En 1854, le Pape Pie IX proclamait le dogme de l’Immaculée Conception de la très sainte Vierge Marie.
Quatre ans après, précisément le 11 février 1858, la très sainte Vierge apparaissait à une enfant, pauvre, simple, pieuse, dans une grotte, le long du Gave, à Lourdes. Cette enfant s’appelait Bernadette. La Dame était belle, vêtue de blanc, avec une ceinture bleue, les pieds nus ornés chacun d’une rose. Son visage resplendissait de lumière et de joie. L’enfant, surprise, apprit d’elle à dire son chapelet, car la Dame portait un rosaire pendu à sa ceinture. Et c’était chose touchante d’entendre la Vierge Marie réciter avec l’enfant : Je vous salue, Marie, pleine de grâce.
La Vierge de Lourdes est une Vierge du Rosaire. Mais elle avait un autre but. A l’enfant qui un jour lui demanda son nom, la Dame répondit, les yeux levés au ciel : je suis l’immaculée Conception.
C’était la réplique officielle de la très sainte Vierge à Pie IX.
Elle demanda, de plus, que les prêtres bâtissent une église en son honneur, au lieu même de son apparition, et que le peuple chrétien y vînt en pèlerinage. Une source jaillit à sa voix, qui devait guérir et consoler tant d’infirmités.
Malgré l’opposition des incrédules, malgré leurs railleries et leurs menaces, les foules accoururent à Lourdes et bientôt s’éleva, dans ce site merveilleux des Pyrénées, au-dessus de la grotte où la Vierge immaculée avait posé ses pieds, une église svelte, gracieuse, qui rappelle par sa légèreté même la suavité de l’Apparition. Depuis, une autre église, qui en est comme la crypte, fut construite en l’honneur du saint Rosaire.
Depuis, également, un pèlerinage national de France alla tous les ans à la grotte de Lourdes remercier et prier la Vierge Immaculée. Pèlerinage qui amène à ses pieds toutes les infirmités humaines, infirmités d’âme et de corps, souvent guéries, consolées par la bonté maternelle de Marie. Chacun sait ce que sont ces grandioses pèlerinages, inaugurés en 1872, développés depuis, couronnés par cette procession du Saint-Sacrement qui circule entre deux haies de malades. C’est Jésus de Nazareth qui passe, comme autrefois et, à la prière de sa Mère, répand autour de lui ses bénédictions et ses pardons. Mais tous ne savent pas que le premier pèlerinage national à Lourdes, est une œuvre exclusivement dominicaine.
C’est à Pernand, chez Madame de Blie, tertiaire dominicaine que M. l’abbé Chocarne, curé de Saint-Nicolas de Beaune, frère de notre très cher Père Chocarne, élabora avec elle ce grand projet. Il s’agissait, par ce pèlerinage de la France à Lourdes, d’obtenir de la Sainte Vierge, après nos défaites, la résurrection de notre pays.
Ce pèlerinage conçu, organisé par l’abbé Chocarne, son frère, Madame de Blie et les Dominicains eut lieu à Lourdes en 1872. C’est le premier de tous. L’Ordre y eut la première place. Il fut splendide. Il suffit d’en lire les relations officielles dans l’ « Année Dominicaine », de cette année pour en mesurer l’importance. Le silence gardé — pour quel motif ? — sur ce premier pèlerinage national, dans les fêtes de son cinquantenaire, en cette année 1922, ne peut en aucune manière ni atténuer ni détruire ce qui est la vérité. 11 est bon qu’on le sache.
Messe
Introït : « J’ai vu la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, descendant du ciel sur l’ordre de Dieu, parée, ornée comme une épouse pour la joie de son époux. — Mon cœur a une parole gracieuse à dire : au Roi je dis toutes mes œuvres. »
La parole gracieuse de la Vierge était la fondation sur ce coin de France de « la cité sainte », cette Jérusalem nouvelle, la sienne, et elle l’a voulue radieuse, parée comme une jeune fiancée. Elle a dit : je veux une église, on la lui a bâtie ; je veux qu’on vienne m’y visiter, souvent, je veux du monde dans ma ville, on y est allé, on y va. La Reine Immaculée a sa cour, elle a son triomphe, et du ciel, elle sourit à ceux qui viennent auprès d’elle, en sa Jérusalem. Elle leur montre son Fils, celui dont la vue remplit le ciel d’allégresse, et sur ses pas il sème l’allégresse de la terre.
Oraison : « Dieu, qui avez préparé à votre Fils une habitation digne de lui par la Conception Immaculée de la Vierge, faites, nous vous en supplions que, en célébrant l’Apparition de cette même Vierge, nous obtenions le salut de l’âme et du corps. »
Les deux grâces de Lourdes. L’Immaculée n’oublie rien ; les infirmités de l’âme, les infirmités du corps, elle les montre toutes à son Fils afin qu’il ait pitié de toutes.
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean, c. 11- 12 : « Le temple de Dieu dans le ciel s’ouvrit et au milieu du temple, on vit l’Arche d’Alliance. Et il y eut des tonnerres, des éclairs, des tremblements de terre, une chute énorme de grêle.
