Vierge et Martyre
MESSE : Dilexisti justitiam
Oraison : « Dieu, notre Sauveur, exaucez-nous, afin que, de même que nous nous réjouissons de la solennité de la bienheureuse Lucie, votre Vierge et Martyre, ainsi nous éprouvions une dévotion plus fervente ».
Lucie est de Syracuse. Noble d’origine, élevée chrétiennement par sa mère, elle la conduisit un jour au tombeau de sainte Agathe pour obtenir la guérison d’une infirmité. « Que me demandes-tu ? lui dit Agathe dans une vision lumineuse, demain tu pourras accorder toi-même cette faveur à ta mère. » C’était lui annoncer le martyre.
En effet, Lucie fut arrêtée peu après. Devant ses juges, devant les idoles que l’on voulait lui faire vénérer, elle ne cessa point de redire les louanges du Christ. En un jeu de mots cruel que la langue française ne peut rendre, le juge lui dit : c’est bon ! mais les paroles cesseront quand viendront les coups – cessabunt verba cum ventum erit ad verbera. – Lucie répliqua, sûre de Dieu : « La parole ne manquera jamais aux serviteurs de Dieu, car leur parole est celle de l’Esprit-Saint qui parle en eux ». Intéressé et narquois, le juge lui dit : « L’Esprit-Saint est-il en toi ? – Ceux qui vivent dans la chasteté et la piété, répondit Lucie, ont en eux l’Esprit-Saint. – Je vais te faire conduire en un lieu où !’Esprit-Saint te laissera. » Intrépide, Lucie répliqua : « Si tu me fais violer malgré moi, j’aurai une double couronne de pureté. » Ordre est donné par ce juge pervers de conduire Lucie en un mauvais lieu. Mais la force de l’Esprit-Saint parut aussitôt : « Lucie, épouse du Christ,dit une antienne, tu es une colonne inébranlable ! » En effet, il ne fut possible à personne de la faire bouger de place. Ce que voyant, le juge, rempli de fureur, la fit poignarder.
Lucie mourut de ce coup de poignard dans la gorge. Mais auparavant, elle put prédire que l’Église aurait bientôt la paix. Elle vint rapidement par la mort de Dioclétien, qui ouvrit les voies à l’avènement de Constantin.
Ces brèves et fortes, répliques de la glorieuse martyre sont émouvantes. Elle n’a point peur. Elle est sûre de Dieu. Elle affronte ses juges. L’amour pour le Christ Jésus l’emporte très haut au-dessus de cet attirail justicier. Elle cite à ces païens les paroles vengeresses du Christ. Lui aussi eut ses juges et il n’en fut point effrayé.
Nous ne sommes que des peureux, en face de tant de vaillance. Qui de nous, devant la tentation mauvaise, est toujours « une colonne inébranlable » ? Si elle ne tombe point, c’est que Dieu y met la main. Mais que de fois elle chancelle !
Lucie, Luce, par ce nom qui parle de lumière, est devenue la protectrice des yeux, « ces deux lumières » qui éclairent la face de l’homme. Mais elle est plus encore la protectrice de la lumière de l’âme, qui est la foi.