Martyrs
MESSE
Introït : « Seigneur, que les gémissements des captifs arrivent jusqu’à vous. Rendez à nos voisins sept fois ce qu’ils nous ont fait subir, vengez le sang de vos Saints qui a été répandu. — Dieu, les nations ont pris possession de votre terre, elles ont souillé votre temple, elles ont fait de Jérusalem une cabane à garder les fruits. »
Oraison : « Dieu qui avez accordé, dans leur supplice, à vos bienheureux martyrs Fabien et Sébastien le courage et la patience, faites que, suivant leur exemple, nous méprisions, pour votre amour, toutes les joies du monde et n’ayons aucune peur de ses persécutions. »
Épître de saint Paul aux Hébreux, c. 11 : « Frères, par la foi les Saints ont conquis des royaumes, exercé la justice, obtenu l’effet des promesses, fermé la gueule des lions, éteint la violence du feu, échappé au tranchant du glaive, triomphé de la maladie, affirmé leur vaillance à la guerre, mis en déroute des armées ennemies. Grâce à eux des femmes ont vu ressusciter leurs morts. D’autres se sont laissé torturer et ont repoussé la délivrance afin d’obtenir une meilleure résurrection. Quelques-uns ont enduré les opprobres et les fouets, les chaînes et la prison. Ils ont été lapidés, torturés, sciés, ils sont morts par le glaive. Ils ont erré couverts de peaux de brebis, de peaux de chèvres, manquant de tout, persécutés, maltraités, héros dont le monde n’était pas digne, errants dans les déserts, et les montagnes, dans les cavernes et les crevasses de la terre. Et tous tant qu’ils sont servirent par leurs épreuves à rendre témoignage à la foi, dans le Christ Jésus, Notre-Seigneur. »
Graduel : « Dieu se glorifie dans ses Saints, il est admirable de majesté, il fait des prodiges.
Seigneur, votre droite a glorifié sa puissance, votre droite a brisé vos ennemis. »
Alléluia, alléluia : « Seigneur, vos Saints vous béniront ! Vos Saints proclameront la gloire de votre royaume. »
Trait (après la Septuagésime) : « Ceux qui sèment dans les larmes, récolteront dans la joie.
Ils s’en allaient en pleurant jeter leur semence. Ils reviendront avec joie, chargés de gerbes. »
Évangile selon saint Luc, c. 6 : « En ce temps-là, Jésus descendant de la montagne, se tint dans la plaine et une foule nombreuse de disciples, de peuple venu de toute la Judée, de Jérusalem, des bords de la mer, de Tyr et de Sidon l’entourait. Ils étaient venus pour l’entendre et être guéris de leurs infirmités. Ceux qui étaient tourmentés par les esprits impurs furent guéris.
Et tous cherchaient à le toucher, car une force sortait de lui qui les guérissait. Et Lui, levant les yeux sur ses disciples, disait : Bienheureux les pauvres, car le royaume de Dieu est à eux. Bienheureux ceux qui ont faim maintenant, car ils seront rassasiés. Bienheureux ceux qui pleurent aujourd’hui, car ils riront un jour. Bienheureux serez-vous, quand les hommes vous haïront, quand ils vous excommunieront, quand ils vous couvriront d’opprobres, et repousseront votre nom comme un nom de honte, à cause du Fils de l’Homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, soyez joyeux car votre récompense sera grande dans le ciel. »
Offertoire : « Réjouissez-vous dans le Seigneur, justes, soyez joyeux, vous qui avez le cœur droit, soyez fiers. »
Secrète : « Que notre offrande, Seigneur, vous soit agréable et que, par l’intercession de ceux en l’honneur desquels elle est présentée, elle nous soit salutaire. »
Communion : « De nombreux malades et ceux qui étaient tourmentés par les esprits impurs venaient à lui, car il sortait de lui une force qui les guérissait tous. »
Postcommunion : « Seigneur, rassasiés par ce divin Sacrement, nous vous demandons humblement que, par l’intercession de vos saints martyrs Fabien et Sébastien, ce que nous faisons pour vous témoigner notre hommage, augmente en nous la grâce du salut. »
Quand on fait son pèlerinage, à Rome, sur la Voie appienne, un peu plus loin que la catacombe de Calixte, on trouve, à droite, une antique basilique. Elle est dédiée à saint Sébastien, mais renferme, avec son corps, celui de saint Fabien. Leur mémoire est réunie en cette église, quoique leur martyre eût lieu l’un sous l’empereur Dèce, l’autre, Sébastien, sous l’empereur Dioclétien.
Fabien fut Pape. On vénère sa tête placée dans un précieux reliquaire derrière l’autel de la grande chapelle de gauche.
Sébastien fut soldat. II était officier, commandant la Première Cohorte, sous Dioclétien. Par son père, il est de Narbonne, par sa mère, de Milan.
Plus qu’officier, Sébastien fut chrétien. D’abord pour être plus utile à ses frères dans le Christ, il dissimula son baptême. Mais quand il dut comparaître devant l’empereur en accusé de christianisme, Sébastien se montra intrépide. Prêt à combattre pour l’empereur, il l’était, mais à condition qu’on lui laissât sa liberté d’adorer le Christ. Dioclétien refusa. Il fallut choisir : renier sa foi ou mourir. Sébastien préféra mourir. On le perça de flèches, cible vivante. Laissé pour mort, il fut enlevé par une pieuse chrétienne qui voulait l’ensevelir avec honneur. Elle le trouva respirant encore, le soigna et le guérit. Sébastien voulut donner une suprême leçon à Dioclétien. Un jour il se dressa devant lui, comme un vengeur de la foi chrétienne, revenu du tombeau et lui reprocha sa cruelle impiété.
L’empereur, irrité d’une telle audace, le fit saisir et battre de verges jusqu’à ce qu’il rendît le dernier soupir. Cette fois Sébastien était bien mort, mais à deux reprises il avait confessé sa foi, deux fois martyr.
Ce courage valut au héros chrétien la plus populaire vénération. On l’ensevelit à la catacombe qui porte son nom, voisine de celle de Calixte. Rien d’émouvant comme de voir sa belle statue étendue sous l’autel où reposent ses restes sacrés.
Sébastien est invoqué contre les fléaux des maladies pestilentielles. De son tombeau, de ses statues, de ses reliques sort une vertu qui guérit les malades. Il est un des grands protecteurs de l’Église.
L’âme est consolée par le souvenir de tant de foi, de tant d’intrépidité. Comme il fallait aimer Dieu pour se livrer ainsi deux fois à la mort la plus cruelle ! Comme il fallait avoir le mépris de la terre, et la certitude de la vie invisible !
Pour nous qui avons peur de tout effort, qui avons peine à soutenir les combats qu’exige la loi de Dieu, quel exemple, et quelle leçon ! Les martyrs nous font rougir de honte. Demandons à Sébastien plus que la santé du corps, la délivrance des « esprits impurs », qui nous éloignent de Dieu et dont nous n’avons pas le courage d’écraser la tête.