Confesseur de l’Ordre dominicain
La Messe
Introït : « Le Seigneur dit : Mes paroles que j’ai placées dans ta bouche, n’en sortiront pas, et tes offrandes seront agréées sur mon autel. — Seigneur, exaucez ma prière, que mon cri monte jusqu’à vous. »
Oraison : « Dieu, qui faites sentir l’assistance du bienheureux Pierre à ceux qui sont en danger sur la mer, accordez-nous, par son intercession, que la lumière de votre grâce brille sans cesse au milieu des tempêtes de cette vie et nous fasse parvenir au port du salut éternel. »
Pierre Gonzales, appelé communément saint Telme, naquit en Espagne à Fromesta près de Palencia, de parents nobles et pieux. Dans sa jeunesse il étudia les arts libéraux et la philosophie sous la direction de l’évêque de Palencia, son oncle, avec un esprit capable de grandes choses. Cependant, élevé à la dignité de chanoine, et bientôt même à celle de doyen de cette Église, entraîné par sa jeunesse dans les séductions des honneurs et des richesses, il en vint à trop de complaisance pour les vanités du siècle. Mais il arriva que le jour même de Noël, alors que sur un cheval luxueusement harnaché il parcourait toute la ville, en folâtrant sans aucune retenue avec des camarades, sa monture glissa tout à coup dans une boue profonde ; il fut lui-nième renversé et, tout couvert de fange, il dut subir les rires et les moqueries des spectateurs. Rempli d’une honte extrême, il réfléchit à l’outrage que lui faisait un monde auquel il s’était efforcé de plaire, et il décida de mépriser à son tour ce qui le méprisait. C’est pourquoi, peu après, à la stupeur générale, il se retira dans l’Ordre des Prêcheurs. Là, il dépouilla le vieil homme et ses œuvres, revêtit l’homme nouveau, et posa les fondements d’une éminente sainteté.
Aux diverses vertus dans lesquelles il excella bientôt, il ajouta une charité très désireuse du salut du prochain. C’est pourquoi, après avoir achevé le cycle de ses études théologiques, prenant pour modèle le saint Père Dominique, il s’adonna tout entier à la prédication. Ce qu’il demandait à Dieu avec le plus d’ardeur, c’était de devenir capable
de ramener les âmes égarées dans la voie du salut. Conformément à la règle apostolique, il pratiqua ce ministère avec une très austère pauvreté. Quelle que fût la maison qui le reçût, il n’en sortait pas avant d’avoir purifié tous ses habitants par la sainte confession. Sa parole était vivante et efficace. Elle pénétrait à ce point les cœurs que, dans les provinces d’Espagne qu’il parcourut par zèle apostolique, il amena à la pénitence d’innombrables pécheurs.
Dans plusieurs expéditions contre les Maures il suivit le roi Ferdinand, surnommé le Saint, et l’aida merveilleusement par ses conseils, son exemple et ses prières. Il repoussa avec force des femmes élégantes qui s’étaient éprises de lui, et d’autres, plus impudentes, envoyées pour tendre des pièges à sa pureté ; et même, il les convertit à une vie meilleure.
Près de Ribadavia, il jeta, par une sorte de miracle, un grand pont très utile aux voyageurs sur le Minho, fleuve fort, large et rapide. Pour la construction de cet ouvrage, il avait fait venir une importante équipe d’ouvriers. Comme parfois les provisions leur manquaient, Pierre appelait autant de poissons qu’il était nécessaire pour leur nourriture, les prenait avec la main et les leur donnait. Une autre fois, comme ses compagnons de voyage défaillaient presque de fatigue et d’inanition, il les réconforta avec du pain et du vin miraculeusement fournis. De son vivant même, il apparaissait dans la tempête aux marins qui l’invoquaient, comme une flamme ardente et les conduisait au port. Aussi le représente-t-on un cierge à la main. Il est pour les marins saint Telme, le Saint du feu, le Saint de la lumière, mais ce qui est très curieux, pour les marins de mers espagnoles. Là surtout, saint Telme montre sa puissance. Il demeure un Protecteur national.
Par une inspiration prophétique, il annonça d’avance beaucoup d’événements futurs, notamment le jour de sa mort. A l’approche de cette date, il se retira dans la ville de Tuy en Galicie. Là, comblé de travaux et de mérites, il fit une sainte mort. Son corps fut enseveli par l’évêque de Tuy dans un tombeau honorable. La tradition rapporte qu’il en coula une huile merveilleusement parfumée, très bienfaisante aux malades. La renommée de ses miracles s’étendant jusqu’aux contrées lointaines de l’Amérique, il commença à être dévotement invoqué et honoré par une foule de gens, et d’abord par les marins qui, ayant expérimenté son aide secourable dans la tempête, l’adoptèrent pour Patron sous le nom de saint Telme.
