Veuve
MESSE : Gaudeamus
Oraison : « Dieu, qui avez enseigné à la bienheureuse Marguerite de quitter les pompes du siècle, pour suivre de tout son cœur l’humble voie de votre croix, accordez-nous, par ses mérites et son exemple, de fouler aux pieds les joies périssables de la terre, et de surmonter, en embrassant votre croix, tout ce qui est contraire à notre salut ».
Princesse royale de Savoie, Marguerite, par obéissance à ses parents, épousa Théodore, marquis de Montferrat. Elle eut l’immense joie de rencontrer sur sa route saint Vincent Ferrier qui, à l’époque, poussa ses prédications jusque dans la Haute-Italie. Marguerite lui ouvrit son âme et le saint fut ravi de son désir très vif de connaître et d’aimer Dieu davantage. Libre bientôt, par la mort de son mari, de réaliser ce désir, Marguerite porta publiquement l’habit du Tiers-Ordre de Saint-Dominique. C’était la cassure décisive entre le monde et elle. En vain, le Duc de Milan la demanda en mariage ; en vain le Pape offrit-il la dispense du vœu de viduité perpétuelle qu’elle avait fait. Marguerite refusa tout. Sa joie était de secourir les pauvres, de soigner les malades. Ministère actif d’une vraie Tertiaire, qui, pour participer à l’apostolat de !’Ordre, doit se dévouer à toutes les œuvres de charité.
Mais, peu satisfaite encore, Marguerite fit un pas de plus. Elle se retira avec quelques compagnes dans un couvent qu’elle fit bâtir à Albe. Ce fut pour Marguerite le lieu de délices. Obéissance absolue, humilité allant jusqu’aux limites extrêmes de l’abjection, fidélité à toutes les observances, même les plus minimes, oubli complet d’elle-même, de sa famille, de tout l’humain, Marguerite pratiqua tout avec allégresse. Dans un ravissement, le Seigneur Jésus lui offrit de choisir entre trois épreuves cruelles : la maladie, la calomnie, la persécution.
Les trois, Seigneur, répondit Marguerite.
Elle les eut et vaillamment les supporta. C’est qu’elle avait compris à fond le mystère de la douloureuse Passion. Souffrir avec Jésus était pour elle le suprême honneur.
Combien peu comprenons-nous les souffrances du Sauveur ! C’est pourquoi nous sommes si peu chrétiens. Nous en avons le dehors, nous en acceptons la foi, mais quand Dieu nous éprouve par la douleur, nous sommes désemparés. Nous oublions que nous avons péché, que, autour de nous, des âmes sont soumises au péché, que pour nous sauver et pour sauver ces âmes le Fils de Dieu est mort sur la croix, et nous ne pensons pas que nous devons mêler une goutte de notre sang au sien.
Marguerite l’a compris et son action intime sur les âmes, par sa prière et ses souffrances, fut profonde. Elle mourut, en son monastère d’Albe, en 1464, après avoir vécu quarante-quatre ans sous la livrée dominicaine.
Marguerite est une des figures les plus saintes et les plus aimables de la Famille royale de Savoie.