Et un grand signe apparut dans le ciel : c’était une femme, dont le soleil était le vêtement. Elle avait la lune sous ses pieds et sur la tête une couronne de douze étoiles. Et j’entendis dans le ciel une voix forte qui disait : Maintenant, salut, puissance, empire de notre Dieu, puissance de son Christ, tout est fait. »
En effet, l’œuvre de Dieu est accomplie, la grande œuvre du salut du monde. Elle atteint en la glorification de la Vierge sa suprême perfection. Cette femme que le soleil divin enveloppe de ses rayons, qui met son pied vainqueur sur toute imperfection du temps, de la matière et de l’esprit symbolisée par la lune ; qui a le front ceint d’un diadème étincelant de douze étoiles, signe lumineux de ses vertus, cette femme qui règne en souveraine au-dessus de toutes les créatures visibles et invisibles est le chef-d’œuvre du salut par Jésus-Christ, Fils de Dieu, son Fils. Rien ne peut être plus grand, plus beau, que Dieu seul. En elle et par elle, le règne de Dieu est établi à jamais, en elle et par elle la puissance du Christ a sa plénitude.
Graduel : « Les fleurs se montrent sur notre terre, le temps de tailler la vigne est arrivé, on entend la voix de la tourterelle. Lève-toi, mon amie, ma toute belle, et viens, ma colombe, toi qui te caches dans les trous de la pierre, dans le creux de la roche. »
Alléluia, alléluia : « Montre-moi ton visage, que ta voix résonne à mes oreilles, car ta voix est douce et ton visage est ravissant. Alléluia. »
Au Temps de la Septuagésime : « Tu es la gloire de Jérusalem, la joie d’Israël, l’honneur de ton peuple. — Tu es toute belle, ô Marie, en toi, il n’y a pas de tache originelle. — Heureuse toi, Sainte Vierge Marie, et digne de toutes les louanges, toi, qui de ton pied virginal a écrasé la tête du serpent. »
Mère de Dieu, votre visage est beau, votre voix est douce ! Montrez-nous votre visage, faites- nous entendre votre voix. Elle l’a montré son visage et Bernadette l’a contemplé, ravie ; Elle a parlé, et sa voix avait tant de douceur que l’enfant ne se lassait pas de l’entendre. Si belle et si douce, dans la grotte de Massabielle, comme la colombe dans le creux de la roche. Et depuis, sans la voir de ses yeux, on la voit de son cœur ; sans l’entendre de ses oreilles, on l’entend de son âme. Son beau visage est toujours penché sur la grotte, et sa douce voix parle sans cesse à tous ceux qui l’approchent. Restez avec nous, Sainte Mère de Dieu, ne nous quittez pas. Nous avons tant besoin de votre sourire !
Évangile selon saint Luc, c. 2 : « En ce temps-là, l’Ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d’une vierge fiancée à un homme, nommé Joseph, de la maison de David et le nom de la vierge était Marie. L’Ange entra près d’elle et lui dit : Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes. En l’entendant, elle fut troublée par cette parole et elle se demandait à elle-même ce que voulait dire ce salut. Et l’Ange lui dit : Ne craignez pas, Marie, vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez dans votre sein, que vous enfanterez un fils et vous l’appellerez Jésus. »
Le joyeux message ! Je vous salue, pleine de grâce. Gabriel est ravi de la beauté intérieure de Marie, il sait qu’elle est la plus proche de Dieu, au-dessus de toutes les créatures et son être tout entier en est dans l’admiration. Il lui annonce la grande nouvelle, la nouvelle divine, l’unique nouvelle, qui domine toutes les autres. Vous aurez un Fils, le Fils de Dieu qui, naissant réellement de vous comme homme, sera, également votre Fils. Vous l’appellerez Jésus.
C’est la première fois qu’au ciel et sur la terre, le Nom le plus grand, le seul Nom qui par lui- même, sauve, rend gloire à Dieu, et réjouit tous les êtres, est prononcé. Jésus ! L’ange avait dit avant : Marie ! nous avons les deux noms de vie, les deux noms d’amour, Jésus, Marie, et un troisième nom est prononcé, Joseph. Jésus, Marie, Joseph, la Trinité de la terre.
A Lourdes on chante sans cesse : Je vous salue, Marie ! Sans cesse on répète à la Mère de Dieu le salut de sa joie infinie. Elle l’a voulu, elle l’a demandé. Le Rosaire a repris à Lourdes toute sa fécondité de louange et de supplication. Redisons sans nous lasser : Je vous salue, Marie, et sans se lasser, la Mère de Dieu nous montrera son beau visage et nous fera entendre sa voix très douce.
Offertoire : « Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, Vous êtes bénie entre toutes les femmes. »
Secrète : « Que la victime de louange, que nous vous offrons, Seigneur, par les mérites de la glorieuse et Immaculée Vierge Marie, vous soit en suave odeur et nous obtienne la santé désirée du corps et de l’âme. »
Communion : « Tu as visité la terre, et tu l’as enivrée de joie, tu l’as comblée de richesses. »
C’est l’œuvre de Notre-Dame de Lourdes. Elle a visité la terre, et, en la visitant, elle l’a enivrée de joie et l’a comblée de richesses. Partout où passe la très Sainte Vierge, partout où son sourire se repose, la joie déborde. Elle est mère et source de toute joie. N’a-t-elle pas donné au monde Jésus, l’unique joie ? Et avec lui, elle donne toutes les richesses de Dieu, elle déverse sur nos misères la bonté de Dieu. Elle est à elle toute cette bonté, et elle la donne à plein cœur.
Postcommunion : « Que la main de votre Mère Immaculée relève, Seigneur, ceux que vous avez rassasiés du céleste aliment, afin que, soutenus par elle, nous méritions d’arriver à la patrie éternelle. »
Nous sommes portés vers Dieu, vers le ciel bienheureux, par la très Sainte Vierge comme la mère porte son enfant sur ses bras. C’est elle qui nous soutient, elle qui nous dirige, elle qui veille sur nos pas, elle qui nous relève, elle qui à l’heure suprême, nous donne le baiser du revoir. Quelle joie pour elle de nous recevoir dans ses bras et pour nous de lui dire : Merci, merci !