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Bienheureux Pierre Gérémie (1399 – 1452)

Fêté le

10 mars

Confesseur de l’Ordre dominicain

Messe : Os justi

Oraison : « Dieu, qui par les prières et les exhortations du bienheureux Pierre, votre confesseur, avez eu la bonté de ramener les pécheurs dans la voie de la sainteté, dilatez nos cœurs, nous vous en prions, par son intercession, afin que nous courions, toujours dans le sentier de vos commandements. »

Pierre Gérémie fait partie, comme beaucoup de nos Bienheureux, de ce groupe de religieux observants qui, au XIVe et au XVe siècle, se dévouèrent à la réforme de l’Ordre. Homme très instruit, maître en droit, il comprit que l’influence dominicaine ne dépend pas seulement de la science, aussi haute soit-elle, mais bien encore de la vie régulière, qui seule, donne la lumière intérieure de l’Esprit-Saint.

Pierre naquit à Palerme de la noble famille des Gérémie.

Dans sa jeunesse, il fut envoyé à Bologne pour y faire ses études de droit civil et de droit canonique. Il allait bientôt recevoir le grade de docteur, en chacune de ces Facultés, quand, guidé par l’amour divin, méprisant tous les avantages terrestres, il entra à Bologne dans l’Ordre des Prêcheurs. Son père le prit très mal et lui fit une vive opposition ; mais Pierre, par sa fermeté d’âme et plus encore par les prières et les larmes qu’il répandit devant Dieu, arriva enfin à le fléchir. Après avoir émis ses vœux solennels et achevé ses études de théologie et d’Écriture Sainte, il se consacra totalement au salut du prochain et s’adonna tout entier à entendre les confessions et à prêcher la parole de Dieu. Ayant reçu de saint Vincent Ferrier, rencontré à Bologne, l’assurance que son zèle ‘ était hautement approuvé de Dieu, il se donna dès lors avec plus d’application et de ferveur encore à ce ministère.

Mais de crainte, alors qu’il prêchait aux autres, d’être lui-même réprouvé, il ne cessa jamais de châtier son corps et de le réduire en servitude. Il portait une ceinture faite de cinq cercles de fer, tellement serrée sur ses reins, qu’on ne put l’enlever après sa mort avant que son corps fût desséché. A cette rude pénitence il ajoutait des jeûnes, des veilles et autres macérations. Son désir de souffrir pour l’amour du Christ était si fort qu’il se plaignait d’être moins agréable à Dieu s’il n’était pas fréquemment éprouvé, soit par la maladie soit par quelque adversité.

Les autres vertus d’un homme qui recherche la perfection brillèrent également en lui de façon tout à fait remarquable, et avant tout le zèle assidu de la discipline régulière. Aussi fut-il assez souvent chargé de la formation des novices, qu’il instruisait dans toutes les voies de la sainteté. Il fut pour d’autres le conseiller qui guida leur entrée en religion. Parmi ces derniers, on mentionne à juste titre le bienheureux Jean Liccio, qui, sur son conseil, s’enrôla dans l’Ordre.

Dans les couvents dont il assuma la direction avec une souveraine prudence et un grand zèle, il mit un soin empressé à rétablir l’observance de la règle et la discipline religieuse là où elles étaient tombées, à les protéger et les développer là où elles florissaient. Et cela non pas tant par ses paroles que par ses actes.

Eugène IV, impressionné par le renom de sa sainteté et de sa doctrine, l’invita à assister au Concile œcuménique dont il avait décrété la réunion à Florence. Pierre s’y comporta de telle sorte que, par la suite, il se vit confier par ce Pontife la tâche difficile de réformer tout le clergé de Sicile. Cependant, dans sa modestie, il n’assuma que la charge des Réguliers. Et comme il était d’une extrême douceur, traitant tout le monde avec bonté, il y réussit. Après cela, il se retira au couvent de Sainte-Zite à Palerme.

Là, enfin, il expira saintement, riche de bonnes œuvres et de mérites. Des documents anciens rapportent que Dieu le rendit célèbre par d’éclatants prodiges. Le Souverain Pontife Pie VI approuva le culte rendu au bienheureux Pierre, et accorda à l’Ordre entier des Prêcheurs la faculté de célébrer l’office et la messe en son honneur.

Apprenons de Pierre Gérémie à développer en nos âmes la vraie vie intérieure. Seule elle peut sanctifier et faire produire des fruits à notre activité au dehors. Parler, c’est bien, mais pour parler bien, au sens chrétien, il faut vivre bien, il faut que l’âme soit unie intimement à Dieu, par un amour profond. Sans cela, notre parole et nos œuvres du dehors ne seront qu’une paille que le vent emporte. Si nous voulons avoir une influence vitale sur les âmes, mettre en elles le Christ Jésus, il faut de toute nécessité, faire comme nos Saints, posséder nous-mêmes la présence intime de Dieu. Avec lui nous ferons son œuvre, la sienne, pas la nôtre, l’œuvre de salut.