Déc 27

27 décembre – Saint Jean l’Évangéliste

LA MESSE

Introït : « Le Seigneur lui a ouvert la bouche dans l’Église, il l’a rempli de l’esprit de sagesse et d’intelligence. Il l’a revêtu d’un vêtement glorieux. Il a réuni en lui un trésor de joie et d’allégresse ».

Oraison : « Seigneur, vous qui êtes bon, illuminez votre Église, afin que éclairée par la doctrine du bienheureux Jean, votre Apôtre et Évangéliste, elle obtienne de parvenir aux dons éternels ».

Jean – comme il dit lui-même du Baptiste – n’est pas la lumière, mais il est le témoin de la lumière. C’est lui qui, inspiré par le Saint Esprit, projette les rayons les plus éclatants sur la Personne divine de Jésus. Lui-seul a écrit : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu ». Et c’est lui aussi qui ajoute : « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité au milieu de nous».

Deux lumières, divine chacune sur Jésus. Lumière sur sa génération éternelle, comme Fils de Dieu, Dieu de Dieu, lumière de lumière, Dieu vrai de vrai Dieu. Lumière sur sa génération humaine, qui fait du Fils de Dieu le Fils de l’homme, qui lui donne une nature humaine en tout semblable à la nôtre, sauf le péché.

Jean nous fait entrevoir cet anéantissement du Fils éternel de Dieu qui prend chair, se fait chair comme nous. On le suit du point de départ qui est la Divinité même, jusqu’au terme de l’arrivée qui est une chair mortelle. Et dans cet homme, Dieu et homme, qu’est Jésus, nous adorons l’infini. Avec Jean nous pénétrons dans les profondeurs de Dieu, et nous contemplons avec tendresse notre Frère de cœur et de chair, Jésus, notre Christ et Sauveur.

Jean a répandu cette lumière sur l’Église, par elle sur le monde entier, elle ne s’éteindra jamais.

Épitre : Livre de la Sagesse, Eccli., 15.- « Celui qui craint Dieu fait le bien. Celui qui est affermi dans la justice possédera la sagesse, elle viendra à lui comme une mère honorée. Elle le nourrira du pain de vie et d’intelligence, elle lui fera boire l’eau de la sagesse qui donne le salut. Cette sagesse s’affermira en lui et le rendra inébranlable. Elle le soutiendra et il ne sera point confondu : Elle l’élèvera au-dessus de ses proches, elle lui ouvrira la bouche, au milieu de l’assemblée des fidèles et le remplira de l’esprit de sagesse et d’intelligence. Elle le couvrira d’un vêtement de gloire. Elle l’enrichira d’un trésor de joie et d’allégresse. Et le Seigneur notre Dieu lui donnera pour héritage un nom éternel ».

C’est à la source même de la Sagesse que Jean a mangé et bu longuement. Il a entendu Jésus, la Sagesse incarnée, il a reposé sa tête sur son cœur, et de ce cœur a coulé en lui l’eau salutaire qui donne la vie éternelle. Il a compris Jésus, Dieu et homme, et tel il l’a compris tel il nous l’enseigne, dans la plénitude de la vérité.

Graduel : « Le bruit se répandit parmi les frères que ce disciple ne devait pas mourir. Mais : je veux qu’il demeure ainsi, jusqu’à ce que je vienne. Toi, suis-moi ».

Alléluia, Alléluia. « C’est ce même disciple qui rend témoignage de ces choses, et nous le savons, son témoignage est véritable ».

SEQUENCE : Laetabundus

Que le chœur fidèle exulte de joie. Alléluia.

Le sein d’une vierge, ô merveille !
donne le Roi des Rois.

L’Ange du Conseil est né d’une
Vierge, le soleil d’une étoile.

Soleil qui ne connaît point de couchant,
étoile toujours radieuse, toujours éclatante.

Comme l’étoile produit son rayon de lumière,
la Vierge produit son Fils, en la même forme.

L’étoile n’est pas souillée par son rayon,
ni la Vierge par son Fils.

Le cèdre haut du Liban se fait
semblable à l’hysope dans notre vallée.

Le Verbe du Très-Haut a voulu
devenir corps, en prenant notre chair.

Isaïe l’a chanté, la Synagogue le
sait et, cependant, elle n’a point
cessé d’être aveugle.

Si elle ne croit pas à ses prophètes,
Qu’elle croie aux prophètes païens :
Ce fait a été prédit par les
vers des Sibylles.

Infortunée, avance, crois donc
ce qui fut écrit autrefois.
Pourquoi te laisser condamner,
race malheureuse !

Celui que l’Écriture annonce,
regarde-le, il est né ! une
Vierge vient de l’enfanter.
Alléluia.

