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La Conversion de Saint Paul

Fêté le

25 janvier

MESSE

Introït : « Que tous se réjouissent dans le Seigneur, en célébrant solennellement ce jour où le bienheureux Paul a glorifié le monde par sa conversion. — Seigneur, vous m’avez mis à l’épreuve et vous me connaissez. Vous m’avez connu assis et vous me connaissez debout. »

Joie infinie que la conversion de saint Paul ! Le ciel et la terre s’unissent dans la même jubilation. Quand Dieu veut une âme, comme il la poursuit et brise sa résistance !

Saint Paul, lui-même, nous raconte cette poursuite de Dieu ; poursuite d’amour implacable. Il n’y a rien de plus terrible que l’amour. Ce qu’il veut, il le prend. Et Dieu voulait Paul pour lui, il l’a pris.

Oraison : « Dieu, qui avez enseigné le monde entier par la prédication du bienheureux Apôtre Paul, accordez-nous, en ce jour où nous célébrons sa conversion, de marcher vers vous en suivant ses traces. »

Épitre, Actes des Apôtres, c. 9 : « En ces jours-là, Saul, qui ne respirait encore que menaces et carnage contre les disciples du Seigneur, alla trouver le Grand-Prêtre et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que s’il se trouvait quelques personnes, hommes et femmes, de cette religion, il les amenât prisonniers à Jérusalem. Comme il était en route et approchait de Damas, il fut tout à coup enveloppé d’une lumière qui venait du ciel, et, étant tombé à terre il entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? il répondit : Qui êtes-vous, Seigneur ? Et le Seigneur lui dit : Je suis Jésus, que tu persécutes ; il t’est dur de regimber contre l’aiguillon. Alors, tout tremblant et effrayé : Seigneur, dit-il, que voulez-vous que je fasse ? Le Seigneur lui répondit : Lève-toi, entre dans la ville, et l’on te dira ce que tu devras faire.

Ceux qui l’accompagnaient s’étaient arrêtés, étonnés, car ils entendaient bien une voix, mais ils ne voyaient personne. Saul se releva de terre et quoiqu’il eût les yeux ouverts, il ne voyait pas. Alors, on le conduisit par la main et on le mena à Damas, où il fut trois jours sans voir, sans manger ni boire. Or, il y avait à Damas un disciple, nommé Ananie, à qui le Seigneur dit dans une vision : Ananie ! Et il répondit : Me voici, Seigneur. Le Seigneur lui dit : lève-toi, va dans la rue Droite et cherche dans la maison de Jude un nommé Saul, de Tarse, qui est en ce moment en prière. (Dans ce même moment Saul voyait en esprit un homme nommé Ananie qui entrait et lui imposait les mains pour lui rendre la vue). Mais Ananie répondit au Seigneur : Seigneur, j’ai entendu différentes personnes dire combien cet homme a fait de mal à vos saints dans Jérusalem ; il est même venu ici avec le pouvoir, de la part des princes des prêtres, de faire prisonniers tous ceux qui invoquent votre Nom. Va, lui dit le Seigneur, car cet homme je l’ai choisi pour qu’il porte mon nom devant les gentils, devant les rois et devant les enfants d’Israël. Aussi je lui apprendrai combien il devra souffrir pour mon Nom.

Ananie partit et, étant entré dans la maison, il lui imposa les mains et lui dit : Saul, mon frère, le Seigneur Jésus qui vous a apparu dans le chemin par où vous veniez, m’a envoyé afin que vous recouvriez la vue et que vous soyez rempli du Saint-Esprit. Au même instant, il tomba de ses yeux comme des écailles et il recouvra la vue. Puis, s’étant levé, il fut baptisé. Il prit ensuite de la nourriture et ses forces lui revinrent. Il demeura pendant quelque temps avec les disciples qui étaient à Damas. El aussitôt, il prêcha dans les synagogues que Jésus était le Fils de Dieu. Tous ceux qui l’entendaient en étaient très étonnés, ils se disaient : N’est-ce pas cet homme qui persécutait à Jérusalem ceux qui invoquent ce Nom et qui est venu ici pour les saisir et les mener prisonniers aux princes des prêtres ? Mais Saul se fortifiait de plus en plus et confondait les Juifs de Damas, en affirmant que Jésus était le Christ. »

Paul, ennemi et persécuteur du Christ, est terrassé sur le chemin de Damas par le Christ lui- même. Lui, qui doit être le grand Apôtre du Sauveur, il faut qu’il soit transformé, renouvelé dans tout son être. Il a conscience de cette divine transformation. Ce que je suis, dira-t-il, je le suis par la grâce de Dieu. Je n’ai rien fait pour le mériter, au contraire ! C’est Dieu seul qui m’a prédestiné, qui m’a choisi, qui m’a éclairé. Je suis entre ses mains ce qu’il veut que Je sois. J’ai tout reçu de Dieu : le pardon de mes fautes, la lumière de la foi, la force de la volonté. Si j’aime Dieu, si j’aime Jésus, c’est parce qu’il a voulu que je l’aime. Je ne le connaissais pas, je ne l’aimais pas, je ne le servais pas, et maintenant, je le connais, je l’aime et je le sers, je mourrais pour lui, parce que lui a été assez bon pour s’abaisser jusqu’à moi et me tendre la main, à moi, pauvre pécheur.

