Vierge de l’Ordre dominicain
Messe : Gaudeamus
Marguerite naquit aveugle à Métola, bourg du diocèse de Città di Castello, de parents honorables. Ceux-ci la portèrent en ville, à l’église Saint-François, pour y vénérer le corps d’un Bienheureux. Déçus dans leur espoir de lui voir recouvrer la vue, ses parents l’y abandonnèrent. Mais Marguerite fut reçue dans la maison d’une pieuse femme et y passa son jeune âge dans une merveilleuse sainteté.
Une fois grandelette, elle embrassa le Tiers-Ordre du saint Patriarche Dominique. Par des jeûnes fréquents, des prières, oraisons, flagellations et méditations, avec persévérance elle réduisit son jeune corps en servitude. Elle jeûnait quatre fois par semaine, et, le vendredi, se contentait de pain et d’eau. Elle gardait inviolablement les constitutions de son Ordre et le jeûne ininterrompu de la fête de la sainte Croix à Pâques. Trois fois par nuit, elle se mettait en sang par une dure discipline. Presque chaque jour, elle fortifiait son âme par le recours aux sacrements. Elle avait l’habitude de réciter de mémoire tout le Psautier, dont elle avait reçu d’en-haut l’intelligence et dont elle expliquait des passages avec une élévation et une science admirables.
Toujours brûlant d’amour pour Dieu et de tendresse envers la divine Mère, Marguerite était, par la contemplation, si unie au mystère de l’Incarnation du Seigneur que, par un éclatant miracle, on trouva dans le cœur de la vierge après sa mort trois petits globes : l’un portait l’image de l’Enfant-Jésus reposant dans la crèche ; le second, de la Vierge Mère ; et l’autre, de Joseph le père nourricier, avec Marguerite agenouillée à ses côtés et une colombe suspendue au-dessus d’eux.
Après avoir achevé sa trente-troisième année, fortifiée par les sacrements de l’Église, Marguerite passa heureusement vers son Époux immortel en 1320, le 13 avril. Tandis
que le corps de la vierge était transporté par des religieux de son Ordre à la sépulture commune, le peuple accourut en foule et les citoyens décidèrent, à cause du mérite de cette vie angélique et du nombre de ses miracles, que son corps serait honoré à part, par un tombeau plus digne.
Alors que la sainte dépouille était encore exposée sur la civière, on fit approcher une jeune fille paralysée et muette depuis de nombreuses années. La vierge défunte, lui prenant la main, lui rendit une parfaite santé. Aussi la miraculée, publiant devant tous ce prodige, reçut elle-même dévotement l’habit de saint Dominique. Tandis qu’on embaumait le corps de Marguerite, son côté ouvert fit couler en si grande abondance un liquide odoriférant comme le baume, qu’on en remplit un grand nombre d’ampoules, dont quelques-unes ont été conservées jusqu’à nos jours.
En l’an 1588, on ouvrit le tombeau, et le corps de Marguerite fut retrouvé entièrement conservé, comme s’il venait d’être enseveli, et exhalant un merveilleux parfum. C’est pourquoi le prieur du couvent, avec l’autorisation de ses Supérieurs, le revêtit d’habits neufs et, escorté par le Gouverneur de la ville, le Chapitre de l’église cathédrale, les magistrats, et un grand concours de peuple, le transporta dans un lieu plus honorable. Là, le nombre des miracles grandit encore. Alors les habitants de Città di Castello, animés d’une ardente reconnaissance envers leur protectrice, se présentèrent à trois Chapitres Généraux de !’Ordre des Prêcheurs, pour les supplier de faire instance auprès du Siège Apostolique afin que la bienheureuse Marguerite fût solennellement inscrite au catalogue des Saints.
Enfin Dieu permit que le Souverain Pontife Paul V, le 19 octobre 1609, agréant les vœux de tant de suppliants, permit qu’on célébrât chaque année, à Città di Castello, la fête de la bienheureuse Marguerite avec office et messe du Commun d’une vierge. Dans la suite, le Souverain Pontife Clément X, à la prière du Maître Général de !’Ordre, étendit avec bonté cette faveur à la famille tout entière du bienheureux Patriarche Dominique.
Seigneur, soyez la lumière de nos yeux ! que nous sommes donc aveugles nous-mêmes ! Nous nous laissons prendre aux miroitements des choses de la terre, à leurs illusions et nous ne voyons pas que la vraie vie n’est pas là. Nous ne voyons pas que la réalité du bonheur n’est pas sur terre ni de la terre. Pour le voir, pour le comprendre, il faut la lumière du dedans, la lumière de l’Esprit-Saint qui nous fait estimer le monde à sa juste valeur. C’est lui qui nous met au point vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis du monde. Précieuse lumière, sans laquelle on va sur terre, comme l’aveugle qui égare ses pas, perd la route et tombe dans le fossé. Seigneur, soyez la lumière de nos yeux ! Faites-nous voir la vérité de ce que nous sommes et guidez-nous vous-même vers la lumière éternelle. Seigneur, faites-moi voir, disait l’aveugle de Jéricho.