Benoît XIV approuva son culte qui s’était sans cesse étendu, le 13 décembre 1741, et accorda à l’Ordre entier des Prêcheurs ainsi qu’au clergé de Palencia et de Tuy de célébrer par un office et une messe la fête du bienheureux Pierre.
Épitre de saint Paul aux Thessaloniciens, I, c. 2 : « Frères, confiant en notre Dieu nous avons annoncé l’Évangile avec beaucoup de sollicitude. Notre enseignement n’avait pour objet ni l’erreur, ni l’impureté ; nous ne vous l’avons pas donné par ruse, mais en toute simplicité comme nous l’avons reçu de Dieu lui-même. Nous ne parlons pas pour plaire aux hommes mais à Dieu, qui connaît à fond notre cœur. Nous ne vous avons jamais dit des paroles de flatterie, vous le savez ; nous n’avons pas montré une conduite intéressée Dieu en est témoin. Nous ne recherchons aucune gloire parmi les hommes, ni chez vous, ni chez les autres. Nous aurions pu en qualité d’apôtres du Christ, nous présenter comme un personnage. Mais nous fûmes au milieu de vous tout petits nous vous avons traités comme une mère traite ses enfants. Ainsi du même amour, nous étions prêt à vous donner non seulement l’évangile de Dieu, mais notre vie même tellement vous nous étiez devenus chers. »
Graduel : « Seigneur, vous l’avez comblé des bénédictions de la douceur ; vous avez placé sur sa tête une couronne enrichie de pierres précieuses. »
Trait : « Heureux celui qui craint le Seigneur, qui demeure ferme dans ses commandements. Sa puissance sera grande sur terre : toute bénédiction est pour ceux qui ont le cœur droit. La gloire et la richesse abondent dans sa maison, sa sainteté demeure éternellement. »
Au Temps Pascal : « Alléluia, alléluia. Le Seigneur l’a aimé et l’a orné de ses dons, il l’a revêtu d’un vêtement glorieux. »
Évangile selon saint Matthieu, c. 10 : « En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Allez et prêchez, dites : le royaume de Dieu est proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Ces pouvoirs vous les recevrez gratuitement, usez-en gratuitement. Ne possédez ni or, ni argent, ni monnaie dans vos ceintures. Ne portez pas de sac en voyage, ni deux tuniques, ni chaussures, ni bâton. L’ouvrier gagne sa nourriture. »
Dans l’épître et dans l’évangile, nous avons le tableau idéal de l’Apôtre, semblable au Christ, réalisé par Pierre Gonzalez. Il faut prêcher l’évangile de Dieu, en toute vérité, en toute simplicité, sans le défigurer, sans l’amoindrir pour plaire aux hommes. Ce n’est pas notre parole à nous mais la parole de Dieu que nous disons. Disons-la comme Dieu la dit lui-même. Qu’on ne sente en nous aucune vaine gloire, aucun intérêt humain, le profit de l’argent surtout.
Vous avez tout reçu gratuitement, dit le Maître, donnez gratuitement, n’ayez crainte ! Si vous êtes vraiment pauvres, détachés, si l’on sent en vous une âme d’apôtre, vous n’aurez besoin ni d’argent, ni de provisions, ni de bâton, on vous donnera de bon cœur, largement, car l’ouvrier, le bon ouvrier mérite son salaire. Au-dessus de tout, le souci
des âmes ; l’autre, Dieu s’en charge, et il s’en charge d’autant plus qu’on n’y pense pas soi-même.
Offertoire : « Il les a sauvés de leurs détresses : il a changé la tempête en brise agréable et les flots se sont apaisés. Ils se réjouirent de cet apaisement. Il les a conduits au port où ils voulaient arriver. »
Secrète : « Seigneur, soyez-nous propice, afin que ceux que vous restaurez par ces salutaires sacrements, vous les joigniez, par l’intercession du bienheureux Pierre, votre confesseur, à la société des Saints. »
Communion : « Vous dominez la puissance de la mer, vous apaisez la fureur de ses flots. »
Postcommunion : « Seigneur, illuminez nos cœurs par la splendeur de votre grâce, afin que, instruits par votre parole de salut, soutenus par la prière du bienheureux Pierre, votre confesseur, nous évitions tout ce qui est nuisible et puissions accomplir ce qui est droit. »
Il n’y a pas que les flots de la mer à dominer, il y en a d’autres, plus impétueux, plus violents, qui souvent engloutissent les volontés les meilleures, j’entends la révolte de notre nature mauvaise contre la loi de Dieu. Notre âme ressemble souvent à une mer furieuse et nous avons peine à trouver le port, car nous ne voyons plus le phare directeur, la lumière de la foi. A saint Telme, demandons l’énergie qui dompte le mal, le feu qui consume en nous ce qu’il y a de mauvais, la lumière qui nous éclaire malgré toutes les tempêtes. Ces sauvetages d’âme sont plus beaux que les sauvetages de la mer.