Sainte Femme de l’ordre dominicain, ni vierge, ni martyre
MESSE : Gaudeamus
Oraison : « Dieu qui avez daigné accorder à la bienheureuse Zedislava, de vous contempler habituellement avec une grande élévation d’âme et, tout à la fois, de s’occuper du prochain avec sollicitude, faites que, par son intercession, nous soyons très attentifs aux choses du ciel, et à la pratique de la charité par les bonnes œuvres. »
La contemplation et la charité : union parfaite de la vie intérieure et de la vie active, dans l’ordre de Saint-Dominique. Posséder Dieu en soi par une oraison mentale continuelle, le donner aux autres, soit par la prière et la pénitence, soit par la parole, soit par la bienfaisance sous toutes ses formes, quelle vie pour qui sait la comprendre et la réaliser !
La bienheureuse Zedislava, simple tertiaire séculière, une des premières tertiaires, se pénétra à fond de cet esprit.
Avec elle, nous retournons aux premiers jours de la fondation de l’Ordre. Ces jours d’enthousiasme qui amenaient à saint Dominique des âmes généreuses comme la sienne.
Ceslas et Hyacinthe, ces deux Polonais qui avaient reçu l’habit des mains mêmes du bienheureux Père, étaient rentrés dans leur pays et avec eux la pensée dominicaine se propageait de toutes parts. Zedislava, femme de haute naissance, mariée par obéissance filiale à un noble Seigneur, dont le caractère était aussi violent que sa situation sociale était élevée, entendit parler de ces nouveaux religieux qui s’en allaient par le monde, pauvres des choses de la terre, prêcher à tous la parole de Dieu. Elle se prit pour eux d’une sainte passion.
A force d’instances, elle obtint de son irascible mari la permission de bâtir un couvent pour les Prêcheurs, à Jablona même où elle résidait. Ce fut pour Zedislava une joie infinie. Elle plaça ce couvent sous le titre et la protection de saint Laurent, le grand martyr. Mais elle ne se contenta pas de fournir libéralement les subsides nécessaires à la construction, elle-même y contribuait de ses propres mains. Toutes les nuits, elle transportait ce qui était utile aux ouvriers : de la chaux, du sable, des pierres, du bois. C’était pour Zedislava un moyen de bâtir elle-même la maison des Prêcheurs et d’en activer la construction. De cette façon, elle mettait dans les pierres et son cœur et ses mains.
Noble Dame ! plus noble encore par son âme que par ses origines familiales.
Et comme elle est une preuve vivante de cet amour enthousiaste que les· premiers Frères Prêcheurs allumèrent dans les cœurs. Quand la maison fut terminée, quand les Frères y furent entrés, Zedislava demanda à saint Hyacinthe, le grand apôtre de ces régions, de venir la bénir. Il ne put accéder à sa prière, mais il lui envoya son frère, le bienheureux Ceslas.
Quelle joie pour Zedislava !
Malgré ses occupations personnelles, malgré sa haute situation sociale, qui, à l’époque, la plaçait très haut au-dessus du menu peuple, Zedislava, en bonne et vraie tertiaire, conforma sa vie, autant qu’elle le put, à la vie des Prêcheurs. Elle transporta à son foyer la pratique de l’office divin, de leurs observances pénitentielles. Et surtout, elle prit d’eux l’esprit apostolique. C’est le véritable esprit des tertiaires. La grâce de l’Ordre ne change pas. Elle doit être, dans les tertiaires, proportion gardée et même sans proportion, ce qu’elle est dans le grand Ordre. Or, un Frère Prêcheur n’est pas pour lui-même, il est, par vocation, par essence, destiné à sanctifier les autres. Et en sanctifiant les autres, il se sanctifie lui-même. D’où il résulte que, à l’exemple de Zedislava, qui soignait les malades, entretenait les pauvres, enseignait les vérités de la foi aux ignorants, les Tertiaires dominicaines ont pour mission de remplir le même ministère autour d’elles, dans les paroisses. C’est leur but apostolique. Dire l’office de la Sainte Vierge, faire l’abstinence, pratiquer certaines observances de piété serait peu, si ces exercices ne leur donnaient pas l’esprit apostolique de l’Ordre. Qu’elles regardent Zedislava, leur aînée, et qu’elles suivent son exemple.
Cette bienheureuse Sœur, qui, à force de patience et de bonté, avait ramené à Dieu son mari, élevé chrétiennement ses enfants, mourut dans la paix du Seigneur, le 1er janvier 1252.
Sa mémoire est demeurée en bénédiction.