Pape
MESSE : Sacerdotes
Introït : « Que vos Prêtres, Seigneur, soient revêtus de justice, et que vos Saints tressaillent d’allégresse ; en considération de David votre serviteur, ne rejetez pas la face de votre Christ. – Souvenez-vous, Seigneur, de David et de toute sa douceur. »
Oraison : « Accordez-nous, Dieu tout-puissant, que la vénérable solennité du bienheureux Silvestre, votre Confesseur et Pontife, augmente en nous la piété et l’espoir du salut ».
Épître : saint Paul à Timothée, c. I : « Mon très cher fils, je vous en conjure devant Dieu et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts au jour de son avènement et de son règne, annoncez la parole, pressez les hommes à temps, à contre-temps ; reprenez, suppliez, menacez, sans vous lasser jamais de supporter et d’instruire. Car un jour viendra où les hommes ne pourront plus souffrir la saine doctrine, et où, travaillés d’une extrême démangeaison d’entendre ce qui les flatte, ils auront recours à une foule de docteurs propres à satisfaire leurs désirs, et ils fermeront l’oreille à la vérité, et l’ouvriront à des fables. Mais pour vous, veillez continuellement ; travaillez sans relâche ; acquittez-vous des devoirs d’un prédicateur de l’Évangile, remplissez votre ministère ; soyez sobre. Car pour moi, je suis sur le point d’être immolé, et le temps de ma mort approche. J’ai soutenu un bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Il ne me reste qu’à attendre la couronne de justice qui m’est réservée, et que le Seigneur, comme un juste juge, me donnera en ce grand jour ; et non seulement à moi, mais encore à tous ceux qui désirent son avènement. »
Graduel : « Voici le Grand-Prêtre qui, pendant sa vie, a plu à Dieu. – Il n’y en eut pas de semblable à lui pour conserver intacte la loi du Très-Haut. Alléluia, Alléluia, j’ai trouvé David, mon serviteur, je l’ai oint avec l’huile sainte ».
Silvestre fut un pontife heureux, très heureux. Prêtre de l’Église Romaine à l’âge de trente ans, il succéda au Pape Melchiade. Mais à son élection au Siège de saint Pierre, l’Église sortait triomphante des catacombes. Constantin était empereur. Il portait publiquement et avec fierté le signe de la croix. Toute liberté était donnée aux Chrétiens de professer ouvertement leur foi, de construire des églises. Le règne du Christ Jésus sur le monde entier commençait.
Silvestre jouit pleinement, saintement de ce triomphe. Il eut la joie de baptiser Constantin. En sa personne, il baptisait l’empire romain. Il fonda les basiliques de Latran, de Saint-Pierre, de Saint-Paul, des Saints-Apôtres et d’autres encore.
Il fit plus.
Bâtir des temples de pierre et de marbre était bien, mais il fallait surtout établir sur des bases solides la foi chrétienne et la défendre contre ses ennemis.
Silvestre réunit un Concile à Nicée, que présidèrent ses légats. Constantin y fut présent.
Dans ce Concile, où tant de saints et intrépides champions de la foi luttèrent pour eu protéger la vérité, Arius, l’impie détracteur du Christ, fut solennellement condamné. Condamnation que Silvestre lui-même approuva et renouvela dans un autre Concile réuni à Rome même, sous sa présidence.
Il convenait que, à l’heure de la liberté chrétienne, la divinité absolue du Christ Jésus fût officiellement reconnue. Par cette reconnaissance, la foi chrétienne, celle des Apôtres et des Martyrs, pure de toute erreur, pouvait se répandre dans le monde. Notre Credo actuel, celui que nous chantons, est le Credo de Silvestre et de toute l’Église.
Silvestre gouverna l’Église de Dieu pendant vingt ans, dix mois et un jour. Vingt ans de vertus austères et de bonté pour les pauvres ; vingt ans d’administration qui établirent les lois de la discipline ecclésiastique.
Ce saint Pontife mourut en 336. Il fut enseveli à la catacombe de Priscille, sur la Via Salaria Nuova qui, de sa sépulture, porta longtemps son nom.
Évangile : saint Luc, c. 12 : « En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées dans vos mains ; soyez semblables à ceux qui attendent que leur maître revienne des noces, afin que, lorsqu’il sera venu et qu’il aura frappé, ils lui ouvrent aussitôt. Heureux ces serviteurs que le maitre, à son arrivée, trouvera veillants. Je vous le dis en vérité, il se ceindra, les fera mettre à table, et s’empressera de les servir. S’il arrive à la seconde ou à la troisième veille, et s’il les trouve ainsi, ces serviteurs seront heureux. Or sachez que si le père de famille prévoyait l’heure à laquelle le voleur doit venir, il veillerait, et ne laisserait pas percer sa maison. Tenez-vous donc aussi toujours prêts, parce que le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous ne pensez pas ».
Devant la tombe de Silvestre nous pouvons chanter avec tous les Saints de Dieu : Le Christ triomphe, le Christ règne, le Christ commande.
Mais plus heureux ceux qui peuvent le chanter dans leur cœur ! car le vrai triomphe du Christ, c’est son règne absolu sur notre volonté.
Nous avons parcouru le cycle annuel des Saints que l’Église propose à notre vénération. Mais élargissons ce cadre déjà merveilleux. Contemplons dans le ciel bienheureux la multitude innombrable de tous les Saints de Dieu, de tous ses élus, de tous ceux que, le sang du Sauveur a purifiés, sauvés, béatifiés. Oh ! la belle vision !
Vision de lumière, car la lumière divine se répand sur tous les Saints. Tous voient Dieu face à face, tous contemplent Dieu et pénètrent, chacun selon sa capacité, dans les profondeurs de l’incompréhensible Trinité. Vision d’amour intense. Au ciel, aucun nuage entre Dieu et les Saints. Le cœur est limpide et va de tout ce qu’il est, de toute sa puissance d’aimer, à l’objet aimé, l’unique, Dieu. C’est Dieu qui s’aime lui-même par le cœur de ses Saints. Amour infini, sans trouble, sans obstacle, dans la sécurité parfaite, dans la possession immuable.
Vision de bonheur. Oh ! qu’ils sont heureux les élus de Dieu ! Heureux de voir Dieu, heureux d’aimer Dieu, heureux de tout ce qu’est Dieu, du propre bonheur de Dieu. Dieu verse dans ses Saints tout le bonheur qu’il est lui-même. Alors, de cette vision, de cet amour, de cette béatitude sort, dans les Saints, une louange infinie à la bonté de Dieu. Saint Jean dit : c’est comme la voix des grandes eaux ; c’est comme un tonnerre formidable. Louange infinie qui passe par le cœur et la bouche de celui qui, pour tous les Saints, a mérité cette béatitude, le Saint par excellence, Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est lui qui par sa douloureuse Passion a gagné, a acheté la béatitude des Saints. Éternellement il leur montre ses plaies, éternellement les Saints les adorent et lui disent le merci de leur cœur Ce qu’ils sont, ils le sont par lui, ils le sont avec lui.
C’est Jésus, le chef, l’unique Saint, l’unique Fils de Dieu. Les Saints sont ses membres, et par lui, fils adoptifs de Dieu. Leur louange s’unit à la louange de Jésus ; leur joie, leur allégresse s’unissent à la joie, à l’allégresse de Jésus. Et c’est ainsi que louange, joie et allégresse ne sont, dans l’éternité, qu’une louange, une joie, une allégresse, celle de Jésus, Fils de Dieu, et en lui et par lui, celle de tous les Saints.
Louange par Jésus, au Père, au Fils et au Saint-Esprit, dans les siècles des siècles.