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L’immaculée Conception de la Très Sainte Vierge

Fêté le

8 décembre

LA MESSE

Introït : « Joyeuse, je me réjouis dans le Seigneur, mon âme exulte d’allégresse en mon Dieu, car, il m’a parée des vêtements du salut, il m’a enveloppée des vêtements de la justice, il m’a ornée, comme une épouse, des bijoux les plus précieux. – Seigneur, je vous glorifie, car vous m’avez protégée, vous n’avez pas permis à mes ennemis d’avoir puissance sur moi ».

Joie infinie de la très Sainte Vierge, l’immaculée, sortie des mains de Dieu, son créateur, dans la magnificence d’une pureté sans tache. La joie de Dieu est sans limite. Il se connaît et se dit à lui-même tout ce qu’il est, il s’aime de tout ce qu’il est, de tout ce qu’il se connaît, de tout ce qu’il se dit de lui-même à lui-même, et de cette connaissance, de cette parole, de cette conscience de ce qu’il est résulte une joie infinie, qui est ce qu’est Dieu lui-même. Cette joie, béatitude de Dieu, se répand d’abord sur son Fils bien aimé, fait homme. Dans l’Humanité sainte de Jésus, la joie de Dieu s’écoule, sans limite, sans arrêt. Après l’Auguste Trinité, l’être le plus joyeux est la sainte Humanité de Jésus, cette joie de Dieu remplit son intelligence, remplit son cœur, remplit sa chair d’homme. Jésus comme homme est l’être le plus joyeux, car il est celui qui participe le plus à tout ce qu’est Dieu.

Plus bas se trouve la Vierge Marie, elle, simple créature, mais créature toute belle, toute pure, sans aucune tache originelle, et parce que la Vierge Marie est Mère de Dieu, elle reçoit de Jésus, son Fils, une joie unique, supérieure à toutes les joies de tous les êtres réunis. Que vous êtes heureuse, humble Vierge Marie, que vous êtes joyeuse d’être, par la bonté de Dieu, ce que vous êtes. Elle en a conscience, conscience lumineuse, absolue, totale. Elle sait tout ce qu’elle a reçu, mais de tout ce qu’elle est, de tout ce qu’elle a reçu, elle rend à Dieu, de qui elle a tout reçu, la louange totale de tout ce qu’elle est. Sa joie est la louange suprême de l’humanité à Dieu.

Oraison : « Dieu, qui par l’immaculée Conception de la Vierge avez préparé à votre Fils une habitation digne de lui, nous vous demandons que, l’avant préservée de toute souillure en prévision de la mort de ce même Fils, vous nous accordiez, par son intercession, de nous purifier nous-mêmes pour arriver à vous ».

C’est tout le dogme de l’immaculée Conception qui est précisé en cette oraison.

La raison de ce privilège est la dignité unique de Mère de Dieu. Il ne pouvait se faire que, même un instant, la Mère de Dieu fût sous la puissance du démon. Il y a trop d’intimité de chair et d’âme entre une mère et son fils, pour que le démon ait pu, un seul instant, se mettre entre les deux.

Jésus, le saint, voulut avoir une mère absolument sainte. Et I’Auguste Trinité créa Marie de chair et d’âme pure, comme au premier jour de la création d’Adam, avant sa chute. Aucun nuage jamais entre elle et Dieu.

Mais, comme Marie était et devait être comme son Fils, fille d’Adam, cette préservation du péché originel, cette création dans la sainteté immuable fut le plus grand, le plus beau fruit de la douloureuse Passion de Jésus.

Elle fut préservée, elle fut créée toute pure, toute sainte, en vue du sang répandu du Sauveur. De sorte que la Vierge Mère est sauvée par le sang de Jésus, non pas comme nous du péché originel encouru qui nous souille, mais de l’atteinte même de ce péché. Pour tous les hommes, le sang de Jésus sauve après la chute ; pour Marie, il sauve en la préservant de la chute.

Privilège unique qui place l’humble vierge Marie en dehors de l’humanité coupable, tout en la mettant avec elle au pied de la croix. Elle reçoit plus, par ce privilège, que tous les hommes. En elle, le sang de Jésus donne son effet le plus complet, le plus parfait, le plus sublime.

Épitre : livre de la Sagesse, Prov. 8. Dominas possedit me

Graduel : « Vous êtes bénie, Vierge Marie, par le Seigneur Dieu très haut, au-dessus de toutes les femmes de la terre. – Vous êtes la gloire de Jérusalem, la joie d’Israël, vous êtes l’honneur de votre peuple. Alleluia, Alleluia. Vous êtes toute belle, Marie, la tache originelle n’est pas en vous ».

