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Saint Thomas d’Aquin

Fêté le

7 mars

Confesseur, Docteur de l’Église

LA MESSE

Jourdain de Pise était le disciple, Thomas d’Aquin est le maître, le maître par excellence. En lui s’incarne toute l’idée de saint Dominique : l’enseignement de la foi. Il fait sien cet enseignement, à tel point que nul Docteur ne l’a établi, éclairé, défendu avec plus de lumière et plus de précision. Il est dans l’Église, le Maître. Les Papes exaltent et imposent sa doctrine. Elle est la doctrine de l’Église. Quand on veut enseigner la foi, quand on veut la défendre, on lit saint Thomas. Quiconque s’éloigne de sa pensée, devient suspect. Il réalise en sa plénitude la prophétie d’Honorius III. Approuvant l’Ordre des Prêcheurs, il dit à saint Dominique : j’approuve ton Ordre, car tes fils

 

seront les champions de la foi et les vraies lumières du monde.

Avec saint Thomas, c’est fait. Il est à la lettre, la vraie lumière du monde.

Aussi de lui, l’Introït peut dire en toute vérité : « Le Seigneur a ouvert sa bouche dans l’assemblée des fidèles, il l’a rempli de l’esprit de sagesse et d’intelligence, il l’a revêtu d’un manteau de gloire. — Il a réuni en lui un trésor de joie et d’allégresse. »

Ce trésor de joie vient précisément de la sagesse qui donne l’intelligence de la vérité. Si je sais de science certaine ce qu’est Dieu, ce qu’il est en lui-même, sa grandeur, sa puissance, sa bonté ; si je sais que ce qu’est Dieu ne change jamais et qu’un jour, moi, pauvre petite créature, venant de lui, je participerai à tout ce qu’il est sans jamais changer non plus, ma joie est profonde, elle est affermie par la fermeté éternelle de Dieu lui-même. C’est là ce trésor de joie, ce trésor d’allégresse, qui est le fruit de la sagesse. Et l’œuvre admirable de saint Thomas, qui donne à la foi toute sa lumière et nous fait entrer dans les profondeurs de Dieu, cette œuvre est la source la plus riche de la joie, car elle établit cette joie sur des bases immuables. En illuminant l’intelligence, saint Thomas illumine notre cœur. Notre cœur ne s’illumine que par la joie. Et il se trouve que ce qui paraît le plus élevé, le plus difficile à l’intelligence, ce qui est au plus haut sommet de la foi et de la raison, unies ensemble, pour révéler la grandeur et la bonté de Dieu, devient pour nous la source de la vraie joie : connaître et aimer Dieu.

Oraison : « Dieu, qui glorifiez votre Église par la science prodigieuse du bienheureux Thomas, votre confesseur et votre docteur, et qui la fécondez par sa sainte influence, accordez-nous, nous vous en supplions, de comprendre avec notre intelligence ce qu’il a enseigné et, en l’imitant, de faire ce qu’il a fait. »

Lecture du Livre de la Sagesse, c. 7 : « J’ai désiré l’intelligence et elle me fut donnée ; j’ai invoqué le Seigneur, et l’esprit de sagesse est venu en moi. Je l’ai préférée à tous les royaumes, et à toutes les puissances. J’ai estimé que, en comparaison d’elle, les richesses n’étaient rien. Je ne l’ai point comparée aux pierres précieuses, car, en face d’elle, l’or n’est qu’un peu de sable et l’argent ressemble à la boue. Je l’ai plus aimée que la santé, que la beauté et je me suis proposé de la prendre pour lumière, parce que sa clarté ne peut s’éteindre. Tous les biens me sont venus avec elle et j’ai reçu de ses mains des richesses incalculables. Tout me fut joie, car cette sagesse marchait devant moi, et j’ignorais qu’elle était la mère de tous les biens. Je l’ai étudiée sans déguisement, je la communique sans envie et je ne cache point ses avantages précieux. Car elle est un trésor inépuisable pour les hommes, et ceux qui l’utilisent deviennent les amis de Dieu. »

Tous les biens viennent de la Sagesse, c’est-à- dire, de la connaissance de Dieu, même le plus grand des biens, qui est d’être ami avec Dieu. Je vous appelle mes amis, disait le Maître à ses Apôtres, parce que vous savez tout ce que je vous ai dit de mon Père. Science de toute joie, que rien ne peut nous enlever en ce monde et qui aura son plein dans la lumière éternelle.

