témoignages, et celui-ci a un caractère si touchant qu’il émeut profondément les cœurs.
Agnès, comme dit saint Ambroise, n’était pas encore en âge de servir de témoin dans une cause civile, et il se trouve qu’elle rend à Dieu le témoignage le plus éclatant. Sa mort est une preuve de la divinité du Christ. Elle dit à ses bourreaux : le Christ, mon époux, est Dieu et elle meurt pour l’avoir dit, et nous, nous croyons à la parole d’Agnès. Au milieu des flammes, au cirque Flaminien, Agnès étend ses bras et dit à Dieu sa foi et son amour. Elle a juré de rester fidèle au Christ, elle garde sa parole. Arrière tout amour humain : j’aime déjà, dit-elle, mon fiancé, le Seigneur Jésus m’a passé un anneau à mon doigt ; il a mis sur ma tête une couronne, à mon cou une chaîne enrichie de pierres précieuses. J’ai un trésor de bijoux. Il m’a donné les habits les plus somptueux et sur mon visage il a mis un signe qui éloigne tout autre amour. Je l’aime, mon Christ, et quand je l’aime, je demeure chaste, quand je le touche, je demeure pure, quand il me reçoit dans ses bras, je demeure vierge. De sa bouche j’ai pris le lait et le miel, et son sang rougit mes joues. Il est si beau, mon bien-aimé, que le soleil, la lune, et les étoiles contemplent avec admiration, que les Anges servent avec joie.
Aucun supplice ne put arrêter sur les lèvres d’Agnès le chant de son amour. La menace infâme de violence ne l’effraya même point. Elle comptait sur la défense de son divin fiancé. Il fallut lui trancher la tête.
Ses parents l’ensevelirent dans leur propriété sur la Voie Nomentane. Elle y est toujours. Chère petite sainte, quelle joie et quelle émotion de descendre jusqu’à
votre tombeau, en cette élégante basilique, petite comme vous, délicieuse comme vous. On ne peut vous quitter.
« Il a posé un signe sur mon visage ». C’est du Christ qu’il s’agit, qui avait pris possession du cœur d’Agnès et l’avait marqué du signe de la croix, comme on
marque un agneau du signe de son maître. C’était dire : elle est à moi. Ce signe nous le portons aussi. Le baptême l’a gravé sur notre visage comme sur celui d’Agnès. Sommes-nous au Christ comme Agnès ? Sommes-nous son bien, sa propriété réelle ? Agnès disait : Pas d’autre amour que le Christ et pour prouver sa sincérité elle est morte, Nous, pourrions-nous dire qu’il n’y a en nous aucun autre amour que le Christ ? Seigneur, vous choisissez ce qui est faible pour confondre ce qui est fort, louange à vous !
Le jour de la fête de sainte Agnès, on bénit, à la fin de la messe solennelle célébrée sur son tombeau, deux petits agneaux, symbole gracieux de la chère Sainte. Je les ai vus dans leur corbeille fleurie, tout blancs, bêlant doucement. On les met sur l’autel et on les bénit. Leur laine sert à confectionner les Pallium, ce signe de haute dignité que le
Pape envoie aux archevêques. De sorte que, par ce symbole aimable, Agnès participe au gouvernement de l’Église.