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La Chaire de Saint Pierre à Rome

Fêté le

18 janvier

LA MESSE

Introït : « Le Seigneur a fait avec lui une alliance pacifique, il l’a constitué prince : il possède pour l’éternité la dignité du sacerdoce. — Seigneur, je chanterai éternellement vos miséricordes. »

Cri du cœur de saint Pierre, le pêcheur de Galilée, choisi par Jésus pour être son apôtre, et plus que son apôtre, le chef, le prince de son Église. Et en ce jour, l’Église célèbre la prise de possession du siège de Rome par saint Pierre. Des années ont passé depuis les doux entretiens avec le Maître sur les bords du lac de Galilée ; des années ont passé depuis la douloureuse Passion du Sauveur, et Pierre garde fidèlement, doucement, dans son cœur le souvenir, la présence vivante de son Maître bien-aimé. Pour lui seul il vit, pour lui seul il souffre. Sa pensée ne le quitte pas.

Voyez-vous arriver à Rome, l’orgueilleuse capitale de l’empire, cet homme pauvre, simple, sans prestige ? De la Voie Nomentana par laquelle il marche, il voit les splendides monuments qui sont la gloire et la force de Rome : ses temples, ses Thermes, ses Forum, ses palais, toutes les statues de ses dieux. La majesté de l’empire romain ne l’effraie point. Pierre porte en son cœur une autre majesté, la majesté toute-puissante de son Maître qui lui a dit : Va ! Et il va, il fait son entrée dans la ville éternelle, celle qui à jamais sera sa ville à lui, celle qui gardera son tombeau comme un trésor ; celle qui, plus que la Rome des Césars, sera par lui, par ses successeurs, jusqu’à la fin des temps, la Capitale du monde. Pierre entre dans Rome, il en prend possession, il s’assied sur la chaise de Pudens et cette chaise sénatoriale devenue la Chaire de saint Pierre, aujourd’hui, on la vénère à deux genoux, là-bas au fond de la basilique vaticane.

Souvenir impérissable dans sa simplicité et sa grandeur que cette entrée de Pierre à Rome. Il a pour toujours la Primatie, le principat de la dignité sacerdotale.

Tout dans l’Église du Christ vient de saint Pierre et de ses successeurs ; tout dans l’Église retourne au Christ par saint Pierre et ses successeurs. On n’est uni au Christ que par lui.

Oraison : « Dieu qui, en donnant à votre apôtre Pierre les clefs du royaume céleste, lui avez accordé le ministère pontifical de lier et de délier, faites que par le secours de son intercession, nous soyons délivrés des chaînes de nos péchés. »

C’est Pierre qui lie, c’est Pierre qui délie, la bonté de Dieu passe par ses mains. Sa justice aussi. Il ouvre et il ferme la porte du ciel.

Mémoire de sainte Prisque : Elle est attachée essentiellement à cette prise de possession de Rome par saint Pierre. C’est dans la maison de Prisque, à l’Aventin, que Pierre fonda une de ses églises domestiques, comme celle de Pudens au Viminal. Quand on veut vénérer les pas de l’apôtre à Rome, on va de la maison de Pudens à celle de Prisque. On est chez lui, on le voit, on l’entend, et le cœur s’émeut de tout ce qu’il raconte de Jésus, son Maître bien-aimé. Écoutez plutôt ce qu’il écrivait aux chrétiens dispersés dans l’Asie-Mineure.

Épître de saint Pierre, I, c. 1 : « Pierre, apôtre de Jésus-Christ, aux étrangers élus, dispersés dans les territoires du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie et de la Bithynie, à vous tous, choisis selon la prescience de Dieu le Père, pour être sanctifiés par l’Esprit-Saint, pour obéir à la foi et être arrosés par le sang de Jésus-Christ, abondance de grâce et de paix.

Béni soit Dieu le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, par sa grande miséricorde nous a régénérés par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts et nous a donné l’espoir de la vie, l’espoir de cet héritage que rien ne peut détruire, ni corrompre, ni diminuer. Héritage qui vous est réservé dans le ciel, à vous que la puissance de Dieu garde dans la foi pour vous donner la jouissance du salut qui sera manifesté à la fin des temps. Soyez donc dans la joie, même si vous êtes éprouvés sur terre par de nombreuses tribulations. Car ces tribulations sont l’épreuve de votre foi qui doit être plus précieuse que l’or, que l’on éprouve par le feu, afin qu’elle soit une louange et une gloire au jour de l’avènement de Jésus- Christ Notre-Seigneur. »

Pas de tristesse dans la souffrance, pas de découragement, pas d’hésitation devant le martyre. Nous avons en nous la divine Parole, la vérité. Avec elle, nous avons le ciel. Et ce bienfait incomparable est le don de Jésus, Notre- Seigneur.

