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Dédicace de la Basilique du Très-Saint-Sauveur

Fêté le

9 novembre

LA MESSE

Il s’agit ici de deux basiliques qui dans l’objet de cette fête n’en font qu’une : la basilique proprement dite de Latran et le baptistère qui lui est proche de Saint-Jean-Baptiste. Les deux sont de Constantin. La basilique de Latran faisait, à l’origine, partie intégrale du Palais impérial de Latran. Ce palais, Constantin le donna au Pape saint Silvestre qui le convertit en basilique chrétienne. Il la dédia et consacra solennellement au Sauveur du monde. Et sur la façade apparut, pour la première fois, au peuple romain la figure du Christ Sauveur.

A côté, Constantin bâtit une basilique, de forme circulaire, soutenue par des colonnes, et au centre de laquelle se trouve le baptistère. Elle est consacrée à saint Jean-Baptiste. Plus tard, par dévotion à l’évangéliste saint Jean, on associa son nom à celui du Sauveur et du Précurseur, et la basilique de Latran s’appela et s’appelle toujours la basilique de Saint-Jean de Latran.

A tous ces titres glorieux de titulaires et d’origine cette basilique est la cathédrale des Papes. Elle porte, gravé sur ses murs de façade, qu’elle est la mère et maîtresse de toutes les églises du monde.

Les siècles l’ont, à plusieurs reprises, blessée et ruinée. Chaque fois les Papes l’ont restaurée. Mais elle a souffert autant de ces restaurations, dans sa beauté basilicale, que des ruines du temps.

Sous l’autel-majeur ou papal, renfermé dans une châsse de marbre, se trouve un autel en bois, concave, celui dont se servirent saint Pierre et les premiers Papes pour célébrer le sacrifice eucharistique. Autel portatif qui les suivait soit dans les catacombes, soit dans les maisons privées où les chrétiens se réunissaient au temps des persécutions. Vénérable relique que l’on regarde avec émotion. Elle pourrait raconter tant de choses !

Seul le Pape célèbre la messe, sauf dispense, sur cet autel du Latran.

Des œuvres d’art, des richesses fastueuses décorent cette basilique et celle du Baptistère. Elles sont un hommage au Sauveur du monde dont l’image, du haut de la façade, « apparaît toujours au peuple romain » et rayonne sur le monde entier.

La solennité de ce jour commémore tous ces grands souvenirs. Il faut les avoir présents à l’esprit et au cœur pour en savourer la beauté. chrétienne. Car la consécration de la basilique de Latran fut la première de toutes. C’est le Pape saint Silvestre qui, le premier, fixa les rites principaux de la consécration des églises et établit le premier autel, sanctifié par l’huile sainte, représentant le Christ Sauveur, qui est tout à la fois, par le symbole de cette consécration, le prêtre, l’autel et la victime.

Introït : « Terrible est ce lieu ! C’est la maison de Dieu, la porte du ciel. Son nom est le Palais de Dieu. — Que j’aime vos tabernacles, Seigneur des armées célestes ; mon âme soupire après eux, elle défaille du désir de voir la maison du Seigneur ».

Il s’agit en premier lieu du temple de Jérusalem. Dans toute la Judée, dans le monde entier, il n’y avait pour les Juifs qu’un temple unique, une maison du Seigneur. Hors du temple de Jérusalem, ils ne trouvaient que des synagogues ou lieux de réunion où on lisait les Écritures, où on les expliquait, où on chantait des psaumes.

A Jérusalem seulement, dans le temple du Seigneur, on offrait les sacrifices, on célébrait ces grandes liturgies des fêtes de la loi où l’on immolait d’innombrables victimes. Tout Juif pieux avait le désir de voir de ses yeux le Temple-Saint, d’assister aux rites sacrés, de se prosterner sur le pavé sanctifié par tant de bénédictions. C’est ce désir, que redit l’Introït. Désir mêlé de terreur, car le Dieu d’Israël était surtout le Seigneur, le Maître, le Souverain. Il dominait plutôt par la crainte que par l’amour.

Dans nos églises au contraire, c’est l’amour qui l’emporte, Car dans nos églises, ce n’est ‘plus Jéhovah qui règne, c’est la croix de Jésus qui se montre à nos regards et, dans le tabernacle, c’est Jésus lui-même, c’est-à-dire l’amour de Dieu fait homme. Nous aimons plus Dieu, que nous ne le craignons. Il nous a tant aimés lui-même, que nos cœurs sont familiers avec lui. Nous l’appelons Notre Père, nous l’appelons Notre Ami. Et nous avons avec lui des relations de famille et d’amitié.

