Le 8 octobre 1922, le ministre Poincaré déclarait :
La France est une grande nation musulmane ; elle a été loyalement défendue, pendant la guerre, par des centaines de mille de soldats mahométans ; beaucoup d’entre eux se sont fait tuer pour elle. C’est un fait que nous n’avons pas le droit d’ignorer.
Au même moment la persécution anticatholique menée par la Troisième République bat son plein. (Après la trêve d’union sacrée durant la guerre de 1914-1918, la lutte de l’État maçonnique contre l’Église a été relancée dès le 20 août 1919 par Aristide Briand).
L’abbé Jean-Marie DESGRANGES (1874-1958) commentait :
La République Française a toujours tenu compte des croyances de ses sujets musulmans ; elle s’est efforcée d’entourer le chevet de ses malades, de ses blessés, des consolations mahométanes ; elle a construit pour eux, en Algérie, des Médersas, où des professeurs rétribués par l’État, enseignent la théologie et le droit musulmans ; elle vient d’édifier, à Paris, sur un rapport chaudement favorable de M. Herriot, un Institut musulman, pourvu d’une mosquée ; […] lorsque s’organisent les grands pèlerinages traditionnels à La Mecque, elle donne au gouverneur général de l’Algérie l’ordre de saluer, en son nom, la foule des pèlerins. […]
Lorsque, l’an dernier, je parcourais l’Algérie et que je surprenais, à chaque instant, ces témoignages de déférence prodigués à la foi musulmane, lorsque je visitais la Médersas d’Alger, sorte de séminaire bâti et entretenu aux frais de la République, malgré tout, mon cœur éprouvait une douloureuse mélancolie.
Si j’étais Algérien, pensais-je, si j’étais le descendant de ces pirates qui écumèrent, le long de l’histoire et jusqu’au début du 19e siècle, les rives de la Méditerranée, qui emportaient sur leurs galères rapides, à la suite d’audacieuses razzias, les jeunes gens, les enfants, les femmes de nos ports du Midi, qui réduisaient à un abominable esclavage Cervantès et Vincent de Paul, les politiques laïques de la troisième République témoigneraient à ma foi religieuse toutes sortes d’égards.
Mais je ne suis qu’un Français de France, fils de père et de grands-pères qui ont supporté toutes les charges publiques, enrichi, par leur labeur, notre domaine national, donné leur sang dans de rudes guerres défensives, comme j’ai versé le mien : je n’ai pas droit à ce respect !
Cité dans Abbé Jean-Marie DESGRANGES,
Vingt ans de conférences contradictoires, t. II, p. 192-193.
Sur le rapport entre religion laïque et religion islamique, voir le tract Laïcité – Islam.