Évangile : saint Jean, c. 21. « En ce temps-là, Jésus dit à Pierre : Suis-moi. Pierre se retourna et vit derrière lui le disciple que Jésus aimait, celui qui, à la Cène, avait reposé sa tête sur sa poitrine, et dit : Seigneur, qui donc vous trahira ? Pierre le voyant, dit à Jésus : Seigneur, et celui-ci qu’adviendra-t- il de lui ? Jésus lui dit : Si je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. Le bruit se répandit donc parmi les frères que ce disciple ne devait pas mourir. Et Jésus ne lui dit pas : Celui-là ne mourra point, mais : si je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ce que je vienne, que t’importe.
C’est ce même disciple qui rend témoignage de ces choses et qui les a écrites. Et nous le savons, son témoignage est vrai ».

Cette scène nous transporte sur les rives du lac de Tibériade. Jésus est ressuscité ; pendant que ses apôtres, dans une barque, jettent leurs filets, il apparaît soudain sur le bord de l’eau. Il leur crie : Enfants, avez-vous fait bonne pêche ? Non, disent-ils. Jetez les filets à droite, réplique l’inconnu, et vous trouverez du poisson. Ils en prirent tant qu’ils ne pouvaient plus les tirer.

C’est le Seigneur, dit Jean.

Lui, il reconnaît son Maître. Il a l’intuition du cœur. Pierre s’habille à la hâte et se jette à l’eau pour aller vers Jésus. Tous descendent. Un feu ardent brûlait sur la rive avec un poisson dessus. Mettez aussi de ceux que vous avez pris, dit Jésus. Tous se taisent. Devant leur Maître et Seigneur, le respect s’affirme. Mais Jésus les veut plus simples, plus fraternels : Venez, mangez, leur dit-il, et lui-même, de ses mains très saintes, portant les stigmates de ses cruelles blessures, lui-même leur sert du pain et du poisson.

Scène si touchante de fraternité divine et humaine, que les premiers chrétiens l’ont reproduite dans les catacombes. C’est après ce repas en commun que Jésus interpelle Pierre trois fois : Pierre, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Et trois fois, Pierre lui répond : Seigneur, vous savez bien que je vous aime. Oui, il le savait, mais il voulait que trois fois Pierre le confessât publiquement, comme trois fois il l’avait renié publiquement. Puis, Jésus établit définitivement Pierre son Vicaire sur terre. Mais il lui prédit sa mort douloureuse. Quand tu étais jeune, lui dit-il, tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais. Quand tu seras vieux, tu étendras tes mains et un autre te mettra ta ceinture et te conduira où tu ne voudras pas. Suis-moi.

C’est alors que se retournant, Pierre vit derrière lui Jean. Il avait bien compris le sens des paroles de son Maître. Curieux, il dit à Jésus : Maître, qu’adviendra-t-il de celui-ci ? – Que t’importe, répondit Jésus, il restera, en m’attendant, si je le veux. Toi, suis-moi. Jésus ne répond pas à la question de Pierre. Son regard se pose sur Jean, son préféré de cœur, il le regarde avec tendresse. Ne lui a-t-il pas confié sa mère ? Jean restera de longues années sur terre, pour rendre témoignage à Jésus. Il sera pour toute l’Église son témoin de lumière et d’amour. C’est lui qui redira pour l’éternité ces paroles de la dernière Cène, qui sont le testament ineffable de l’amour de Jésus pour nous. II les a entendues, il en a savouré, plus tard surtout, l’exquise douceur. Et toujours les âmes éprises de Dieu les entendent et les savourent à leur tour. Ainsi Jean n’est pas seulement pour nous lumière, il est amour. Son cœur déborde de l’amour même de Jésus.

Offertoire : « Le juste fleurit comme le palmier, il se développe magnifiquement comme le cèdre du Liban ».

Secrète : « Seigneur, recevez ces offrandes que nous vous présentons en la solennité de celui, par l’intercession duquel nous avons la confiance d’être sauvés ».

Communion : « Le bruit se répandit parmi les frères que ce disciple ne devait pas mourir. Et Jésus ne lui dit pas : II ne mourra point, mais : si je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ce que je vienne ».

Postcommunion : « Rassasiés par cette nourriture et ce breuvage célestes, nous vous demandons, ô notre Dieu, d’être protégés par la prière de celui dont nous célébrons la mémoire en y participant ».

Jean vécut très vieux, presque centenaire. Il ne pouvait plus parler que difficilement, mais en lui vivait, comme en transparence, Jésus. Il le personnifiait pour ainsi dire pour toute l’Église. Tous les apôtres, ses compagnons de vie avec Jésus, étaient morts. Lui seul était debout. Quand on le portait dans l’assemblée des fidèles, pour y consacrer le corps et le sang de son Maître bien-aimé, il redisait toujours les mêmes paroles : mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres.

Les fidèles lui demandèrent un jour : Pourquoi donc répétez-vous sans cesse les mêmes paroles ? Jean répondit : Mes petits enfants, c’est le précepte du Seigneur !

Ainsi, Jean demeura jusqu’au bout le disciple et le docteur de l’amour fraternel. Le Seigneur l’avait dit à la dernière Cène. C’est sur ses lèvres que Jean prit ce précepte. Il le laissa à l’Église comme son testament à lui-même, ses suprêmes paroles.

Aimez-vous les uns les autres, c’est le précepte du Seigneur.