Paul vit de cette bonté de Dieu pour lui, son cœur est plein, sa joie est infinie.

A nous, pauvres pécheurs, de remercier, d’aimer et de servir Dieu, qui nous a pardonnés tant de fois, comme Paul l’a aimé et servi. Unissons nos cœurs au cœur de Paul pour fêter la bonté de Dieu.

Graduel : « Ce que Dieu a fait par Pierre dans l’apostolat, il le fait par moi auprès des païens, et ils connaissent la grâce de Dieu, qui m’a été donnée. — La grâce de Dieu n’a pas été stérile en moi ; sa grâce est toujours en moi. »

Alléluia, alléluia : « Le grand saint Paul, cet instrument de choix, doit être dignement glorifié. »

Au temps de la Septuagésime : « Vous êtes un vase de choix, apôtre saint Paul, vous êtes digne d’être glorifié. — Vous êtes le Prêcheur de la vérité, le Docteur des nations dans la foi et la vérité. — Par vous, toutes les nations ont connu la grâce de Dieu. — Intercédez pour nous auprès de Dieu, qui vous a choisi. »

Connaître la grâce de Dieu ! c’est le grand bienfait, c’est le tout en ce monde. Savoir que Dieu nous aime, que Dieu veut nous donner sa joie à lui, qu’il est avec nous sur notre chemin de Damas, aussi misérables que nous soyons, pour nous éclairer, pour nous pardonner, pour nous aider. Tout cela, c’est la grâce de Dieu, cette grâce qui, à l’heure de notre mort, nous ouvrira le ciel, à nous, pauvres pécheurs.

Évangile selon saint Matthieu, c. 19 : « En ce temps-là, Pierre dit à Jésus : Voici que nous avons tout quitté pour vous suivre, qu’aurons-nous en retour ? Jésus lui dit et aux autres aussi : Je vous le dis en vérité, vous qui m’avez suivi, à la nouvelle naissance, quand le Fils de l’homme prendra place sur le trône de sa Majesté, vous serez assis, vous aussi, sur douze trônes, pour juger les douze tribus d’Israël. Et quiconque laissera pour mon nom, sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses fils, ou ses champs, recevra le centuple et possédera la vie éternelle. »

Paul n’hésite pas. Comme il le dit dans une de ses Épîtres, une fois que j’ai eu connu l’appel de Dieu, je n’ai plus pensé à rien de ce monde, j’ai tout laissé, tout abandonné. Je ne veux plus que Dieu et rien que Dieu. Mais, dans le cœur et sur les lèvres de Paul, ce n’est pas une vaine formule, c’est la réalité absolue. Si bien qu’il pourra dire : Vivre pour moi, c’est le Christ. Je n’ai plus d’autre pensée, d’autre préoccupation, d’autre joie, d’autre amour, d’autre désir en ce monde : le Christ. Le reste m’est égal. Que je souffre ou que je ne souffre pas, que l’on m’honore ou que l’on me maltraite, que je sois dans la joie ou dans la tristesse, que j’aie faim ou que je sois rassasié, peu m’importe, je ne connais plus, je n’aime plus, je ne désire plus que le Christ. Avec lui, j’ai toute joie, j’ai le centuple promis, j’ai la vie éternelle.

Offertoire : « Dieu, vos amis sont à l’honneur : ils ont leur puissance affermie. »

Secrète : « Seigneur, sanctifiez les offrandes de votre peuple par la prière de votre apôtre Paul, afin que ce qui vous est agréable par votre propre institution, devienne plus agréable encore par la protection de celui qui vous implore. »

Présentées à Dieu par Paul, nos offrandes seront plus agréables à Dieu, obtiendront plus de grâces pour nous, car Dieu a pour Paul l’amour le plus tendre et sa prière a toute puissance sur lui.

Communion : « Je vous le dis en vérité, vous qui avez tout laissé pour me suivre, vous recevrez le centuple et vous posséderez la vie éternelle. »

Centuple de joie intérieure et non pas de biens terrestres. Quoique, dans la vie religieuse, la sécurité même des nécessités matérielles soit déjà physiquement et moralement un repos de l’âme. Mais qu’est-ce, en comparaison des bienfaits que toute vie religieuse grave reçoit de Dieu ? C’est là le vrai centuple que la vie séculière a peine à donner. Le vrai religieux, celui qui comprend tout le sens de sa vocation, qui vit au dedans de soi, dans la pratique de la contemplation habituelle, celui-là a un centuple que seul il connaît et qui déborde dans la paix même de sa physionomie. Son « principat est affermi », son « honneur est élevé », il a au dedans de lui- même, la source de toute béatitude.

Postcommunion : « Seigneur, sanctifiés par ce mystère salutaire, nous vous demandons que jamais ne cesse pour nous la prière de celui que vous avez chargé de nous diriger par sa protection. »

Que la prière ardente de Paul demeure sur nous, pauvres pécheurs 1 Qu’elle y demeure pour nous illuminer, nous révéler le Christ Jésus, nous détacher de tout pour le servir, lui, le seul qui soit digne d’être aimé !