Saint Grégoire le Grand

Pape, Docteur de l’Église

LA MESSE

Introït : « Prêtres de Dieu, bénissez le Seigneur, Saints et humbles de cœur, louez Dieu. — Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur, louez-le, glorifiez-le dans tous les siècles. »

Grégoire le Grand est le patron de la Liturgie, car il en fut l’organisateur et le promoteur le plus éclairé.

C’est pourquoi, au lieu de prendre la messe des Docteurs, on lui applique, à l’Introït, une messe toute sacerdotale. Elle résume, non pas sa vie, qui fut remplie d’autres œuvres, mais son activité liturgique, l’activité sacerdotale. Car Grégoire, avant tout, fut prêtre, essentiellement prêtre.

Il appartient à l’Ordre monastique de Saint-Benoît dont il est une des gloires les plus magnifiques, mais il n’est pas seulement moine bénédictin, il est prêtre. Et c’est pourquoi, quand il devint Pape, c’est-à-dire, chef des prêtres, comme Souverain de toute l’Église, Grégoire voulut que le culte divin, cette œuvre de Dieu par excellence, dont il avait goûté les charmes et reçu la profonde influence dans les abbayes bénédictines, fût célébré dans l’Église entière avec ordre, avec solennité.

Romain de naissance, Grégoire a le génie de l’organisation. Il veut que le droit règle et détermine la Liturgie, comme il règle et détermine les actes de la société. Il lui semble que,

vis-à-vis de Dieu, le peuple chrétien doit observer l’étiquette qui a cours dans le palais des rois. Et dans le monde, l’Église est la grande maîtresse du Palais de Dieu. Elle a, par son sacerdoce, le ministère unique du sacrifice de la prière officielle. Tout ce qui regarde Dieu dépend d’elle. C’est donc à elle qu’il appartient d’organiser le service de Dieu, son service public, solennel.

Grégoire en fit une de ses grandes préoccupations. Les cérémonies du culte, le texte des prières, le chant qui les accompagnait, rien ne lui échappe. Il veut que dans toute l’Église la louange de Dieu soit parfaite.

Nous bénéficions aujourd’hui encore de l’œuvre de Grégoire et chaque fois que l’on veut rendre au culte divin sa pureté, sa noblesse, c’est aux principes de Grégoire que l’on a recours.

En cette Liturgie Dominicaine, qui a reçu beaucoup de lui, nous le saluons comme un Père. Car, nous l’avons dit au premier volume de cet ouvrage, la Liturgie Dominicaine est romaine, et, à ce titre d’origine, elle doit sa beauté, comme toute liturgie romaine, à saint Grégoire le Grand.

Oraison : « Dieu, qui nous réjouissez par la solennité annuelle du bienheureux Grégoire, votre confesseur et pontife, accordez-nous, avec bonté, de profiter de la protection de celui qui nous a révélé, par sa vie et sa doctrine, beaucoup de mystères des saintes Écritures. »

Cette oraison a rapport aux œuvres doctrinales de Grégoire, dont les lumineuses et fines explications servent admirablement à la sanctification des âmes.

Épître de saint Paul à Timothée, c. I : « Mon très cher fils, je vous en conjure devant Dieu et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts au jour de son avènement et de son règne, annoncez la parole, pressez les hommes à temps, à contre-temps ; reprenez, suppliez, menacez, sans vous lasser jamais de supporter et d’instruire. Car un jour viendra où les hommes ne pourront plus souffrir la saine doctrine, et où, travaillés d’une extrême démangeaison d’entendre ce qui les flatte, ils auront recours à une foule de docteurs propres à satisfaire leurs désirs, et ils fermeront l’oreille à la vérité, et l’ouvriront à des fables. Mais pour vous, veillez continuellement ; travaillez sans relâche ; acquittez-vous des devoirs d’un prédicateur de l’Évangile, remplissez votre ministère ; soyez sobre. Car pour moi, je suis sur le point d’être immolé, et le temps de ma mort approche. J’ai soutenu un bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Il ne me reste qu’à attendre la couronne de justice qui m’est réservée, et que le Seigneur, comme un juste juge, me donnera en ce grand jour ; et non seulement à moi, mais encore à tous ceux qui désirent son avènement. »

Graduel : « Le Seigneur l’a juré, et il ne révoquera pas son serment : Vous êtes le Prêtre éternel, selon l’ordre de Melchisédech. — Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite. »

Alléluia : « J’ai trouvé David, mon serviteur, je l’ai sacré de mon huile sainte.»

Évangile selon saint Matthieu, c. 5 : « En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Vous êtes le sel de la terre. Si le sel perd sa force, avec quoi salera- t-on ? Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée, et on n’allume point une lampe pour la mettre sous le boisseau ; mais on la met sur un chandelier, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Ainsi, que votre lumière brille devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les Cieux. Ne pensez pas que je sois venu détruire la loi et les Prophètes : je ne suis pas venu les détruire, mais les accomplir ; car je vous le dis en vérité, le ciel et la terre ne passeront point sans que tout ce qui est dans la loi soit accompli parfaitement, jusqu’à un seul iota et à un seul point. Celui donc qui violera le moindre de ces commandements, et qui apprendra aux hommes à le violer, sera le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui fera et enseignera, sera grand dans le royaume des cieux. »

Avec ce bienheureux Pontife, aimons à vivre de la vie liturgique. C’est dans la suite de la grande Œuvre de Dieu sur la terre que rappellent les Temps liturgiques, dans les textes sacrés qui leur sont appropriés, que l’âme puise la doctrine la plus saine, la plus profonde, la plus sanctifiante. Ces textes nous donnent la parole de Dieu et nous font pénétrer plus avant et plus sûrement dans le sens des mystères de la foi. Vivre de la liturgie, c’est vivre en contact perpétuel avec l’amour de Dieu.