par le Père Georges Bellanger
Remarquez, mes amis, que lorsque Dieu eut fermé à l’homme pécheur le paradis terrestre, sa miséricorde lui en ouvrit immédiatement un autre. Écoutez Dieu parlant au démon, probablement en présence des deux coupables : « Je placerai l’inimitié entre toi et la femme, entre ta race et la sienne ; elle t’écrasera la tête, et tu chercheras à la mordre au talon. »
Quelle est cette femme ? C’est le nouveau paradis terrestre, je dis paradis terrestre, parce que l’homme retrouve en Marie la joie et le bonheur qu’il aurait goûté au premier paradis terrestre, et une joie et un bonheur bien plus grands, quoique d’un genre différent.
Savez-vous quelle est la cause de toutes les tristesses de l’homme sur la terre ? C’est la peur… L’homme est malheureux depuis son péché, parce qu’il a peur. Si l’homme n’avait pas peur, il ne serait pas malheureux. L’homme n’aurait pas peur, s’il connaissait davantage son paradis terrestre, la très sainte Vierge Marie, cause de notre joie !
L’homme pécheur a peur de tout… Il a peur de son Dieu, un ami, un père… Il a peur de Satan, son ennemi… Il a peur de la croix, que j’appellerais volontiers l’arbre de vie, puisqu’elle porte le bon Dieu… Il a peur de la mort, qui n’est après tout que la suprême délivrance…
- L’homme a peur de Dieu depuis le péché, parce qu’il se sent pécheur, parce qu’il sent qu’il a affaire à un maître et à un juge souverain. L’homme n’aurait point peur de Dieu, s’il allait le voir dans son paradis terrestre, la Vierge Marie.
Dans ce paradis terrestre, Dieu reste Dieu, c’est-à-dire le maître et le juge souverain, mais là, il n’a plus rien de terrible. Il nous apparaît dans les bras de Marie, dans l’extérieur d’un petit enfant d’une beauté ravissante qui sourit et qui pleure, qui nous ouvre ses bras, si petits et si grands, pour nous accueillir et nous bénir.
- Le démon fait peur à l’homme, et tellement peur qu’il le décourage, qu’il lui enlève toute son énergie. J’ai rencontré souvent des pauvres âmes de jeunes gens mille fois les victimes de Satan, tellement ses victimes qu’elles se résignaient à vivre sous son joug.
L’homme n’aurait point peur du démon, s’il se trouvait auprès de Marie, son paradis terrestre, car cette bonne Mère lui dirait : Regarde, sous mon pied, ton ennemi, n’aie pas peur, il ne bouge pas ! Reprends courage, bientôt tu remporteras toi-même, sur ce grand orgueilleux, une grande victoire.
- La croix fait peur à l’homme, j’entends par la croix, toutes les souffrances de la vie : les souffrances du corps, du cœur, les douleurs de 1’âme…
L’homme n’aurait pas peur de la croix, si, dès qu’il la rencontre, il se réfugiait par la prière, dans son paradis terrestre, dans le Cœur de Marie, où a été planté, pour la première fois, la croix, c’est-à-dire l’Arbre de vie.
- Enfin la mort est pour l’homme une heure d’angoisses épouvantables, s’il est éloigné du paradis terrestre ; au contraire, si la sainte Vierge se trouve là, il meurt en souriant, il meurt en chantant ; la porte du ciel n’est pas loin.
Mes amis, la sainte Vierge, c’est le paradis terrestre de l’homme, c’est la vraie cause de notre joie.
Père Georges Bellanger (1861-1902)
[sur le Père Georges Bellanger, voir le dossier dans le Sel de la Terre 42]