MESSE : Gaudeamus
Oraison : « Dieu de miséricorde, éclairez les cœurs de vos fidèles et, par la glorieuse intercession de la bienheureuse Elisabeth, faites-nous mépriser les joies du monde et nous réjouir des célestes consolations ».
La « chère sainte » connut les deux extrémités des joies et des misères de ce monde. Princesse de haut lignage, souveraine de Hesse et de Thuringe, elle ne se laissa pas éblouir par l’éclat de sa situation. Humble et détachée des biens de la terre, bonne à toutes les souffrances, elle offrait à Dieu le joyeux service de sa foi et de son amour. Il lui demanda davantage.
Son mari étant mort, Elisabeth fut dépossédée de ses états, réduite à l’indigence et chassée de son palais. Elle en sortit pauvre, conduisant par la main ses enfants devenus pauvres comme elle.
Et ce sacrifice noblement porté et noblement offert à Dieu lui fut plus agréable, que les plus riches offrandes de la Princesse aimée, honorée, puissante.
C’est ce que Notre-Seigneur proclame dans cet évangile, selon saint Luc, c. 21.
« En ce temps-là, Jésus, regardant autour de lui, vit les riches qui mettaient des offrandes dans le tronc. Il vit aussi une pauvre veuve, qui mit deux petites pièces de monnaie, Et il dit : Je vous l’assure, cette pauvre veuve a mis plus que les autres. Car tous ceux-ci ont mis dans le trésor de Dieu de l’abondance de leurs richesses, mais elle, elle a mis de ce qui lui manque, tout ce qui sert à sa subsistance. »
Elisabeth a plus donné à Dieu dans sa pauvreté joyeusement acceptée, que dans son opulence passée. Alors elle donnait de son abondance, maintenant elle donne de son nécessaire. Ce n’est pas la grandeur du don lui-même que Dieu pèse, mais bien ce qui reste à celui qui donne. Et les pauvres ont ce précieux avantage sur les riches que, tout en donnant moins, ils donnent plus, car il leur res
Devenue fille de saint François, Elisabeth pratiqua à la lettre la pauvreté de son Père. Elle se fit la plus petite servante de Dieu. Et c’est en cet état d’abjection volontaire, de souffrance et de charité pour les autres qu’elle vécut sous le regard de Dieu. Son tombeau devint comme un sanctuaire où toutes les misères affluaient pour être secourues. La « bonne Dame » ne se lassait pas de protéger les pauvres, de guérir les malades. Grégoire IX, ému de tant d’infortune, de tant de courage, de tant de prodiges, la canonisa solennellement.
Comme Dieu aime les grandes âmes que rien de la terre ne peut détacher de lui ! Dans l’opulence comme dans la pauvreté, dans la joie comme dans la tristesse, elles vont droit devant elles au but suprême qui est Dieu lui-même. Suivons-les, non pas seulement de notre admiration, mais bien de l’effort de notre volonté et du désir de notre cœur.