Catherine, la vierge de Sienne, après avoir reçu l’habit du bienheureux Dominique que portent les Sœurs de la Pénitence, enflammée d’amour divin, nourrissait continuellement son âme de prière et de pieuses méditations. Elle avait surtout l’habitude de méditer les mystères sacrés de la Passion du Seigneur ; elle y était portée par un tel élan qu’elle y demeurait chaque jour pendant plusieurs heures. Après avoir reçu la Communion, ce qui lui arrivait presque chaque jour, avec grande ferveur, elle paraissait bientôt élevée de terre. Pendant qu’elle se rassasiait de cette divine contemplation, elle bénéficia de plusieurs grâces et fut même marquée des sacrés stigmates.
Sainte Catherine de Sienne se trouvait à Pise, quand, un dimanche, dans la petite église de Sainte-Christine, après avoir reçu la sainte communion, elle fut ravie en extase. Le Seigneur lui apparut, crucifié, entouré d’une lumière splendide. Des rayons s’échappaient sanglants de ses mains, de ses pieds, de son côté et frappaient le corps de Catherine aux mêmes endroits. Elle comprit le grand mystère qui s’accomplissait en elle et, humblement, elle supplia son bon maître de ne pas permettre que ces plaies parussent au dehors sur ses membres. Jésus l’exauça et aussitôt les rayons perdirent leur couleur de sang pour se faire lumineux. Mais la douleur ressentie par Catherine fut si aiguë qu’elle en serait morte si Dieu ne l’avait assistée.
Ce phénomène surnaturel fit de Catherine comme un Christ vivant. Elle souffrait toutes les tortures des plaies sacrées, sans qu’elles fussent visibles.
Catherine avait compris le mystère de la Passion de Jésus. Elle savait que rien ne se fait de bon pour le salut des âmes sans cette douloureuse Passion, et, elle qui avait
pour sauver l’Église, elle devait plus que toute autre participer aux souffrances du Rédempteur. Jamais nous ne serons assez convaincus de cette nécessité de l’incorporation réelle à Jésus crucifié, pour notre salut personnel et celui des autres. Et plus on veut sauver d’âmes par sa parole ou par ses œuvres, plus on doit s’unir réellement aux souffrances de Notre-Seigneur. Nous le savons en principe, mais nous avons peine à mettre ce beau principe en action. Sainte Catherine fut crucifiée avec Jésus, et c’est pourquoi elle eut tant d’influence sur les destinées de l’Église. Ce ne sont pas ses paroles qui ramenèrent le Pape à Rome, c’est son sang uni à celui du Sauveur. Aussi avait-elle le culte de ce sang précieux. Dans toutes ses lettres, elle s’écrie : O sang ! parce qu’elle en connaissait la précieuse efficacité. Pas de rémission sans l’effusion du sang, dit saint Paul, pas d’influence sérieuse sur les âmes sans effusion du sang, selon les volontés de la Providence sur chacun de nous.