Oraison : « Dieu, qui renouvelez tous les ans pour nous le souvenir de la consécration de ce temple et qui nous conservez en état d’assister aux saints mystères, exaucez les prières de votre peuple et accordez que quiconque entrera dans ce temple pour implorer vos bienfaits se réjouisse de les avoir obtenus ».

Épitre : Apocalypse du bienheureux Jean, apôtre, c. 21. « En ces jours-là, je vis la Cité sainte de la Jérusalem nouvelle, descendant du ciel, venant de Dieu, parée, ornée : comme une épouse pour plaire à son époux. Et j’entendis une voix forte qui sortait du trône et disait : Voici la maison de Dieu parmi les hommes, il habitera avec eux. Et les hommes seront son peuple, et Dieu lui-même sera au milieu d’eux leur Dieu. Et Dieu essuiera toutes les larmes de leurs yeux et la mort ne sera plus désormais, ni le deuil, ni les sanglots, ni la douleur, car tout ce passé aura disparu. Et celui qui était assis sur le trône dit : Voici que j’ai fait tout à neuf. »

Vision de lumière et de joie, qui nous transporte dans la vie invisible, cette vie qui doit être la nôtre éternellement. La cité nouvelle de Jérusalem, la cité des saints, a reçu toute sa parure. Ils se présentent dans la maison de Dieu, chacun avec sa gloire personnelle. Ils font partie des murs et des portes de la cité sainte. Chacun par ses épreuves, par ses souffrances a été taillé, façonné, sculpté, selon les dessins spéciaux de sa prédestination. La grâce de Dieu a poli ces pierres, elle les a travaillées d’après le modèle éternel, et chacune, dans les murs de la cité sainte est placée à sa place, par le divin architecte. C’est à lui de bâtir selon le plan qu’il a conçu ; c’est à nous, les pierres de la bâtisse, de nous laisser façonner au gré du divin architecte. Quelquefois son ciseau nous arrache quelques plaintes ; quelquefois, sous les coups de son marteau, nous versons des larmes. Allons quand même, confiant en sa sagesse et en sa bonté. Et plus tard, quand pierre vivante et riche, il nous mettra à notre place, nous n’aurons pas assez de l’éternité pour le bénir, le remercier, le fêter de tout notre cœur. Alors, les larmes seront loin, loin la douleur, loin la mort et ses angoisses. Tout ce passé sera oublié. Nous n’aurons que la joie infinie de Dieu, la sienne et la nôtre : tout sera neuf et ne vieillira jamais.

Graduel : « Ce lieu est l’œuvre de Dieu, symbole dépassant toute intelligence, il est exempt de tout défaut. — Dieu, que le chœur des Anges entoure, exaucez la prière de vos serviteurs.

Alléluia, Alléluia : « Je vous adorerai dans votre temple, je glorifierai votre Nom ».

Évangile : saint Luc, c. 19. « En ce temps-là, Jésus passait dans Jéricho. Or, il y avait là un homme nommé Zachée, il était chef des publicains et très riche. Il désirait voir Jésus, pour savoir qui il était. Et il ne le pouvait pas, à cause de la foule car il était petit de taille. Courant en avant, il monta sur un sycomore afin de l’apercevoir, car Jésus devait passer par là. En arrivant près de cet endroit, Jésus leva les yeux, le vit et lui dit : Zachée, descends vite, car aujourd’hui je dois demeurer chez toi. Il se hâta de descendre et le reçut dans sa maison joyeusement, Ce que voyant, tous murmuraient, ils se disaient : comment a-t-il pu demander l’hospitalité à un pécheur ? Mais Zachée, lui, vint devant Jésus et dit au Seigneur : Maître, je donnerai aux pauvres la moitié de mes biens et si j’ai fait tort à quelqu’un, je veux lui en rendre quatre fois autant. Jésus lui dit : Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison, car cet homme est aussi un fils d’Abraham. Le Fils de l’homme est venu précisément pour chercher et pour sauver ce qui est perdu. »

