Époux de la Bienheureuse Vierge Marie.
LA MESSE
« Il m’a fait comme le Père du Roi. »
C’est la parole du Patriarche Joseph, le fils de Jacob, à ses frères. Le Pharaon l’avait tiré de sa prison, l’avait mis au-dessus de tous les princes. Joseph était comme le Père du Roi. Et il se trouve que cette parole s’applique plus merveilleusement encore à l’humble artisan de Nazareth, Joseph, l’époux de la bienheureuse Vierge Marie. Dieu l’a prédestiné, de toute éternité, à être sur la terre comme le Père de son propre Fils. Cet homme remplace en ce monde le Père qui est dans les cieux. Il en a les droits, il en a la charge, il en a aussi l’amour. Car, pour être vis-à-vis de Jésus, Fils de Dieu, le remplaçant du vrai Père qui est dans les cieux, il fallait à Joseph non seulement le pouvoir paternel, mais plus encore l’amour paternel. De sorte que, sans être son père selon la chair, Joseph avait pour Jésus l’amour paternel le plus profond, quelque chose de l’amour paternel de Dieu lui-même. C’est ainsi qu’il faut le considérer, car c’est ainsi qu’il est par la volonté de Dieu. Joseph regarde Jésus comme son propre fils, il l’aime comme son propre fils, il travaille pour lui comme pour son propre fils. Et l’on peut dire que, venant directement de la paternité de Dieu, l’amour de Joseph pour Jésus était plus profond que tout autre amour.
Mais pour que cet homme eût des relations si intimes avec Dieu, avec Jésus, Fils de Dieu, avec Marie, son épouse, Mère de Dieu, il fallut nécessairement qu’il fût élevé à un
degré de grâce extraordinaire, en rapport avec ces divines relations. Degré tellement supérieur que l’on ne peut le comparer. Sa proximité de Dieu place saint Joseph dans un rang unique, il fait partie de la famille de Dieu. Après Marie, il est le plus près de Jésus.
Aussi peut-on dire de lui d’une façon spéciale ce texte de :
L’lntroït : « Le juste fleurit comme le palmier, il s’étend magnifiquement comme le cèdre, car il est planté dans la maison du Seigneur, dans le parvis de la maison de notre Dieu.
Il est bon de glorifier le Seigneur et de chanter ton Nom, ô Très-Haut ! »
Plus que tout autre, à la lettre, Joseph est planté dans la maison du Seigneur. Il en est le chef, c’est lui qui a la haute main sur cette maison de Dieu en ce monde, à Nazareth. Et lui, si petit aux yeux du monde, sans prestige de richesse ou de pouvoir, il est devant Dieu comme un palmier fleuri, comme un cèdre magnifique.
Dieu estime ce qui est et non pas ce qui paraît. Pauvre, humble, modeste ouvrier, Joseph a la plus haute estime, celle qui vient de Dieu, la seule vraie. Ne recherchons que celle-là.
Oraison : « Seigneur, nous vous en prions, faites que nous soyons secourus par les mérites du bienheureux Patriarche Joseph, l’époux de votre très Sainte Mère, afin que ce que nous ne pouvons obtenir de nous-mêmes, nous soit accordé par son intercession. »
Tout ce que Joseph eut en ce monde, il l’eut de Dieu et sa joie éternelle est de remercier la bonté de Dieu de tout ce qu’elle lui a donné. Joseph s’en souvient et à cette joie de reconnaissance envers Dieu, il joint la joie de donner à son tour. Ce qui est impossible à nos propres forces, il faut le demander à saint Joseph. Il sait nos impuissances, comme il a su les siennes ; il sait que tout lui vint de Dieu et il aime à faire bénéficier notre misère des dons infinis qu’il a reçus. Allez à Joseph, disait le Pharaon, il vous donnera du pain. Allons à Joseph, le nôtre, et lui aussi il nous donnera du pain, le nécessaire à notre vie de la terre et plus encore le Pain de vie, son Fils, Jésus.
Leçon du Livre de la Sagesse, c. 45 : « Il fut aimé de Dieu et des hommes, et sa mémoire est en bénédiction. Dieu l’a glorifié parmi ses Saints et l’a rendu redoutable à ses ennemis. Il lui a donné le pouvoir de dompter les monstres par sa parole. Il l’a élevé en honneur devant les rois ; il lui a communiqué les ordres qu’il devait donner à son peuple et lui a fait voir sa gloire. Il l’a sanctifié dans la foi et la douceur et il l’a choisi entre tous les hommes. Car il l’a écouté, il a entendu sa voix, il l’a fait pénétrer dans la nuée. Il lui a donné ses ordres pour son peuple, une loi de vie et de lumière ».
