Premier successeur de S. Dominique à la tête de l’Ordre dominicain
Messe : Os justi
Oraison : « Dieu, qui avez rendu le bienheureux Jourdain admirable par son zèle pour le salut des âmes et le développement de la vie religieuse, faites que nous vivions dans ce même esprit et que nous possédions un jour la gloire du ciel. »
Dominique est le Fondateur, le Patriarche des Prêcheurs. C’est lui qui en eut l’idée première, dans sa plénitude, lui qui la communiqua à ses fils, lui qui, sous l’autorité du Pontife romain, en établit l’organisation pour l’observance intérieure et le gouvernement. Tout l’Ordre, dans ses principes essentiels de pauvreté, d’étude, de pénitence, d’action apostolique, d’administration vient de saint Dominique, mais le Père des Prêcheurs acheva sa course avant de pouvoir en propager et en assurer le développement. Un autre que lui, Jourdain de Saxe, reçut de Dieu l’incomparable mission de répandre l’Ordre, de le multiplier dans le monde entier. C’est, comme le dit l’oraison, sa grâce particulière.
Et quand Dieu confie une mission de cette importance, il donne à celui qui en est chargé les qualités spéciales qu’elle exige.
Jourdain avait un cœur très chaud, ardent. Il possédait ce don de l’amabilité qui captive et entraîne les âmes. Sa parole les emportait d’emblée dans les hauteurs. On ne pouvait lui résister. Et quand il passait, devenu Maître général de l’Ordre, dans les Universités de Paris, de Bologne, de Padoue, les étudiants, avides de l’entendre, se pressaient autour de lui. Il leur disait de si belles choses sur Dieu, sur la prédication dans la science et la pauvreté, il leur montrait un idéal si élevé que l’enthousiasme prenait ses auditeurs et que beaucoup se jetaient à ses pieds pour recevoir l’habit des Prêcheurs. Les belles razzias d’étudiants et de maîtres que fit Jourdain de Saxe ! Il est, à ce titre unique, comme le second fondateur de l’Ordre.
Parole aimable et sainte vie, parole de science et austérité de mœurs, simplicité, pureté d’âme, bonhomie gracieuse, désir ardent du salut des âmes, amour profond de son Ordre, tel se présente cet homme extraordinaire.
On ne peut le fréquenter sans l’aimer. Même quand le devoir le rend sévère, il demeure toujours bon. La bonté déborde de son cœur. Elle fait le charme de son caractère et donne la raison de son influence prodigieuse.
Efforçons-nous de posséder cette bonté prévenante qui va au-devant des misères humaines et n’en repousse aucune ; cette bonté compatissante qui adoucit les douleurs du cœur et fait supporter avec plus de patience les douleurs du corps. « Ma fille, écrivait Jourdain à la bienheureuse Diane, j’ai mal à votre pied. » Elle lui avait dit sa souffrance et le Maître des Prêcheurs la console par cette délicieuse parole. C’est la traduction du mot de saint Paul : qui souffre, sans que je souffre moi-même ? Cette bonté est pénétrante, elle entre dans les âmes au plus profond, elle les transforme, c’est la bonté de Dieu qui rayonne dans le cœur de Maître Jourdain. Qu’elle rayonne dans le nôtre !
Il mourut, sur les côtes de Palestine, dans un naufrage. Mais Dieu glorifia par des prodiges la sainteté de son aimable serviteur.