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La bienheureuse Lucie de Narni (1476 – 1544)

Fêté le

16 novembre

Vierge, de l’Ordre dominicain.

MESSE : Gaudeamus

Oraison : « Dieu, qui avez orné merveilleusement la bienheureuse Lucie, des stigmates de la Passion de votre Fils et qui lui avez fait vaincre les caresses du monde et surmonter ses persécutions, par les dons de virginité et de patience, faites que, par sa prière et ses exemples, nous ne soyons pas vaincus par les plaisirs de la terre ni découragés par aucune adversité ».

Lucie de Narni nous donne un exemple frappant des voies extraordinaires de la Providence dans le choix de ses élus.

Lucie de Narni, née d’une noble famille, parut sucer la piété avec le lait et recevoir dès lors le don de prophétie : en effet, alors qu’elle était encore toute petite, elle prédit beaucoup d’événements futurs. Sans goût pour les jeux enfantins et méprisant les plaisirs de cet âge, ses uniques délices étaient la vénération des saintes images et la pieuse récitation de ses prières. Plus grande, elle fut tourmentée par de graves maladies ; de fréquentes apparitions des saints l’en guérirent miraculeusement. Elle consacra sa virginité à l’Époux des vierges, de qui, outre bien d’autres dons et charismes, elle avait reçu comme gage un anneau visible. Avec une grande constance elle refusa les unions que lui proposaient ses parents ; mais finalement, après un avertissement du ciel, elle consentit au mariage, après avoir obtenu de son époux l’engagement qu’il respecterait sa virginité, qu’elle conserva jusqu’à la fin de sa vie, d’après le témoignage unanime de ses biographes, témoignage confirmé par un jugement du Saint-Siège.

Dans le mariage elle n’adoucit ni n’interrompit l’austérité de sa vie passée. Elle dompta sa chair de façon admirable, par les prières, les jeûnes, les veilles et autres mortifications, trouvant dans la communion fréquente un réconfort pour son âme. Elle avait en horreur le luxe et les vanités du siècle, distribuait aux pauvres, qu’elle aimait d’un amour de prédilection, ses habits précieux, gardant pour elle ce qu’il y avait de plus vil, et elle s’abaissait de bon cœur aux occupations les plus basses. Elle endura et repoussa les longues et cruelles attaques des démons. Traitée durement par son époux lui-même, jetée un certain temps dans un cachot, elle obtint finalement, grâce à la pureté de sa vie et à sa constance, d’être séparée de lui. C’est ainsi qu’ayant reçu avec dévotion l’habit des tertiaires de l’Ordre des Prêcheurs, elle partit pour Rome. Envoyée à Viterbe, elle y fut miraculeusement marquée par le Christ de stigmates visibles et sanglants.

À Viterbe, elle restaura la règle chez les moniales de son Ordre. Sur les instances d’Hercule Ier, duc de Ferrare, et sur l’ordre du Souverain Pontife, Lucie se rendit dans la cité ducale. Là, dans le vaste monastère qui fut fondé sous le vocable de sainte Catherine de Sienne, elle se chargea pendant de longues années, avec la plus haute charité, prudence et vigilance, de l’éducation des jeunes filles nobles et de la formation des vierges consacrées. Les injures des hommes, leurs calomnies, leurs outrages et leurs railleries la mirent à l’épreuve pendant trente-huit ans ; la maladie y ajouta ses multiples tourments ; enfin, consolée par de fréquentes visions célestes, elle alla rejoindre son Époux en l’année 1544, âgée de soixante-huit ans.

En 1710, à Ferrare, son corps fut retrouvé bien conservé avec les marques des stigmates ; on détacha un membre pour le transférer à Narni, où il est gardé dans une magnifique chapelle avec la plus grande vénération. Clément XI approuva le culte de la bienheureuse Lucie le 1er mars 1710 ; Benoît XIII concéda la célébration de l’office et de la messe à tout !’Ordre des Prêcheurs et aux clergés de Narni, de Viterbe et de Ferrare.

Vie étrange et vie très sainte, conduite par Dieu, selon ses vues. Ce qui nous enseigne que la sainteté se réalise partout, dans tous les états, par tous les moyens. Où que l’on soit et quoi que l’un fasse on peut aimer Dieu.

Lucie repose dans la cathédrale de Ferrare. Sur ses mains on peut voir la trace des stigmates.