Cet éloge de Moïse, l’ami de Dieu, s’applique à saint Joseph, l’élu par excellence, le croyant et le doux, qui est devenu par sa haute et unique mission, si glorieux et si puissant. A lui, le chef de la maison de Dieu, de délivrer son peuple, de dompter les monstres, de diriger les fidèles dans la voie de vérité et de justice. L’Église continue sur la terre la « Maison de Dieu ». A saint Joseph de remplir vis-à-vis d’elle toutes les fonctions que Dieu lui avait confiées vis-à-vis de sa maison de Nazareth.
Graduel : « Le juste fleurit comme le palmier, il s’étend magnifiquement comme le cèdre du Liban dans la Maison de Dieu. A lui d’annoncer dans la lumière la miséricorde de Dieu, dans les ténèbres de la nuit sa justice. »
Trait (au Temps de la Septuagésime) : « Vous avez réalisé les désirs de son cœur, vous avez exaucé la prière de ses lèvres. — Vous l’avez comblé des bénédictions de la
douceur. — Vous avez posé sur sa tête une couronne enrichie de pierres précieuses. »
« Alléluia, alléluia (au Temps Pascal) Joseph, fils de David, ne crains point de prendre Marie pour ton épouse. Car ce qui est né en elle vient de l’Esprit-Saint. Alléluia. »
Évangile selon saint Matthieu, c. 1 : « Marie, Mère de Jésus, ayant épousé Joseph, conçut du Saint-Esprit, avant qu’ils eussent été réunis. Joseph, qui était un homme juste et qui ne voulait pas l’accuser, se décida à la quitter secrètement. Comme cette pensée occupait son esprit, un ange du Seigneur lui apparut pendant la nuit et lui dit : Joseph, fils de David, n’hésitez pas à prendre avec vous Marie, votre épouse. Ce qui est né en elle vient de l’Esprit-Saint. Elle enfantera un fils que vous appellerez Jésus. C’est lui, en effet, qui délivrera son peuple de ses péchés. »
En cette fête de joie, l’évangile rapporte la douloureuse épreuve de saint Joseph, épreuve si délicate qui étale en pleine lumière la foi et la bonté de cet élu de Dieu. Lui aussi, il fallut qu’il souffrît, qu’il achetât par sa souffrance l’incomparable dignité que Dieu lui réservait. Quand on approche de Jésus et plus on l’approche, plus il faut souffrir. Comme l’a dit Bossuet, si je ne me trompe, Jésus est un enfant de malheur. Joseph souffre dès qu’il apparaît en ce monde, sa mère, sa vraie mère souffrira plus que tous les autres. C’est la loi de Jésus Rédempteur. Heureux qui la comprend et la pratique.
Offertoire : « Seigneur, vous avez réalisé les désirs de son âme, exaucé la prière de ses lèvres. Vous avez placé sur sa tête une couronne enrichie de pierres précieuses. »
Secrète : « Nous vous rendons, Seigneur, le tribut de notre hommage en vous demandant humblement de protéger vos dons en nous, par les suffrages du bienheureux Joseph, l’époux de la Mère de votre Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ, en l’honneur duquel nous vous offrons ce sacrifice. »
Préface : « Il est vraiment digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre grâces partout et toujours, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel et en cette solennité du bienheureux Joseph, de vous glorifier par les louanges qui vous sont dues, de vous bénir et de publier vos grandeurs. Cet homme juste, vous l’avez donné pour époux à la Vierge Mère de Dieu. Ce serviteur fidèle et prudent, vous l’avez établi sur votre Famille, afin que, remplissant le rôle de Père, il gardât votre Fils unique, conçu par l’opération du Saint-Esprit, Jésus-Christ, Notre Seigneur. »
Communion : « Prends l’Enfant et sa Mère et retourne dans le pays d’Israël, car ceux qui en voulaient à la vie de l’Enfant sont morts. »
Joseph est essentiellement Protecteur. Il protège sur terre la Famille de Dieu : l’Enfant et sa Mère. Il n’a pas cessé d’être Protecteur. Aujourd’hui la Famille de Dieu sur terre, c’est la Sainte Église. Aussi nous lui demandons de protéger, de conserver en nous le don de Dieu. Le don de Dieu, nous l’appelons Jésus, comme Joseph l’appelait lui-même. Menacé toujours en chacun de nous, persécuté par notre propre malice, nous avons besoin pour le garder de l’assistance de Joseph. Si nous le perdions, que deviendrions- nous ? Que Joseph conserve en nous le Don de Dieu, Jésus, jusqu’à ce que nous le possédions sans crainte de le perdre dans l’éternité.
Postcommunion : « Seigneur, par ces mystères auxquels nous avons participé, que la solennité du très bienheureux Patriarche Joseph, soit pour nous un secours efficace, lui qui a mérité d’adorer dans la crèche le Fils de la Vierge Mère, sa sainte épouse. »
Après l’épreuve, la joie suprême pour Joseph d’adorer dans son berceau le Fils de Dieu fait homme, fils également de sa sainte épouse, la bienheureuse Vierge Marie. Qui dira l’allégresse du cœur de Joseph et sa reconnaissance à la bonté de Dieu pour lui ?