Confesseur de l’Ordre dominicain
MESSE : Justus ut palma
Oraison : « Dieu, qui avez enflammé l’âme du bienheureux Gonsalve, votre confesseur, d’un amour merveilleux pour votre saint Nom, accordez-nous, nous vous en prions, en marchant sur ses traces, de vous avoir toujours dans notre pensée et d’accomplir avec ardeur tout ce qui vous est agréable. »
Ce Bienheureux, né en Portugal, nous ramène aux premiers temps de l’Ordre. Sa vie a un caractère conforme à cette époque, si dissemblable de la nôtre. Époque des lointains pèlerinages, qui conduisaient au tombeau du Christ, à celui de saint Pierre, à Rome, des milliers et des milliers de chrétiens. Le XIIIe siècle est le siècle où l’on voyageait pour tout, à petites journées, à pied ou à cheval, sans grand souci du lendemain. Partout on rencontrait des abbayes, des hôpitaux où l’on recevait l’hospitalité. Et les routes d’Europe étaient sillonnées d’étudiants qui s’en allaient à Paris, à Bologne, à Padoue, selon leurs attraits intellectuels ou la poussée de l’Esprit-Saint, qui les attendait à tous les carrefours des Universités.
Ils coudoyaient en chemin les religieux de tous Ordres, allant à leurs assemblées capitulaires ou regagnant la chaire doctorale où ils enseignaient. D’innombrables pèlerins agrémentaient de leurs récits émerveillés les longueurs ou les contre-temps de ces voyages incessants. Ils avaient vu Jérusalem, ils avaient vu la basilique de Saint-Pierre et reçu la bénédiction de l’Apostole, le Pape.
Gonsalve fut un de ces cheminots du Christ. D’abord prêtre séculier et curé de Saint-Pélage, il sent en lui un désir violent de vénérer les Lieux Saints de la chrétienté. II laisse un vicaire pour le service de sa paroisse et, muni de la bénédiction de son évêque, il s’en va… Pendant quatorze ans, Gonsalve voyage en Terre Sainte, à Rome. Ses yeux, son cœur sont pleins des souvenirs les plus saints. Il rentre enfin dans sa paroisse, accueilli sans aménité par son propre vicaire. Il s’en va de nouveau, pour toujours. Mais dans la vie silencieuse, isolée qu’il a choisie, la voix de Dieu se fait entendre. Voix intime qui le pousse à faire fructifier son sacerdoce et le trésor de grâces que ses pèlerinages ont accumulé dans son âme. Vivre en ermite c’est bien, mais il y a mieux : le don de soi aux autres. Et la Vierge très bonne lui révèle l’Ordre des Frères Prêcheurs, son Ordre, récemment fondé.
Gonsalve est déjà d’âge mûr, mais il n’hésite pas. II se forme à la vie dominicaine et selon l’ordre de ses supérieurs, il revient à son ermitage, avec un compagnon, pour évangéliser les populations d’alentour. Sa sainteté attire les âmes, ses miracles les élèvent vers Dieu. Et quand Gonsalve meurt, sa mémoire reste si populaire que le Portugal entier le vénère comme son protecteur.
Vie extraordinaire, sans doute, hors cadre, mais vie pleine de Dieu, qui nous montre que dans toutes les situations le tout est d’aimer Dieu, car l’amour de Dieu, le vrai, celui qui le met au-dessus de tout, ne connaît aucune borne, ni aucune convention. Où que l’on soit et quoi que l’on fasse, que l’on soit curé, ermite, pèlerin ou prédicateur, on peut aimer Dieu de toutes ses forces et acquérir la plus haute sainteté. L’amour de Dieu s’adapte à toutes les situations et personne n’a le droit de dire : je ne puis pas aimer Dieu.