Abbé
MESSE : Os justi
Oraison : « Seigneur, que l’intercession du bienheureux Antoine, abbé, nous recommande à votre bonté, afin que ce que nous ne pouvons pas attendre de nos mérites, nous l’obtenions par sa protection. »
En face des prières d’un Antoine le Grand, que sont nos pauvres mérites ? Lui, il a compris la parole du Maître : Vends tout ce que tu as, si tu veux être parfait, donne le prix aux pauvres et viens, suis-moi. Il le fit, il fit même davantage. Sa fortune, ses biens terrestres, il laissa tout facilement ; c’est le don le plus simple. Il y a mieux, c’est le don de soi-même. Mais, j’entends le don vrai, celui que Dieu pèse et estime tel. Chose rare, malgré toutes les belles formules que nous aimons à répéter. Il est si facile de dire de belles formules. Mais les réaliser en pratique, s’oublier soi-même en tout, ne plus avoir de pensée pour soi, ne se rechercher en rien, ne rien demander aux créatures, ce don parfait Antoine l’offrit à Dieu en toute vérité et non pas en simples formules. Il s’enfonce dans le désert, il y vit dans la solitude, il se nourrit de peu, il se fait le dernier, le plus humble des solitaires qui viennent plus tard se grouper autour de lui. Le démon ne le laisse pas en paix. Même dans le désert, il le poursuit de ses attaques. Vainement, du reste, car Antoine rit de ses efforts. Il a mieux que lui à entendre. Et sa vie se passe dans une contemplation incessante de la grandeur et de la bonté de Dieu, si bien que les choses de la terre n’existent plus pour lui. Sa « conversation » est ailleurs, plus haut, avec les Anges auxquels, par sa rude pénitence qui spiritualise sa chair, il ressemble.
Antoine a compris le Christ et il lutte contre lui-même jusqu’au dernier jour, pour graver en son âme tous ses traits. Il y parvint et mourut âgé de plus de cent ans, laissant aux âmes chrétiennes un magnifique exemple d’amour de Dieu. C’était au IVe siècle et depuis, la mémoire d’Antoine le Grand reste vivante et vivifiante dans les élus de Dieu.