Un lecteur nous transmet un texte intitulé « Écône 27 juin 1991 : Déclaration des quatre évêques catholiques sacrés par Mgr Lefebvre le 30 juin 1988 au sujet d’un sacre épiscopal à Campos (Brésil) — et documents annexes » en l’accompagnant de ce commentaire :
La consécration épiscopale de Mgr Faure me semble être bien plus comparable à celle de Mgr Rangel en 1991 qu’à celle des Évêques de la Fraternité en 1988. Le document ci-joint montre à l’évidence que Mgr Williamson agit en 2015 exactement comme les quatre évêques en 1991 et pour des raisons très similaires.
Après les décès de Mgr Lefebvre et de Mgr de Castro Mayer, les 4 évêques de la Fraternité auraient pu très facilement assurer les ordinations, les confirmations et donner les Huiles saintes aux prêtres de Campos. La situation actuelle pour les « prêtres de la résistance » est comparativement plus difficile. Ne pouvant plus recourir au ministère épiscopal de la FSPX, les Communautés religieuses, les prêtres, les fidèles qui se trouvent en désaccord avec Mgr Fellay, se trouveraient contraints de recourir au ministère soit d’évêques modernistes « dont les sacrements sont tous douteux » soit d’évêques sédévacantistes à la succession apostolique plus ou moins fiable, et qui leur refuseraient leur ministère pour crime d’ « una cum ».
Le fait que la FSPX puisse devenir infidèle à sa mission et se compromettre avec la Rome néo-moderniste est certes un sujet d’inquiétude, de crainte, mais cette chute possible, si elle peut arriver (qui est assuré de sa propre persévérance ?) peut aussi, avec la grâce de Dieu, ne jamais se produire. En revanche il y a un mal déjà présent qui consiste dans la privation du ministère épiscopal pour un nombre non négligeable de prêtres, de candidats au sacerdoce, d’enfants et d’adultes à confirmer et à extrémiser.
Ainsi donc c’est la nécessité dans laquelle se trouvent un nombre important de fidèles qui, à mon sens est la meilleure justification en 2015, comme en 1991, de la décision de Mgr Williamson de transmettre l’épiscopat, d’autant plus que Mgr avance en âge et ne peut circuler librement dans tous les pays.
A ce commentaire, ajoutons trois autres réflexions :
- — Dans leur déclaration du 27 juin 1991, les quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie X expliquent leur devoir de sacrer un « un évêque qui prêchât la foi catholique et en garantît la protection par les sacrements de l’Ordre et de Confirmation que seul un évêque peut administrer validement. » Dans son communiqué du 19 mars 2015, Menzingen dit qu’un sacre dans une telle situation de nécessité a pour « seul but de permettre aux fidèles de recevoir les sacrements par le ministère des prêtres qui seraient ordonnés par ces évêques », oubliant le but premier concernant la prédication et la protection de la foi. Un évêque supplémentaire, prêchant librement la foi catholique, ne sera pas inutile, d’autant que depuis le début des discussions doctrinales (2009) on remarque chez les autorités supérieures de la Fraternité Saint-Pie X une baisse dans la condamnation des erreurs et des fauteurs d’erreurs– par exemple concernant le pape François qui, depuis deux ans déjà, répand les pires erreurs dans l’Église [1].
- — On lit aussi dans ce texte que « l’“Église conciliaire”, désormais répandue universellement, diffuse des erreurs contraires à la foi catholique et, en raison de ces erreurs, a corrompu les sources de la grâce que sont le saint Sacrifice de la Messe et les sacrements. Cette fausse Église est en rupture toujours plus profonde avec l’Église catholique [2]». Or, depuis 2012, Menzingen rejette cette utilisation de l’expression « d’Église conciliaire » au sens d’une « fausse Église est en rupture toujours plus profonde avec l’Église catholique » et condamne ceux qui continuent de défendre cette opinion, qui fut pourtant la sienne et celle de tous les traditionalistes de 1976 à 2012.
- — Pour le sacre de Campos, les évêques de la Fraternité n’ont pas tenté auprès de Rome une démarche pour obtenir une autorisation, ni n’ont averti spécialement la presse : Menzingen est donc mal placée pour reprocher ces deux points à Mgr Williamson.
Texte des quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie X du 27 juin 1991
[1] Voir les « Nouvelles de Rome » dans Le Sel de la terre, ou le livre L’Étrange pontificat du pape François
[2] Mgr Lefebvre, lettre à Mgr de Castro Mayer 4 décembre 1990