Martyr, de l’Ordre dominicain
MESSE : Laetabitur
Oraison : « Dieu, qui avez accordé miséricordieusement au bienheureux Pierre, votre serviteur, de recevoir la couronne du martyre, pour la défense de la vraie foi, faites, par ses mérites et son intercession, que nous puissions vous plaire par la foi, qui agit par la charité ».
La vraie foi est toujours active. Elle meut notre cœur et le pousse à l’action. Croire sans aimer est foi morte ; aimer sans agir, sans donner le témoignage de son amour, n’est pas aimer sincèrement. Qui aime se donne.
Pierre naquit au début du XIVe siècle, de la noble famille des Cambiani, originaire de Savigliano, dans une ville nommée Ruffia (en latin Rodulphia), qui appartenait alors au diocèse de Turin, mais qui appartient maintenant à celui de Saluces. Sous l’inspiration divine, Pierre tout enfant conçut un grand mépris des biens terrestres. Aussi, disant adieu au monde et à ses plaisirs, s’enrôla-t-il dans l’Ordre des Frères Prêcheurs. Autour de lui, la ferveur primitive avait diminué. Mais Pierre de Ruffia ne vit qu’une chose, l’idéal de saint Dominique, et sans se préoccuper de ce que pouvaient se permettre les autres, il alla droit à cet idéal, par sa pauvreté, son observance très austère, son culte de Dieu, son attachement à l’étude. Il ne négligea rien de l’ordre. De sorte que la grâce de l’ordre put se répandre en lui dans sa plénitude. Lorsqu’il eut fait profession dans cet Institut déjà célèbre par la sainteté, la doctrine et les actes héroïques de tant d’hommes éminents, il s’appliqua avec tant de zèle à les imiter qu’en peu de temps on pouvait le comparer aux membres les plus remarquables de cet Ordre. Parmi toutes les vertus dont il était orné, on fait un éloge tout spécial de son religieux détachement envers la maison paternelle et envers sa famille, ainsi que de sa pauvreté pleine de patience et de son humilité profonde, qui se reflétaient merveilleusement jusque dans la modestie et la bonté de son visage.
Il s’adonnait de jour et de nuit à la prière et à la méditation avec une piété si attentive que sa vie ne semblait être qu’au ciel. A cette époque il était de la plus grande importance de combattre les cruels hérétiques qui s’efforçaient d’infester d’erreurs variées les contrées de l’Italie du Nord, en leur opposant des ministres de l’Évangile d’une intégrité et d’une doctrine éclatantes. Pierre était armé pour la prédication et la défense de la foi, comme l’était saint Dominique lui-même. Aussi Pierre fut nommé Inquisiteur à Turin. De là il devait défendre la religion traditionnelle du Piémont et de la Ligurie. Dans cette charge, le saint homme déploya pendant plusieurs années l’activité d’un prédicateur infatigable, et il ne négligea aucun des moyens propres à soutenir et à propager la vérité catholique. Rien d’étonnant alors si on rapporte de lui qu’il ramena dans le sein de l’Église beaucoup de ceux qu’avait égarés l’hérésie, et qu’il en préserva beaucoup d’autres du danger de cette corruption.
Les saintes activités du bienheureux Pierre provoquèrent la haine mortelle des hérétiques, et lui valurent enfin la couronne triomphale du martyre. En effet, alors qu’il se rendait à Suse pour porter secours à la foi en danger, il reçut l’hospitalité chez les frères Mineurs de saint François. Les hérétiques du voisinage, redoutant sa doctrine et sa sainteté, attaquèrent, dans le couvent même, le champion invincible de la vérité catholique ; ils le criblèrent de blessures et le firent périr. C’était le jour de la fête de la Purification de la bienheureuse Vierge, l’an 1365. Le corps du Martyr fut plus tard transporté à Turin dans l’église Saint-Dominique, et on le déposa avec respect dans un monument surélevé et richement orné.
Dieu glorifia son serviteur par de nombreux miracles. Son culte est demeuré vivant. Et là, chaque année, le 7 novembre, qu’on tient pour le jour de cette translation, on ne manquait pas de célébrer solennellement sa fête.
Le Souverain Pontife Pie IX approuva le 4 décembre 1865 ces honneurs du culte du Bienheureux, publiquement rendus, et il accorda que chaque année la mémoire de l’illustre défenseur de la foi serait célébrée par l’office et la messe, dans l’Ordre des Prêcheurs, et dans les diocèses de Turin, de Saluces et de Suse.
A lui, le véritable champion de la foi, on demande la fidélité à cette foi, notre unique espérance.