Graduel : « La bouche du juste annonce la sagesse, sa langue publie la justice. — La loi de Dieu est dans son cœur, ses pas ne seront pas chancelants. »

Trait : « Comme l’étoile du matin dans une brume légère, comme la lune au plein de ses jours. — Et comme le soleil resplendissant, il brille dans le temple de Dieu. Il est comme l’arc-en-ciel qui illumine de sa gloire les nuages qui l’entourent, comme un parterre de roses aux jours du printemps. — Il est comme les lis fleuris au bord des eaux, comme les parfums de l’encens aux jours d’été. — Il est comme un feu resplendissant, comme le parfum de l’encens jeté sur des charbons ardents. — Il est comme un vase d’or pur, serti de pierres précieuses. »

Images poétiques, charmantes de lumière et de douceur, qui expriment par leur éclat et leur grâce, par leurs parfums et leurs richesses, l’ineffable beauté de la sagesse divine, reposant dans une intelligence et un cœur d’homme.

Au temps en dehors de la Septuagésime : « Alléluia, alléluia, ô lis éclatant, fleuri d’une double couronne, Thomas, conduisez-nous, par une prière suppliante, à la palme éternelle. »

Lumière et pureté, lumière du soleil et pureté du lis, c’est tout saint Thomas. Sur sa poitrine rayonne un soleil splendide, symbole de sa sagesse ; dans son cœur s’épanouit, dans la blancheur de sa magnificence, ce lis dont Salomon en toute sa gloire n’a pas connu la splendeur. Et cette pureté virginale précède la sagesse et conduit à elle. Heureux les cœurs purs, car ils voient Dieu.

Thomas aurait pu dire comme Samuel à Saul, cherchant les ânesses de son père : Je suis le Voyant. Qui a plus connu Dieu, dans la profondeur de ses mystères, qui l’a révélé avec une netteté plus précise que saint Thomas ? Mais pour atteindre à cette vision de Dieu, il fallut à saint Thomas la pureté immaculée du cœur. Et c’est pourquoi, encore adolescent, après son triomphe sur la tentation, des Anges viennent ceindre ses reins d’un cordon mystérieux. La pureté d’âme et de chair est confirmée en lui. Ce faisant, les Anges armaient le Voyant de Dieu. Thomas, libre de toute convoitise mauvaise, pouvait vivre dans l’intimité de Dieu, il pouvait s’unir à la divine Sagesse. Qui veut voir Dieu, doit être pur. Des yeux obscurcis par les brumes de la terre ne peuvent contempler la Majesté de Dieu.

Évangile selon saint Matthieu, c. 5. « En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Vous êtes le sel de la terre. Si le sel est éventé, avec quoi salera-t-on ? Il n’est plus bon à rien, si ce n’est qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds. Vous êtes la lumière du monde. Une ville bâtie sur une montagne ne peut être cachée. On n’allume pas davantage une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la place sur un chandelier afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. De même, votre lumière doit briller devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux. Ne croyez pas que je suis venu pour détruire la loi ou les Prophètes, je ne suis pas venu pour les détruire, mais bien pour accomplir tout ce qu’ils ont dit. Je vous le dis en vérité : jusqu’à ce que le ciel et la terre disparaissent, pas un iota, pas un accent ne sera supprimé de la loi, tout doit être accompli. Celui donc qui supprimera le moindre des commandements et enseignera ainsi les hommes, sera jugé le plus petit dans le royaume des cieux. Mais celui qui les pratiquera et les enseignera tous, sera jugé le plus grand dans le royaume des cieux. »

Secrète : « Seigneur, en renouvelant la mémoire de la Passion de votre Fils, nous vous demandons de vouloir bien agréer ce sacrifice que nous vous offrons, en la solennité du bienheureux Thomas, votre confesseur et docteur. »

Offertoire : « Ma vérité et ma miséricorde sont avec lui ; sa gloire grandira en vertu de mon nom ».

Postcommunion : « Que cette communion sainte nous réjouisse, Seigneur ! Que par elle, grâce aux suffrages du bienheureux Thomas, votre confesseur et docteur, les vertus soient affermies au dedans de nous et que, au dehors, elles augmentent leurs saintes opérations. »

Saint Thomas ne se contentait pas de la contemplation intérieure, il produisait au dehors ce qu’il sentait au dedans de lui-même. Grande était son humilité, grande sa charité, grande sa pénitence. Aimer Dieu sans en donner de preuves est illusion de l’esprit. Car plus on contemple Dieu, plus on l’aime, plus, en la même proportion, on lui ressemble, et par conséquent, plus, comme Dieu lui-même, on communique le bien autour de soi. L’action sainte et sanctifiante est l’épanouissement normal, nécessaire de l’amour qui contemple. Non pas que cette action ait besoin, pour produire ses fruits, de se dépenser au dehors par des œuvres extérieures, elle peut, selon l’ordre de la Providence et la vocation de chacun, avoir son influence, soit par la prière, soit par la souffrance. Mais, de toutes manières, l’amour qui contemple doit produire. L’amour stérile est imparfait.