Martyr de l’Ordre dominicain
Messe :
En dehors du Temps Pascal : Laetabitur
Au Temps Pascal : Protexisti
Oraison : « Dieu, qui avez rappelé par miséricorde le bienheureux Antoine à la lumière de la vérité et lui avez donné la gloire du martyre, faites que, par son intercession, nous soyons fermes dans notre foi et généreux dans l’action. »
C’est tout un drame poignant que la vie et la mort d’Antoine Neyrot. Il était religieux du couvent de Saint-Marc, à Florence, et il avait pour Prieur, saint Antonin. Bon religieux, de ferveur ordinaire, il demanda, pour des raisons assez mal connues, à aller en Sicile. Saint Antonin lui déconseilla ce voyage. Antoine le fit quand même. Au retour, avant d’arriver à Naples, le bateau qui le portait fut pris par des pirates de Tunis et Antoine Neyrot, fait prisonnier, fut conduit à Tunis comme esclave. L’intuition de saint Antonin se réalisait terrible pour le pauvre Père. Pendant quelque temps, il supporta avec assez de patience les mauvais traitements dont il était l’objet. Sa qualité de prêtre chrétien, de religieux, ne faisait que les multiplier. Un jour, à bout de force, cédant aux sollicitations et aux promesses de son maître musulman, il renia sa foi et se fit musulman lui-même. Ce ne pouvait être par conviction, mais bien par faiblesse. Quatre mois s’écoulèrent, quatre mois de tortures morales.
Enfin, vaincu par la grâce de Dieu, qui le harcelait de remords, Antoine Neyrot rejeta l’islamisme et pendant quelques mois, il s’habitua dans la souffrance et les pénitences volontaires à une plus grande patience.
Il savait que le jour approchait où il faudrait choisir entre la vie et la mort. Il était soutenu, sans s’en douter, par la prière incessante de saint Antonin qui, de loin, intercédait auprès de Dieu pour la brebis égarée.
Antoine se confessa, reçut la sainte communion, se revêtit de l’habit de son Ordre et, confiant dans la bonté de Dieu, se rendit auprès du Bey de Tunis. Devant une foule immense, il regretta sa faute, proclama la vérité de la foi chrétienne et malgré les promesses et les menaces, il demeura inébranlable. Pendant trois jours, dans la prison où on l’avait jeté, il fut sollicité de revenir sur sa décision. Vainement, du reste. Rien ne put le fléchir. Antoine fut lapidé et mourut courageusement pour le Christ. C’était en 1460. Des marchands génois qui faisaient le commerce à Tunis rachetèrent son corps. Le Bienheureux prince Amédée III, de Savoie, le fit ensevelir avec honneur à Rivoli, en 1469.
La mémoire du martyre d’Antoine Neyrot demeure en Tunisie. Une église consacre le lieu où il souffrit sa glorieuse passion.
Le bon Pasteur Jésus passa par Tunis. C’est lui qui, à la prière de son serviteur Antonin, sollicita Antoine Neyrot. Il lui rappela sa croix, il lui tendit les bras, il lui dit : Je suis toujours lâ. Tu m’as renié, mais ce n’est pas ton cœur, ton vrai cœur qui m’a renié. Tu as eu peur, tu as oublié que j’étais là toujours pour te soutenir. Ne crains rien I Reviens, me voici. Je suis le bon Pasteur.
Combien d’entre nous, non pas de la même manière, mais avec la même faiblesse, devant la tentation, devant la convoitise mauvaise, tournent le dos au Maître ! Il le voit, souvent il se plaint en nous et nous sentons l’âpre remords qui nous poursuit.
C’est la voix du bon Pasteur. Écoutons-la, revenons à lui. Ne le laissons pas passer sans lui prendre la main… Qui sait ? Peut-être ne passera-t-il plus. Alors, ce serait la mort éternelle. Bon Pasteur Jésus, ne vous lassez pas de passer, de parler, de tendre vos mains très douces. Si je suis lent à vous entendre, asseyez-vous et attendez. Quaerens me, sedisti, lassus !