Comme Pierre devait dire de pareilles choses ! Avec quel accent ! En face de la Rome païenne, lui qui portait Jésus dans son cœur, qui l’avait vu et entendu, lui qui gardait son regard si bon, si tendre, sans pouvoir jamais en détacher le sien.

Graduel : « Qu’on l’élève dans l’assemblée du peuple ! Qu’on le glorifie dans la chaire des Anciens ! Que vos miséricordes, Seigneur, soient votre louange, et vos merveilles devant les enfants des hommes. »

Alléluia, alléluia : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. Alléluia. »

Trait (pendant la Septuagésime) : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. — Et les Puissances de l’enfer ne l’emporteront pas sur elles, et je te donnerai les clefs du royaume des cieux. — Tout ce que tu lieras sur la terre, sera lié dans le ciel. — Et tout ce que tu délieras sur la terre, sera délié dans le ciel. »

C’est la suprême délégation ! Jésus donne à Pierre tous ses pouvoirs. De sorte que Pierre, ce pauvre pêcheur de Galilée, c’est désormais Jésus. Ils ne font qu’un et ne feront qu’un jusqu’à la fin des temps. L’Église est fondée par Jésus, mais il la fonde sur Pierre. Jeu de mots divin, créateur, qui donne à Pierre de porter l’Église de Dieu. Qu’on l’élève dans l’assemblée, qu’on le place au-dessus de tous dans la chaire d’où il enseigne. Il est la Parole de Dieu. Qui l’écoute, écoute Dieu, qui le renie, renie Dieu. Il faut être avec Pierre, pour être avec Jésus. Union de pensée, union de cœur, union de puissance, entre Jésus et Pierre.

Voici le texte authentique de cette investiture :

Évangile selon saint Matthieu, c. 16 : « En  ce temps-là, Jésus se rendit dans la contrée de Césarée de Philippe, et il posa à ses         disciples cette question : Qui, dit-on, qu’est le Fils de l’homme ? Ils répondirent : les uns disent qu’il est Jean le Baptiste, les autres, Elie, ou encore Jérémie ou quel qu’autre prophète. Jésus leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Simon Pierre répondit : Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant, Et Jésus lui dit : tu es bien heureux, Simon, fils de Jean, car ce ne sont point la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est        dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les puissances de l’Enfer ne l’emporteront pas sur elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel. »

C’est clair. Jésus ne pouvait être plus affirmatif. Pierre est le fondement de l’Église. Il la porte et pour être uni au Christ, il faut demeurer sur cette pierre fondamentale. Hors d’elle, le Christ n’est pas.

Offertoire : « Ma vérité et ma miséricorde sont avec lui. Sa gloire viendra de mon nom. »

Bonté et justice sont les deux bras de Dieu, les deux bras de l’Église. Bonté pour ceux qui viennent à Dieu dans la sincérité de leur cœur ; justice pour les orgueilleux, ceux qui se redressent contre sa majesté. Mais, comme Dieu, Pierre, qui sait la faiblesse humaine, qui en a connu toutes les larmes, Pierre aime mieux excéder dans la bonté. Il ne lie, il n’écarte que s’il est forcé de le faire, par l’orgueil, le plus implacable ennemi de Dieu.

Secrète : « Seigneur, que la prière du bienheureux Pierre, votre Apôtre, vous rende agréables les prières et les sacrifices de votre Église, afin qu’en les offrant pour sa gloire, ils obtiennent pour nous le pardon. »

Communion : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. »

Postcommunion : « Seigneur, que cette offrande vous réjouisse ! Et de même que nous vous proclamons admirable en votre apôtre Pierre, de même que nous recevions par lui l’immensité de votre indulgence. »

Pierre, même dans le ciel, demeure le chef de l’Église militante. Il en conserve la haute administration. C’est lui qui présente à Dieu toutes ses supplications. Quand il la voit dans la tourmente, quand la barque menace de sombrer, il se jette aux pieds de son Maître et lui répète son cri de détresse : Seigneur, sauvez-nous, nous périssons !

Et à tous les fidèles, à ceux qui, comme lui, pauvres pêcheurs, implorent la pitié de Dieu, Pierre accorde « l’immensité de l’indulgence divine ». Il se souvient, Pierre, il se souvient de sa faiblesse, de sa trahison, il se souvient du regard douloureux, tendre de son Maître et quand il y pense, à qui ne pardonnerait-il pas ?