Confesseur
MESSE : Justus ut palme
Oraison : « Dieu qui avez daigné appeler miraculeusement le bienheureux Félix, votre Confesseur, de la solitude du désert à la mission de racheter les captifs, accordez-nous, par votre grâce, d’être délivrés, par sa prière, de la captivité de nos péchés et d’arriver à la céleste patrie ».
Dieu prend ses serviteurs où il veut et il les dirige comme il veut.
Félix appartenait à la famille royale de France. L’éclat de cette naissance ne l’éblouit pas. Il comprit la grandeur unique de Dieu et le néant de toute créature, en quelque rang qu’elle soit dans le monde. Sur un trône comme sur une botte de paille, dans un palais comme dans une hutte l’homme est toujours devant Dieu, ce qu’il est, c’est-à-dire rien. Félix le comprit. Fuyant le monde et ses vanités, il se retira dans la solitude, pour, y contempler à son aise la bonté de Dieu. Il se croyait évidemment dans sa vocation définitive. Il se trompait. Dieu avait d’autres vues sur lui. Il en voulait faire, comme d’un bon fils de France, son chevalier, le chevalier de sa miséricorde. Et sans doute que Félix, tout en vivant loin de la cour de France, avait gardé dans son âme l’ardeur des princes français pour tout ce qui était noble et généreux. Le sang de la race vivait en lui. Et de fait, il rencontra, un jour, un autre solitaire, Jean de Matha, maître de Paris, que le Saint-Esprit poussait à l’œuvre magnifique de la rédemption des captifs, esclaves des Maures. Jean de Matha fit part de ses projets à Félix de Valois. Après avoir prié longuement, pressés par l’appel de Dieu qui se faisait impérieux, ils allèrent tous deux trouver Innocent III. Ce grand Pape les accueillit avec bienveillance. Bénis par lui, revêtus de l’habit aux trois couleurs, blanc pour la tunique, avec dessus, une croix bleue et rouge, — déjà les couleurs futures du drapeau français, — Félix et Jean de Matha fondèrent l’Ordre des Trinitaires pour le rachat des chrétiens, prisonniers des Maures. Ce titre de Trinitaires vient des trois couleurs de l’habit de l’Ordre.
Félix revint en France où il bâtit le premier couvent de l’Ordre, à Cerfroi, dans le diocèse de Meaux.
L’œuvre de la rédemption des captifs était commencée.
Ainsi, cet homme qui se croyait appelé à la solitude, sortait de cette solitude, formé par le silence de la contemplation, pour se dévouer, non pas en France mais en Afrique, au rachat des captifs.
Il mourut en 1212.
Laissons la sagesse et la bonté de Dieu diriger notre vie. Si cette direction est toute de lui, nous serons dans la vérité et nous aurons la paix. Si nous y mettons du nôtre, vérité et paix seront affaiblies. Il pourra nous sauver. Car, il arrive souvent que « Dieu nous veut dans une barque où il ne nous met pas lui-même ». Sa bonté pousse quand même la barque, sur des flots plus ou moins agités, vers le port.