Une première partie, L’islam jugé à sa racine, a donné le jugement de l’historien : l’islam a un gros problème de cohérence historique, car il reconnait Jésus comme le Messie, il invoque même son autorité, mais il refuse son enseignement. L’islam se contredit donc lui-même, et c’est le premier dilemme des musulmans : un dilemme historique. – Voici maintenant un autre point de vue : celui de la morale (car toute religion doit être jugée d’après ses fruits : le type d’homme et de société qu’elle produit).
L’islam, venu après le christianisme, a présenté un idéal moral et social de beaucoup inférieur. L’évidence de cette vérité est si grande qu’il suffit de signaler en quelques mots les différences des deux religions pour que toute contestation soit impossible.
Deux morales bien différentes
1. Le mariage et la famille
Prenons d’abord la loi du mariage et de la chasteté :
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2. Le paradis |
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3. L’esclavage |
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4. Violence et pillage |
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L’islam est inférieur, tout en étant postérieur.
Cette comparaison, que nous pourrions prolonger, suffit pour montrer que l’islam, venu après le christianisme et s’en déclarant l’adversaire, ne saurait être une doctrine divine.
Si l’islam était plus ancien, s’il avait paru au temps de Moïse, la question serait plus douteuse. On pourrait dire en effet qu’il y a dans l’Ancien Testament un certain nombre d’usages tolérés chez les patriarches, tels que la polygamie et le concubinat des esclaves, et que Jéhovah donne à son peuple pour apanage les terres conquises sur les Chananéens. Ce n’est pas ici le lieu d’expliquer comment ces faits qui nous étonnent peuvent être conciliés avec les attributs divins qui nous sont clairement révélés dans les mêmes livres de l’Ancien Testament. Il s’agissait évidement d’un état social primitif et barbare, dans lequel existaient des coutumes qui choquent nos mœurs plus civilisées et surtout nos mœurs chrétiennes, et que Dieu a pu tolérer dans une mesure qu’il nous est difficile de bien comprendre.
Il serait possible aussi de montrer qu’il y a encore loin des faits difficilement explicables de l’Ancien Testament, au cynisme de mœurs et à la sauvagerie qui apparaît dans l’islam du vivant même du fondateur.
Mais ce n’importe pas à notre question. L’islam n’est pas né au temps d’Abraham, il est né en l’an 622 de l’ère chrétienne, en face du christianisme et en présence de ses exemples.
Dilemme moral pour le musulman
Dès lors, si l’on voulait attribuer à l’islam une origine divine, on pourrait poser ce dilemme : ou le christianisme directement opposé à l’islam est divin de son côté, ou c’est une œuvre humaine.
- Si le christianisme est divin, il y aurait donc deux religions divines opposées, l’une prêchant la chasteté, l’autre permettant les mœurs que nous avons décrites ; l’une prêchant la patience et la douceur de ses martyrs, l’autre ordonnant la propagation de la vérité par le sabre : Dieu se contredisant lui-même.
- Si d’autre part on considérait l’islam comme divin et le christianisme comme une œuvre humaine, ce serait alors l’homme qui prêcherait la chasteté, l’indissolubilité du mariage, la patience, le mépris des richesses, et ce serait Dieu qui, par son prophète, autoriserait les hommes à se livrer à leurs passions sensuelles et à leur cupidité.
Nous pouvons aller plus loin encore et dire que l’idéal musulman, si tant est que ce nom soit applicable à une doctrine si basse, est encore inférieur à l’idéal purement humain du brahmanisme et du bouddhisme. C’est donc une folie et presque un blasphème d’attribuer à Dieu une telle religion.
Un proverbe du Moyen Age, attribué à Averroès, et répété par les rationalistes de l’époque, exprimait sur l’islam, vu de près, un jugement plus sévère encore que celui que nous venons de porter. Ce proverbe est la critique des trois grandes religions seules connues alors. Le christianisme, disait-on, est une religion impossible à cause de ses mystères, le judaïsme une religion d’enfants, l’islam une religion de pourceaux [1] . Le mot est dur, mais le proverbe pourrait presque être admis par les chrétiens. Car en disant que leur religion est impossible, on dit implicitement qu’elle est divine, puisqu’elle existe, et que ce qui est impossible aux hommes n’est possible qu’à Dieu.
D’après Paul de BROGLIE (1834-1895),
Problèmes et conclusions de l’histoire des religions,
Paris, 1885, p. 221-225.
[1] — Cité par Ernest RENAN, Averroès, 2e partie, ch. 2, § 15.