Mai 30

Mythe laïc de l’État « neutre » : l’aveu d’un haut initié

Tomáš Garrigue Masaryk (1850–1937)

– Qui t’attaque ? – Personne !

Ulysse a prétendu s’appeler « Personne ». Son ennemi, Polyphème, répond donc bêtement : « Personne ! » quand on lui demande qui l’attaque. Et cela ridiculise tous ses appels à l’aide.

La franc-maçonnerie a repris la même ruse. Les États dont elle s’empare ne se déclarent jamais ouvertement « maçonniques ». Ils se prétendent « neutres » ou « laïcs ». Si l’on demande qui persécute l’Église, la réponse est toute prête : « la neutralité », c’est-à-dire Personne ! Et c’est la même « neutralité » – toujours Personne ! – qui endoctrine les élèves de l’« Éducation nationale » totalitaire.

Le mythe de l’État « neutre »

La ruse de l’État « neutre » – présenté comme une pure machine administrative, libre de tout principe métaphysique ou religieux et se contentant de gérer le pays en laissant chaque citoyen penser comme il veut – est un pilier essentiel de la dictature maçonnique. Un de ses mythes fondateurs.

Mais les maçons ne savent pas toujours tenir leur langue. Ils sont tellement persuadés d’avoir gagné qu’ils livrent assez facilement ce secret. Vincent Peillon, ministre de l’Éducation de 2012 à 2014, déclarait sans se cacher que la Laïcité est une religion. Son prédécesseur René Viviani avait déjà avoué que la neutralité est un « mensonge nécessaire ». Et un autre grand initié, T. G. Masaryk, a clairement montré que l’État « laïc » moderne veut tout simplement prendre la place de l’Église.

Un franc-maçon bien renseigné

Le Frère Thomas Garrigue Masaryk (1850-1937) n’est pas n’importe qui. Il y a un siècle – durant la guerre de 1914-1918 – il répétait à qui voulait l’entendre que le principal but de la guerre mondiale était « le démembrement de l’Empire des Habsbourg ». Cet homme bien renseigné devint le premier président de la très maçonnique (et très artificielle) « république tchécoslovaque », essentiellement anti-autrichienne.

Avant de lire son texte, précisons que Masaryk, en bon maçon, emploie certains mots à contre-sens.

La chrétienté médiévale – qui distinguait très soigneusement le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel – est nommée par lui « théocratie ». En face, le régime qui veut confondre les deux pouvoirs et les réunir en une seule main est, dans son vocabulaire, « non théocratique ». Mais ce langage codé (que La Harpe avait déjà repéré en 1794, et qualifié de « langue inverse ») n’empêche pas de comprendre ce qu’il veut dire.

L’aveu de Masaryk : un État « chargé des fonctions de l’Église »

Au-delà des mots, c’est la réalité qui importe. Dans la citation qui suit, laissons donc de côté le grand mot piégé « théocratie ». Méprisons comme elle le mérite l’attaque polémique contre l’« État médiéval servus Ecclesiæ ». Et voyons de près quel est ce fameux État démocratique moderne imposé dans le monde entier par la franc-maçonnerie.

Un État neutre ? Libre de toute idéologie ? Au contraire ! Masaryk l’avoue carrément : l’État « laïc » s’est « chargé des fonctions de l’Église » et les a même « étendues et multipliées » :

L’État démocratique est un État nouveau. Les théoriciens l’ont défini et caractérisé de toutes sortes de façons : on le nomme constitutionnel, […], légal, bureaucratique, économique, culturel ; toutes ces définitions ont quelque chose de juste. Mais ce qui fait que l’État démocratique est nouveau, c’est que ses fins et son organisation procèdent d’une nouvelle conception du monde, d’une conception non théocratique. Voilà la nouveauté. L’État moderne a pris les fonctions de la théocratie, surtout de l’Église, et c’est par là qu’il est un État nouveau.

L’État d’autrefois ne s’occupait ni de l’École ni de la culture des esprits ; toute l’éducation de la société était dirigée et donnée par l’Église ; au contraire l’État nouveau a, pas à pas, pris la charge de tout l’enseignement. Comme la Réforme, l’humanisme et la Renaissance avaient fait naître une morale et une moralité nouvelles, laïques, l’État a repris à l’Église aussi la charité, pour la transformer en législation sociale.

En face de l’État moderne, l’État d’autrefois était fort peu de chose ; je dirais volontiers qu’il ne pensait pas ; l’Église pensait pour lui. Si, sous la théocratie, la philosophie (scolastique) était ancilla theologiæ, le vieil État médiéval était servus Ecclesiæ. En se laïcisant, l’État a dû commencer à penser. Il s’est chargé des fonctions de l’Église, il les a étendues et multipliées. C’est pour cela qu’il est un État nouveau et démocratique.

Thomas Garrigue MASARYK,
La Résurrection d’un État, souvenirs et réflexions,
Paris, Plon, 1930, p. 435.

On ne peut être plus clair : l’État laïc n’est pas seulement (comme il le prétend) un État séparé de l’Église. C’est l’État qui se prend pour l’Église. Ce qui est d’ailleurs logique, dans la religion de l’homme qui se prend pour Dieu. La laïcité est une imposture.