Simple créature, sortie immaculée des mains de Dieu, Marie est à la tête de l’humanité. Elle en est la gloire, la joie, l’honneur. Sur elle toute la beauté divine s’est reposée. Elle a de Dieu tout ce que Dieu peut donner à un être créé. A ce titre, elle participe plus que tous les êtres créés réunis à l’être de Dieu. Elle en possède toute la magnificence. Marie est le chef-d’œuvre de l’humanité. Elle a un rang à part, réservé, unique. Elle est la souveraine de la création. Elle voit au-dessous d’elle tout ce qui est sorti de Dieu ; au-dessus, Dieu seul.

Évangile : saint Luc, c. 2. « En ce temps là, l’ange Gabriël fut envoyé par Dieu en une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d’une vierge, fiancée à un homme, dont le nom était Joseph, de la maison de David, et le nom de la vierge était Marie. L’Ange s’approcha d’elle et dit : Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes. »

Gabriël sait à qui il s’adresse. Quand il pénètre, sous forme humaine, auprès de Marie, il la contemple avec joie et respect. Elle ! La Mère de Dieu, dans un instant ! Elle ! Comblée, par la bonté de Dieu. Et Gabriël, ému, la regarde. Il sait qu’elle est plus riche de Dieu que lui-même, plus riche de Dieu que tous les Esprits bienheureux, et il la salue comme sa Souveraine. Devant Marie, l’ange se fait petit. Car, lui, il sait ce qu’est la grâce de Dieu. Il en voit dans l’éternelle béatitude la magnificence, et cette magnificence s’efface devant la magnificence de Marie. Et Gabriël la regarde encore, ébloui. Quand il se retire, le grand mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu accompli, il emporte avec lui une joie infinie.

Offertoire : « Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes ».

Secrète : « Recevez, Seigneur, cette victime salutaire que nous vous offrons en cette solennité de l’immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie et délivrez-nous, par son intercession, de toutes nos fautes, comme nous confessons que vous l’avez préservée par votre grâce prévenante de toute souillure ».

Communion : « De glorieuses choses sont dites de vous, ô Marie, car le Tout-Puissant a fait en vous des œuvres sublimes ».

Postcommunion : « Seigneur notre Dieu, que les sacrements auxquels nous avons participé guérissent en nous les blessures de la faute dont vous avez préservé, par grâce unique, l’immaculée Conception de la bienheureuse Marie ».

Grâce unique ! Tellement unique, tellement merveilleuse, que longtemps il y eut dans l’Église, deux courants de doctrine à ce sujet. Les uns professant la croyance à l’immaculée Conception, les autres y opposant des raisons qu’ils estimaient sérieuses. Mais l’Église elle-même, tout en laissant à l’École la liberté de ses opinions, inclinait manifestement à suivre la croyance populaire, qui mettait sur le front de la Mère de Dieu ce brillant diadème.

Le 8 décembre 1854, Pie IX, entouré des évêques du monde entier proclama, aux applaudissements de toute la chrétienté, que la croyance à l’immaculée Conception de la sainte Vierge, sa préservation de la faute originelle, par grâce spéciale de Dieu, en vue des mérites prévus de la douloureuse Passion de Jésus, était une vérité de foi, contenue dans la Révélation, par conséquent un dogme indiscutable.

Tous les cœurs furent en joie et le sont toujours.

Quatre ans après, en 1858, la Vierge Marie apparaissait à Lourdes, dans une grotte, à une petite enfant. Elle lui parlait, elle lui enseignait à réciter son chapelet, elle demandait que ce lieu devînt un pèlerinage, assurant qu’elle comblerait en ce lieu de ses bienfaits ceux qui viendraient l’y vénérer.

Elle était belle, cette Dame ! Elle était vêtue de blanc, elle avait une ceinture bleue, à laquelle un rosaire était suspendu, et sur ses sandales des roses s’épanouissaient. Vision douce, ravissante.

Mais Bernadette, la jeune voyante, voulut savoir son nom. Et la Vierge toute belle, les mains jointes sur sa poitrine, les yeux levés au ciel dont la béatitude la remplissait, dit : « Je suis l’immaculée Conception. »C’était la réponse de Marie à Pie IX, la signature posée par elle-même à la bulle pontificale.