Oh ! la belle scène ! Comme notre bon maître, Jésus, se montre exquis de délicatesse. L’âme de Zachée lui est connue. Il sait que ce publicain, ce collecteur d’impôts, peu soucieux d’honnêteté, comme ses confrères, a cependant le désir de Dieu. Et doucement, Jésus, par sa grâce intime, achève ce désir. Zachée marche, il court, sans le savoir, sous l’impulsion de Jésus. Il se dit : je suis trop petit, la foule m’empêche de le voir, et je veux absolument le voir. Alors, il grimpe sur un arbre. Au moins, là, je le verrai. Toute âme qui cherche Jésus, le trouve. Jésus approche. Il sait le désir de Zachée, il lève les yeux et il regarde ce petit homme juché pour le voir sur cet arbre. Son cœur est ému de cette simplicité. Il lui dit avec une douceur infinie : Zachée ! descends vite, je vais chez toi, j’y passerai la journée. Quelle délicieuse parole ! C’est lui dire : tu désires me voir, eh bien ! moi je désire te voir plus encore. Viens, nous serons ensemble toute cette journée. Je veux m’asseoir à ta table, me reposer auprès de toi. Jésus, mon Sauveur, je vous reconnais bien là. Que de fois vous répondez ainsi aux désirs de vos pauvres serviteurs. : Vous leur donnez toujours plus de joie, plus de force, plus d’intimité avec vous, qu’ils n’’osent demander. Et Zachée descend vite, il se précipite chez lui, il fait préparer un banquet, et quand le Maître arrive, sa joie est débordante. II oublie qu’il est un publicain, Jésus l’oublie aussi, qui s’assied, heureux à sa table. Mais les ennemis du Maître très bon ne l’oublient pas : ne sait-il pas, disent-ils, chez qui il est, à quelle table il s’assied ! Eh ! oui, il le sait, mais il sait plus encore que l’âme de Zachée est déjà transformée. Et c’est sa bonté qui la transforme. Voyez plutôt. Pendant que les autres chuchotent, murmurent, avec leur esprit étroit et haineux, Zachée se présente devant Jésus. Il a conscience de sa vie passée et pour en réparer les torts il dit au Maître : Je donne la moitié de mes biens aux pauvres, et si j’ai fait tort à quelqu’un, je veux lui donner quatre fois autant. Le cœur de ce publicain au contact de celui de Jésus s’élargit, il s’agrandit, il devient généreux. Peut-on s’approcher de Jésus sans lui ressembler ?

Le Maître regarde Zachée : c’est bien ! lui dit-il, le salut est entré aujourd’hui dans cette maison ! Avec vous, il est entré, Seigneur. Et le Maître confond l’orgueil et la dureté de ses adversaires en ajoutant : Le Fils de l’homme est venu pour chercher et sauver ce qui est perdu, ce qui est misérable. Oh ! la douce parole que nous a value le désir de Zachée. Elle a triomphé du monde, elle a attiré à Jésus tous les miséreux de la terre, miséreux d’âme et miséreux de corps.

Cette parole : aujourd’hui, le salut est entré dans cette maison, donne la raison du choix de l’évangile pour la consécration des églises. C’est par cette consécration que l’église est sanctifiée. Le Christ Jésus y entre pour la première fois, il en prend possession officielle. Sur les murs on marque le signe auguste de la croix, comme signe de cette prise de possession. On l’y marque douze fois, car les apôtres sont les douze colonnes qui portent l’Église de Dieu.

Offertoire : « Seigneur Dieu, je vous ai offert, avec joie, tous ces présents, dans la simplicité de mon cœur. Et j’ai vu avec une immense allégresse votre peuple s’unir à moi. Dieu d’Israël, gardez-le dans cette bonne disposition de cœur ».

Secrète : « Seigneur, exaucez nos prières, faites que nous, qui sommes réunis dans ce temple dont nous célébrons l’anniversaire de la dédicace, nous vous soyons agréables par une parfaite et pleine dévotion de corps et d’âme, afin que, en vous offrant ces présents, nous parvenions, avec votre secours, à la récompense éternelle ».

Tout notre être doit servir Dieu, car tout notre être vient de Dieu ; nous devons donc le glorifier et dans notre corps et dans notre âme. Tous les deux seront, pendant l’éternité, une louange à sa bonté.

Communion : « Ma maison est une maison de prière, dit le Seigneur. En elle, celui qui demande, reçoit, celui qui cherche, trouve, on ouvre à celui qui frappe ».

Postcommunion : « Dieu, qui avez daigné donner le nom d’Épouse à votre Église, afin. que, ayant la grâce par une foi vive, elle ait aussi par ce nom même une ferveur plus tendre, rendez ce peuple ici présent, qui honore votre Nom, digne d’un si beau titre. Faites que votre Église, réunie dans le temple dont elle célèbre l’anniversaire de la dédicace, vous craigne, vous aime, vous suive, afin que, marchant constamment sur vos traces, elle mérite de parvenir, sous votre direction, aux promesses de l’éternité ».